Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Troubles de l'alimentation

Le sucre affecte-t-il la sérotonine et le glutamate présents dans le cerveau?

Je ne sais pas, mais selon moi la réponse est non. Outre une éventuelle augmentation de l’énergie qui ne serait pas spécifique à un système transmetteur, je ne vois pas comment une composante du sucre pourrait affecter le cerveau.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
 

Existe-t-il un lien entre l’abus d’alcool ou de drogues et la consommation de sucre, comme les héroïnomanes qui, lorsque leur dose est insuffisante, se jette sur le sucre?

L’une des principales substances chimiques du cerveau responsable de la récompense et de l’accoutumance est la dopamine. Les joueurs compulsifs présentent une déficience en dopamine tout comme les personnes qui abusent des drogues. De la même manière, l’hyperphagie semble influer sur le niveau de dopamine. Une consommation élevée de sucre pourrait avoir les mêmes effets. Les gens disent toujours : «Qu’est-ce qui ne va pas chez moi? Je suis accro au sucre, c’est plus fort que moi». Ce n’est pas vrai. C'est parce qu'elles ont ont évité le sucre et les hydrates de carbone de façon chronique qu'elles sont ensuite incapables de se contrôler. C'est tout à fait normal !
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Lorsque des personnes atteintes d’anorexie se regardent dans un miroir, se voient-elles grosses?

Il s’agit en réalité d’un des mythes de l’anorexie. Les gens disent : «Qu’est-ce qui ne va pas chez elle? Ne voit-elle pas qu’elle est mince?» Mais dans des cas extrêmes, les patients ont une image déformée de leur corps, mais cela arrive uniquement dans des cas extrêmes, lorsque qu’ils sont si dénutris que leur cerveau ne fonctionne plus correctement. J’ai appris de mes patients qu’ils vivent dans une incertitude terrible : c’est comme s’ils se sentaient bien un moment, gras le moment suivant, puis trop minces un instant plus tard. Ils ne sont jamais sûrs; c’est pourquoi il leur si facile de basculer à la vue d'une frite ou deux. La seule métaphore qui me vienne à l’esprit est la suivante : imaginez que je vous emmène sur le toit d’un immeuble et que je vous place au centre afin que vous sentiez en sécurité, loin du bord. Mais si je fais la même chose en vous bandant les yeux et que je vous demande de faire quelques pas, vous pouvez imaginer à quel point cela pourrait être effrayant. C’est exactement ce que ressent une personne atteinte d’anorexie concernant son poids. Elle sait peut-être qu’elle est mince mais ne sait pas quand elle commencera à grossir. Et elle ne veut pas que cela arrive.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Comment trouver l’équilibre entre un physique agréable et un corps en santé?

Il existe un processus naturel qui se produit et qui va vous donner espoir: avec l’âge, nous avons tendance à prendre du poids. En vieillissant, nous sommes de moins en moins satisfaits de notre corps et plus particulièrement en fonction de certaines normes sociales qui définissent le «beau corps». Mais nous consacrons également de moins en moins de temps à notre image corporelle. Et celle-ci se détériore plus rapidement que notre satisfaction. Si vous vous sentez malheureux, gardez espoir : finalement, cela n’aura plus d’importance!

Ce problème comporte aussi un autre aspect très important qui est que nous vivons dans une société obsédée par le corps. Nous devons tous procéder à une introspection et questionner les valeurs que nous  rattachons à la minceur. Les cliniciens, les parents et les jeunes enfants doivent faire cette recherche. Nous devons également faire des efforts pour mettre en place des initiatives sociales. Les programmes de prévention d’Eric Stice, par exemple, poussent le gens à se poser les questions suivantes : «Pourquoi est-il si important d’être mince?» et «Pourriez-vous imaginer un autre critère d’attirance que la minceur?» Je le peux, et je suis convaincu que vous en êtes tous capables. Mais pour cela, nous devons remettre nos croyances en question.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Est-il vrai que les personnes qui souffrent d’anorexie ont un niveau de cholestérol élevé?

Oui, cela peut être vrai. Lorsque c’est le cas, mes patients sont choqués. Ils disent : «Comment puis-je avoir un taux de cholestérol élevé en mangeant une branche de céleri ou des carottes?» C’est parce qu’en réalité, lorsque vous êtes en état de malnutrition, votre corps modifie la façon dont il transforme la graisse (sa propre graisse), ce qui donne l’impression d’avoir un taux de cholestérol élevé. C’est un peu ce qui arrive aux alcooliques qui souffrent de stéatose hépatique. La solution à ce problème est paradoxale: il faut manger plus, ce qui n’est pas habituel pour faire baisser son taux de cholestérol.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Si je suis satisfaite de mon corps pendant l’adolescence, y a-t-il un risque que je devienne anorexique ou boulimique en vieillissant ?

J’aimerais croire qu’une solide confiance en votre image corporelle vous prémunissent contre le développement d’un trouble de l’alimentation. J’espère que vous ne traverserez aucune expérience susceptible d’ébranler cette capacité à vous sentir bien dans votre peau même si vous n'êtes pas parfait. Cependant, même si nous les considérons comme des problèmes qui surviennent pendant la jeunesse ou l’adolescence, il arrive parfois que nous voyions tout de même des troubles de l’alimentation se développer plus tardivement. Si je vous demande de penser à une personne anorexique, quel est le stéréotype qui vous vient à l’esprit? Treize ans, quatorze ans? Vous savez, les troubles de l’alimentation surviennent surtout à l’âge adulte, et sont majoritairement constatés vers 28 ans. Nous les voyons même apparaître chez des femmes de 40 ou 50 ans. Mais oui, avoir une image saine de son corps pendant l’enfance est très important. Dans ce domaine, il existe de très bons programmes qui favorisent la prévention chez les jeunes en les poussant à remettre en question la valeur qu’ils accordent à la minceur et au poids. Il a été démontré qu’un programme très court de ce type réduit substantiellement le risque de voir apparaître un trouble de l’alimentation au cours des trois années suivantes. Adopter des comportements sains constitue donc une part importante du problème.
-Howard Steiger, Ph. D., 2009

Quels sont les effets de régimes répétés sur le cerveau?

Ils provoquent des dérèglements cérébraux. Je dis toujours à mes patients qu’ils devraient prendre un antidépresseur à chaque fois qu’ils font un régime. Puis, ils reviennent en disant qu’ils se sentent déprimés et qu’ils sont d’humeur instable. Alors, ils prennent l’antidépresseur; c’est comme un gros fumeur qui prendrait du sirop antitussif. Il ferait mieux d’arrêter de fumer. Il ne fait aucun doute que les régimes ont des répercussions néfastes sur le cerveau.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Existe-t-il une relation entre le cortisol et le poids?

Le cortisol est une hormone sécrétée par le cerveau en cas de stress. Son niveau varie donc en fonction de plusieurs facteurs, dont les régimes et le stress. Le cortisol ne participe pas uniquement à la régulation du stress mais joue également un rôle important dans la répartition de la masse adipeuse du corps, surtout dans la région abdominale. Par conséquent, les facteurs qui déséquilibrent le système de sécrétion de cortisol peuvent, chez certaines personnes et de façon unique, provoquer une accumulation de gras. Le stress est l’un de ces facteurs. Fait intéressant à souligner, les personnes qui souffrent de troubles de l’alimentation ont toujours un niveau élevé de cortisol. Et c’est parce qu’elles sont souvent stressées. Elles traversent une détresse émotionnelle en plus d’avoir faim, ce qui stresse également l’organisme. Elles se retrouvent donc dans une situation dans laquelle ce qui devait être régulé par le cortisol est désormais déséquilibré.
- Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Existe-t-il une relation entre les troubles de l'alimentation et le trouble de la personnalité limite?

Un trouble de la personnalité est dit «limite» parce que les personnes qui souffrent de ce syndrome présentent un déséquilibre marqué. Elles sont très impulsives, d’humeur changeante et parfois chaotique. Elles peuvent aimer quelqu’un, puis éprouver une rage folle vis-à-vis de la même personne la minute qui suit. Elles peuvent aussi ressentir des changements très importants dans l'image qu'elles ont d'elles-mêmes, passant d'un réel bien-être à des comportements suicidaires en un instant. Ce sont des personnes très instables. Et l’une des causes de cette instabilité est, évidemment, l’image qu’elles ont d’elles-mêmes. La sérotonine ayant également un effet sur le comportement, elle peut donc être liée à l’instabilité de certaines personnes. Si vous souffrez d’un trouble de personnalité limite, il est fort possible que vous souffriez d’hyperphagie. On constate, par conséquent, que nombreuses sont les personnes boulimiques susceptibles de présenter également ce type de trouble. Mais cela n’est pas une règle générale; toutes les personnes souffrant de boulimie ne présenteront pas obligatoirement un trouble de la personnalité limite.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Quels sont les signes à surveiller pour détecter un trouble de l’alimentation?

Il en existe plusieurs. Le plus évident est que, dans les cas d’anorexie, les gens deviennent très minces, si minces que vous vous dites que ce n’est pas normal et que vous réalisez qu’il se passe quelque chose. Ils peuvent, en outre, éviter l’heure des repas ou se montrer anxieux à l’égard de tout ce qui touche à l’alimentation. Ils peuvent être incapables de goûter des plats inhabituels tout en réduisant graduellement le nombreux de ceux qu’ils considèrent «sans danger».

Il est possible que vous vous aperceviez qu’ils se font vomir en cachette ou que des laxatifs disparaissent. Nous constatons, chez ces personnes, une tendance à faire de l'exercice physique après les repas. Elles peuvent également présenter des troubles de l’humeur; elles peuvent devenir très instables à ce niveau, avoir du mal à dormir ou éprouver des difficultés à se concentrer. Ces signes sont complexes à déceler parce que les changements comportementaux liés à des régimes amaigrissants sont normaux. Par conséquent, tant les cliniciens que les proches du patient doivent toujours savoir distinguer les changements de comportements normaux de ceux qui ne le sont pas.

Toutefois, vous ne devez pas faire la police et traquer les vomissements d’un proche atteint d’un trouble de l’alimentation. Exprimez votre préoccupation, offrez de l’aide, de l’information, et communiquez avec nous si vous le souhaitez. Nous disposons de documents, d’articles et autres lectures utiles aux personnes atteintes de troubles de l’alimentation qui peuvent les aider à envisager le fait qu’ils ont un problème et éventuellement à se faire aider à cet égard. Mais à moins que vous ne le fassiez, ils ne le feront probablement pas.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Est-il possible d’être à la fois anorexique et boulimique?

Les critères de diagnostics sont très déroutants; c’est donc une bonne question. Selon ces critères, on souffre soit d’anorexie mentale soit de boulimie. Comme je l’ai dit plus tôt, la boulimie touche sans distinction les personnes de poids normal et élevé, mais pas celles qui ont une insuffisance pondérale. Cela est d’autant plus perturbant qu’il y a deux types d’anorexiques: celles qui mangent beaucoup et se purgent et celles qui ne mangent pas. Généralement ce qui se passe c'est que les personnes commencent à se priver et bon nombre d’entre elles finissent par déréguler leur appétit. Elles étaient des personnes qui restreignaient leur alimentation et deviennent des personnes anorexiques hyperphages qui se purgent. Puis, à cause de ce processus, elles atteignent parfois un poids normal mais deviennent boulimiques.

Les gens ont tendance à passer de la restriction alimentaire à l’hyperphagie suivie de purgations. De nouveaux critères de diagnostic seront établis en 2011 pour  inclure les personnes qui restreignent mais qui ne sont pas hyperphages et ne se purgent pas (qu’elles soient minces ou non), celles qui sont hyperphages et se purgent (quel que soit leur poids), et enfin, celles qui souffrent de troubles d’hyperphagie boulimique. Pour répondre plus directement à la question, oui, il est possible d’avoir à la fois un comportement anorexique et de souffrir de troubles d’hyperphagie boulimique. Cela est en fait très courant.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

J’adore manger, mais je suis très consciente de l’importance de rester en forme. Je fais donc beaucoup d’exercice. Est-ce un problème?

Comprenez-moi bien: il n’y a rien de mal à faire de l’exercice ou au fait de manger. Ce sont des comportements sains et normaux. Mais il ne faut pas dépasser certaines limites, ce qui est la tendance de notre société. Il existe une idée répandue selon laquelle l’exercice est la solution au fait de manger. Par exemple, lorsque vous faites de l’exercice, les besoins caloriques de votre corps augmentent. Ainsi, à moins d’adopter le point de vue suivant : «J’ai fait beaucoup d’exercice aujourd’hui, alors je ferais mieux de manger beaucoup pour satisfaire mes besoins nutritionnels», vous provoquez une disparité incroyable entre votre niveau d’activité physique et la quantité de nourriture que vous avez absorbé. Devinez ce qui se produit si vous suivez ce rythme pendant une période suffisamment longue? Vous basculez dans l’hyperphagie. Par conséquent, en dépit de tous les encouragements de nos parents à faire de l’exercice, ils nous rappellent également de faire les choses avec modération.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Comment reconnaître qu'une personne est atteinte d'un trouble de alimentation?

Chaque individu réagit différemment. On peut toutefois s'inquiéter lorsqu'une personne démontre une relation anormale avec la nourriture, lorsqu'elle perd du poids, devient anxieuse, dépressive, introvertie et fuyante.

L'anorexie peut-elle être en partie causée par les gènes?

L'anorexie peut être en partie déterminée par les gènes. Une étude auprès de 31 000 jumeaux suédois a démontré que 56% du risque de développer un trouble de l'alimentation provenait du bagage génétique à la naissance. Une zone sur le chromosome 1 pourrait differencier les personnes anorexiques des personnes non atteintes. La perturbation de ce gène serait aussi liée à un type de personnalité caracterisé par des tendances compulsives ou anxieuses. Ces personnes réagissent souvent sous le coup de l'émotion et sont plus à risque de souffrir d'une dépression.

Une personne impulsive est-elle plus à risque de souffrir de boulimie?

Oui. Il y a dans ce trait de personnalité un fondement biologique puisque l’impulsivité est liée à des altérations dans le fonctionnement de la sérotonine, un neurotransmetteur du cerveau. Ces altérations rendent non seulement une personne plus encline à l’impulsivité, mais aussi aux fluctuations de l’humeur et aux problèmes de satiété—donc, aux épisodes boulimiques. Les personnes impulsives sont donc plus susceptibles de devenir boulimique mais cette caractéristique n’est pas liée directement à la maladie.

Les personnes obsédées par le fait de manger sainement souffrent-elles d'un trouble de l’alimentation?

On utilise désormais un nouveau terme à cet égard : « l’orthorexie ». Cela signifie être complètement obsédé par l’apport nutritionnel ou par les ingrédients bénéfiques de la nourriture, la quantité de vitamines qu’elle contient, par ce qui la compose, etc. Cela devient une véritable obsession, ce qui prouve que les gens peuvent être obsédés par presque n’importe quoi. Surtout dans une société qui nous conscientise par rapport à ce que nous mangeons. Je ne dirais pas que les gens qui se préoccupent de ces choses-là souffrent d’un trouble de l’alimentation. Je dirais qu’il y a un problème lorsqu’une personne est si préoccupée par son poids, son alimentation et son image corporelle que cela occupe beaucoup de place dans sa vie, et commence à avoir des répercussions telles sur son comportement que cela commence à lui nuire. Les personnes qui sont atteintes d'orthorexie sont parfois incapables de manger. Elles sont si effrayées de manger quelque chose qui ne soit pas sain qu’elles en deviennent émaciées. Il ne reste plus rien sur leur liste d’aliments «sans danger».
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

La médication est-elle la seule réponse aux troubles de l'alimentation?

Il y a plusieurs manières de traiter l'anorexie, la boulimie ou tout autre types de troubles de l'alimentation. Avec des médicaments bien sûr, mais aussi par la psychothérapie et par les interventions nutritionnels qui aident les individus à maîtriser leur peur de manger et leurs obsessions avec le poids.

Quels sont les traitements offerts aux personnes atteintes d’hyperphagie boulimique non suivie de purgation?

Il existe des traitements connus mais je dois dire que le système de santé n’a pas élaboré de bons programmes spécialisés pour les personnes qui souffrent de problèmes ou de troubles d’hyperphagie boulimique. Notre programme actuel traite l’anorexie mentale et la boulimie. De ce fait, nous sommes dépassés par les besoins de la collectivité. Et ces troubles nécessitent des traitements légèrement différents de ceux utilisés dans les cas d’hyperphagie boulimique. Les cliniques de perte de poids ont des connaissances en ce qui a trait au traitement de ce type de troubles. L’organisme communautaire ANEB offre un soutien en groupes aux personnes qui souffrent d’hyperphagie boulimique. Les médecins et le personnel compétents des hôpitaux généraux connaissent également la démarche à adopter à l’égard de ces troubles. Comment faire? Vous devez aider les gens à cesser les régimes. Ils sont à la base de l’hyperphagie boulimique. Il est important d’aider les gens à mettre en place une alimentation structurée et équilibrée, et à faire un peu d’exercice. Certains médicaments peuvent également aider à contenir l’hyperphagie. Dans des cas extrêmes, les médicaments tels que le Topiramate ou un stabilisateur d’humeur peuvent aider les gens à limiter leur appétit jusqu’à ce qu’ils en reprennent le contrôle.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Comment inciter une personne atteinte de trouble de l’alimentation à demander de l’aide?

Il s’agit de ne pas faire pression sur la personne ni de la forcer. En général, les amis, les parents et les membres de la famille doivent se montrer suffisamment courageux pour être ouverts quant à leurs préoccupations. Vous pourriez dire : «J’ai l’impression que la nourriture t’effraie ou il semble y avoir un problème. Aimerais-tu en parler?» Si la personne y est disposée, essayez de l’aider à se rendre compte qu’il existe des solutions à ce genre de choses et qu’elle peut se faire aider. C’est une partie de la solution.

L’autre partie consiste à respecter et à comprendre le fait que les gens n’entreprendront pas cette démarche avant d’y être prêts et ils ne le seront pas selon vos disponibilités. Cela signifie donc qu’il faudra parfois contenir votre anxiété, respecter et faire confiance à la personne afin qu’elle s’y prépare pas à pas. Il existe toutefois des exceptions à cette règle; lorsque vous voyez qu’une personne semble réellement en danger, qu’elle est terriblement émaciée ou qu’elle perd connaissance sur le sol du salon, vous devez vous assurer qu’un professionnel intervienne, quel qu’il soit.

Forcer les gens à s’alimenter n’accélère pas leur rétablissement. C’est un voyage que les gens doivent entreprendre. Pour certains, il est long et très douloureux – toujours plus long qu’on ne le voudrait. Par conséquent, en tant que membre de la famille, qu’ami ou que soignant, vous devez avoir la volonté de laisser ce processus se dérouler complètement.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009

Peut-on mourir d'un trouble de l'alimentation?

L'anorexie est associée au taux de mortalité le plus élevé parmi les troubles de santé mentale. Les troubles de l'alimentation deviennent souvent chroniques et ont des conséquences médicales et psychologiques néfastes. Selon l'Institut national de la nutrition, 10 à 15 % des personnes atteintes d'anorexie ou de boulimie en meurent.

Est-ce qu'un corps en forme de poire est idéal pour la santé des femmes?

Oui, la forme du corps féminin en poire est idéale pour la santé, pourtant la plupart des femmes tentent de l'éviter. Il est important de savoir que la minceur n'est pas plus saine que l'embonpoint et les variations de poids sont plus dommageables pour la santé que l'embonpoint.

L'anorexie et la boulimie sont-ils des troubles sérieux ou une lubie de jeune fille qui veut ressembler aux mannequins?

L'anorexie et la boulimie sont des troubles de l'alimentation. Il s'agit de maladies mentales complexes qui peuvent être traitées. En outre, ces maladies affectent également les hommes et l'âge moyen des personnes atteintes est de 28 ans.

Le nombre d’hommes insatisfaits de leur corps a-t-il augmenté?

Pour les hommes, l’idéal n’est pas d’être minces, mais de paraître forts, musclés et d’avoir un ventre plat et tonique (« six packs »). Cet idéal ouvre le marché pour les boissons protéinées et toutes sortes d’autres produits. Et maintenant, c’est au tour des cosmétiques à faire leur apparition. Influencer les hommes à changer leur apparence est profitable pour l’industrie. Les hommes sont donc devenus une cible. L’industrie les poursuit de façon épidémique, mais jamais comme les femmes. L’industrie vise maintenant les jeunes garçons et leur dicte des normes pour qu’ils se sentent insatisfaits d’eux-mêmes.

-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013

Existe-t-il des troubles de l’alimentation et des problèmes d’image corporelle chez d’autres cultures que nord-américaine?

Je viens de lire une étude qui démontre que les jeunes femmes des Émirats arabes unis sont devenues complètement obsédées par leur image corporelle, car elles sont exposées aux mêmes idéaux culturels que nous et, de plus, elles subissent leurs propres pressions reliées à leur identité et à leur difficulté à s’imposer. En fait, ce qu’ils ont trouvé est que le taux d’anorexie est approximativement dix fois plus élevé qu’au Royaume-Uni. De toute évidence, votre culture peut vous protéger jusqu’à ce que notre culture nord-américaine intervienne. De nos jours, il est très difficile de ne pas être exposé à notre culture.

-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013

Quelle est l’influence des médias sociaux sur l'image de soi et jusqu’où peut-elle s’étendre?

L’influence des médias sociaux peut être considérable, mais pour l’instant, mes lectures ne sont pas encourageantes. En moyenne, les filles passent approximativement une heure et demie sur Facebook et MySpace. C’est vraiment une mesure de comparaison sociale. La pression exercée par les pairs est très importante. Tout est dans l’apparence physique, combien d’amis vous avez, à quoi ils ressemblent et le genre de photos que vous affichez. De nouveau, les jeunes filles vulnérables peuvent être à risque, leur estime de soi peut en souffrir et la pression de se conformer aux normes demeure constamment présente.

-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013

Est-ce que les antidépresseurs peuvent aider les personnes souffrant de troubles de l’alimentation?

Les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine sont un type d’antidépresseurs. Le premier était le Prozac; le Celexa en est un autre exemple. Les gens avaient tendance à penser que ces médicaments aidaient les personnes souffrant de troubles de l’alimentation parce qu’ils atténuaient leur dépression. Et cela est peut-être en partie vrai. Mais nous avons par la suite constaté qu’il n’était nul besoin d’être déprimé pour tirer parti de ces médicaments. Être déprimé n’est pas un facteur prédicteur. De nombreuses données probantes montrent que la production de sérotonine a des répercussions directes sur les pulsions hyperphagiques ou qu’elle participe aux comportements similaires. Nous avons mené des études sur la « déplétion en tryptophane ». Le tryptophane est un acide aminé utilisé par le cerveau pour produire de la sérotonine. Nous avons eu recours à une méthode, mise au point par Simon Young de l’Université McGill, qui consiste à faire boire à une personne une boisson lactée qui inhibe la sécrétion de tryptophane dans le cerveau. Cela a pour effet de réduire temporairement la production de sérotonine. Si vous souffrez de boulimie, cela accroît vos pulsions hyperphagiques. Par conséquent, la sérotonine influe directement sur votre appétit.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
 

Pourquoi les adolescents sont-ils les plus à risque, surtout les jeunes adolescentes?

L’adolescence occasionne beaucoup de changements à plusieurs niveaux. Il est évident que l’adolescence s’accompagne de changements de poids et de forme corporelle. Vous développez des attributs féminins, des courbes. C’est aussi un temps d’instabilité émotionnelle. Les hormones prennent le dessus. C’est un temps où vous devez former votre propre identité, et un temps où la pression exercée par les pairs est très importante. Ce que pensent vos amis est beaucoup plus important que ce que pense votre mère. Il y a une pression de se conformer, de bien paraître, d’être socialement et sexuellement désirable. Encore une fois, si cela donne prise à l’idéal de la minceur, qui veut dire « voilà à quoi je dois ressembler et ce n’est pas le cas », l’impact sera très négatif et les filles seront beaucoup plus vulnérables aux pressions de changer leur apparence et de se conformer.

-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013

Pourquoi les régimes sont-ils responsables de l’augmentation du taux de troubles de l’alimentation?

Il est très difficile de perdre du poids. La raison est que nous avons tous un « plateau pondéral » qui nous appartient personnellement. Si nous mangeons normalement, lorsque nous avons faim, nous maintiendrons ce poids. Si nous faisons plus d’exercices, nous pourrions avoir plus faim. Si nous mangeons trop, nous pourrions avoir moins faim le jour suivant. Notre corps se régule de façon naturelle. Ce n’est pas naturel d’astreindre notre corps à une diète. Et parce que nous combattons la nature, il est très difficile de maintenir les résultats. Et lorsque nous réussissons à maintenir la diète une semaine, deux semaines ou un mois de façon non naturelle, notre cerveau se met en mode famine. C’est comme s’il nous disait « qu’es-tu en train de me faire? ». Ainsi, lorsque nous recommençons à manger à notre faim, notre corps emmagasine un peu de nourriture pour pallier la prochaine restriction.

-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013
 

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