Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Dépression

L’activité physique est-elle bénéfique pour les personnes déprimées?

L’activité physique est vraiment une bonne chose. Plusieurs études démontrent que l’exercice améliore l’humeur. J’en fais moi-même beaucoup. En fin de journée, je m’aperçois que je suis fatigué mentalement, mais je suis rarement fatigué physiquement. En fait, l'exercice vous donne plus d’énergie. En réalité, aussi simple que cela puisse paraître, si une personne parvient à monter quelques marches sans effort, tout devient plus facile. Si vous êtes en mauvaise forme, les tâches deviennent un fardeau. L'activité physique produit, en outre, toute sorte de modifications chimiques, telles que la sécrétion d’endorphine.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

Un homme de 73 ans qui déprime depuis peu souhaite se défaire de toutes ses responsabilités. Vaut-il mieux le garder en contact avec la vie en lui attribuant des petites tâches simples?

À mon avis, cela dépend évidemment de sa capacité à fonctionner. S’agit-il de quelqu’un qui a été déprimé toute sa vie ou qui l’est uniquement depuis peu? En règle générale, plus vous êtes fonctionnel, mieux ça va. Si quelqu’un cuisine pour vous tous les jours, au bout d’un certain temps, vous serez incapable de vous nourrir seul. Si quelqu’un paie vos factures, vous ne serez plus capable de le faire, etc. Mais lorsqu’une personne est vraiment déprimée, elle n’est pas en mesure de fonctionner et a besoin d’aide. Vous essayez donc toujours de trouver l'équilibre entre faire les choses pour quelqu’un et l’encourager à les faire lui-même. Vous ne voulez pas le surprotéger mais, en même temps, vous ne souhaitez pas l’accabler. Seulement, parfois, cela devient juste une excuse facile parce que la personne manque simplement de confiance en elle ou qu’elle cherche un moyen de se décharger de certaines responsabilités. Mais, ce faisant, elle pourrait en réalité amoindrir davantage sa confiance en elle. J’encouragerais ces personnes à être le plus indépendante possible.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

Pouvez-vous nous dire pourquoi la prévalence de la dépression sera si importante en 2020?

Cela est dû à l’environnement. Les gens sont amenés à se déplacer plus souvent qu’auparavant et, en plus, ils le font à des endroits où ils sont éloignés de leurs amis et de leur famille. Selon Michael Meaney, un chercheur au Douglas, la raison pour laquelle nous estimons notre vie plus stressante que celle de nos parents ou de nos grands-parents est l’absence de famille élargie. D’autre part, les problèmes entourant le récent tumulte géopolitique pourraient contribuer à accroître le taux de dépression au cours de la décennie à venir.

-Joseph Rochford, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Si une personne a subi un épisode de dépression majeure, quelles sont les chances pour qu’elle en traverse un deuxième?

Statistiquement, il y a plus de chance qu'elle subisse une seconde dépression car elle pourrait être biologiquement prédisposée. Ce peut aussi être une personne qui est dur envers elle-même, qui est très exigeante, et qui risque donc de subir une dépression. Mais si cette personne comprend les facteurs qui ont contribué à sa dépression, elle peut tenter de les modifier et prévenir la survenue d’un autre épisode. Sans changement cependant, elle sera toujours susceptible d’être déprimé à nouveau.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

Le fait de dormir beaucoup est-il un indicateur de dépression?

Dormir beaucoup peut indiquer une dépression. Mais, cela peut aussi indiquer une anémie ou un problème physique quelconque. Voilà pourquoi vous devez, selon moi, être correctement évalué. Une bonne évaluation comprend une évaluation psychologique et une évaluation physique. En tant que psychologue, je ne peux pas soumettre les gens à un examen sanguin; je n’ai aucune connaissance en médecine. En revanche, si je demande à un patient s’il a consulté son médecin récemment et qu’il me répond qu’il l'a vu le mois dernier, qu’il a fait des examens sanguins et que tout était normal, je sais alors que le problème n’est probablement pas physique.

Ce qu’il faut donc chercher avant tout à savoir est si cela est inhabituel. Certaines personnes dorment beaucoup. Certaines ont besoin de dormir dix heures par nuit pour fonctionner. Elles l’ont toujours fait et ce n’est pas un problème. Si une personne fonctionne normalement avec sept ou huit heures de sommeil mais que, dernièrement, elle est constamment fatiguée et a besoin de dormir davantage, c’est que quelque chose s’est produit. Il s’agit de savoir si ce changement est physique ou psychologique. Évidemment, si elle me dit qu’elle a perdu son travail et qu’elle a été incapable de sortir du lit depuis, il y a des chances que la cause soit psychologique. Mais une évaluation correcte est tout de même nécessaire pour le vérifier.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Depuis que je prends des antidépresseurs, ma créativité a disparu! S'agit-il d'un effet secondaire, ou est-ce que mon côté créatif doit être liquidé, parce qu'il me crée trop d'ennuis?

Comme pour tout médicament, il faut peser le pour et le contre de ce que vous apporte sa consommation. Les antidépresseurs peuvent s'avérer très utiles. Ils sont parfois nécessaires et parfois, non. Il serait irresponsable pour moi d'affirmer qu'une personne devrait ou non choisir cette médication alors que je ne sais rien des antécédents du cas. Certaines personnes qui prennent des antidépresseurs disent se sentir moins affectées par ce qui arrive, et donc moins déprimées et anxieuses. Par contre, d'autres personnes signalent un sentiment d'engourdissement. Elles trouvent que les antidépresseurs enlèvent un peu de piquant à leur vie. Cette tendance est relativement rare.

Prenez l'exemple d'un patient qui était un musicien très créatif et réputé. Il souffrait de dépression bipolaire et avait besoin d'un régulateur de l'humeur. Lorsqu'il a mis fin à cette médication, il a connu un épisode maniaque et s'est retrouvé tout nu dans les rues d'un village québécois, où la police a dû l'arrêter. Dans un tel cas, cesser de prendre sa médication n'était pas négociable. Il en avait besoin pour fonctionner normalement. Le médicament affectait sa créativité, mais c'était un faible prix à payer pour les avantages qu'il en tirait. Donc, pour répondre à votre question, cela dépend des bienfaits que vous en tirez et de sa nécessité. Par ailleurs, il arrive qu'une médication différente offre les mêmes avantages avec moins d'effets secondaires.

-Camillo Zacchia, École Mini Psy 2007

Si la dépression est une tristesse extrême, une joie extrême peut-elle être considérée comme une maladie mentale?

La joie pure n’est pas une maladie. Mais si vous êtes démesurément optimiste, il se peut que vous ne soyez pas protégé lorsque vous rencontrerez une menace. Cela étant dit, il y a aussi la manie qui est très différente. Je ne sais pas à quoi vous faites référence, mais dans les cas de troubles bipolaires, certaines personnes présentent des changements d’humeur importants : une personne peut traverser un épisode dépressif qui n'aura généralement aucun lien avec les circonstances – il sera plutôt d’origine biologique – ou une phase d’exaltation qui n’est pas seulement une sensation de bien-être mais une manie ou une hypomanie. Dans une telle situation, on déborde d’énergie; on peut dormir une heure pendant la nuit et se sentir parfaitement reposé. Certains auteurs ont écrit des ouvrages entiers en une fin de semaine d’exaltation maniaque, d’autres personnes ont créé leur entreprise, etc. Et lorsque la situation devient plus extrême, certaines personnes peuvent traverser un épisode psychotique. Elles peuvent éprouver ce que l’on appelle de la mégalomanie: se prendre pour Dieu et se sentir toutes puissantes. Quelqu’un m’a dit un jour : «Je suis rentré chez moi en voiture à 3h du matin et j’ai brûlé tous les feux rouges parce que je savais que je pouvais contrôler la circulation». Cet homme se prenait pour Dieu et testait ses pouvoirs en brûlant tous les feux rouges simplement pour se le prouver. Heureusement, il était 3h du matin, mais il aurait probablement pu se tuer. Je me suis assuré que sa famille obtienne une ordonnance du tribunal afin de le faire hospitaliser parce que son état était grave.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

Une personne qui reçoit un diagnostic de dépression clinique a-t-elle plus de risque d'être déprimée toute sa vie?

J’aimerais vous répondre non même s’il ne survient rarement qu’un seul épisode de dépression. Si c’est une question de personnalité, une façon de voir les choses, si vous êtes vraiment dur avec vous-même, alors vous aurez tendance à y être prédisposé. Les circonstances peuvent changer et, de temps à autres, devenir plus difficiles. Par conséquent, si vous comprenez réellement pourquoi vous êtes si dur avec vous-même et que vous procédez à des changements fondamentaux, alors vous serez protégé. Si, d’un autre côté, vous passez à travers la dépression mais que rien ne change vraiment, vous devenez alors plus vulnérable. Les chercheurs ont tendance à démontrer que la dépression devient de plus en plus probable, mais selon moi, c’est parce que nos expériences continuent d’affecter notre confiance, et si celle-ci est atteinte à chaque situation de conflit, il est plus probable que l’on réagisse mal dans les situations à venir.

Cela étant dit, je suis fondamentalement convaincu que vous pourrez faire changer les choses si vous prenez réellement le temps de comprendre ce qui se passe. La thérapie cognitivo-comportemental (TCC) consiste entre autre à pousser les patients à remettre en question leurs comportements et leurs perceptions, à prendre conscience de leurs préjugés et de la façon dont ceux-ci affectent leurs propres expériences. Ceci étant dit, il existe, pour les personnes qui ont tendance à sombrer sans cesse dans la dépression, ce que l’on appelle les thérapies fondées sur «l’acceptation» ou «la pleine conscience». Comme le dit le vieil adage : «Change ce que tu peux et accepte ce que tu ne peux changer». Évidemment, le but de la thérapie est de changer notre façon de voir les choses et, ainsi, de modifier les circonstances dans lesquelles nous vivons. Mais nous devons parfois simplement accepter ce que nous sommes et les circonstances dans lesquelles nous vivons. Les personnes qui présentent des symptômes récurrents doivent vraiment apprendre à lâcher du lest. Si vous y parvenez, vous êtes alors plus à l’abri d’une dépression.
-Camillo Zacchia, École Mini Psy 2009

Y a-t-il un lien entre l’hypoglycémie et la dépression?

La seule chose que je puisse dire est que la plupart des gens qui jurent être hypoglycémique ne le sont pas. C’est l’une des choses faciles à dire lorsque l’on commence à avoir sommeil : «C’est parce que je viens de prendre un gros repas. Je suis hypoglycémique». Lorsque des gens se soumettent à un examen de tolérance au glucose, très peu sont réellement hypoglycémiques. Cela étant dit, si nous soupçonnons que vous l’êtes, cela aura des répercussions sur votre niveau d’énergie, et votre niveau d’énergie affectera votre humeur. Mais vous serez plutôt d’humeur changeante que constamment déprimé. Si vous êtes hypoglycémique et que vous prenez plusieurs petits repas pendant la journée, votre niveau d’énergie ne devrait pas varier.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

Est-ce qu'une personne déprimée peut guérir seule si elle reconnaît sa maladie et travaille à se rétablir ?

Absolument. Vous pouvez appliquer les principes de la théorie cognitive pour gérer votre rétablissement. La première chose à comprendre est qu'il existe différents types de dépression. Il y en a des chroniques et d'autres épisodiques, comme les troubles affectifs saisonniers. Beaucoup de thérapies récentes ciblant différents types de troubles dépressifs se fondent sur l'entraide et l'auto-guérison. Il peut s'agir de lire des livres, consulter le Web et demander à un coach de répondre à vos questions. L'efficacité de cette approche dépend sans doute de l'intensité de la dépression. Dans le cas d'une dépression grave, la médication peut se révéler nécessaire.
-Camillo Zacchia, École Mini Psy 2007

L'efficacité d'un autotraitement dépend de la gravité de la dépression. Il existe des produits vendus sans ordonnance, tels que le millepertuis. Mais peu d'études portent sur cette substance. Certaines personnes peuvent devenir hypomaniaques sous l'effet du millepertuis. Des suppléments d'oméga-3 et une alimentation saine combinés à une luminothérapie peuvent également avoir des effets positifs dans les cas de troubles légers ou saisonniers. Mais là encore, il existe peu d'études dans ce domaine.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Y a-t-il un lien entre dépression et apnée du sommeil?

On parle d'apnée du sommeil lorsqu'une personne cesse de respirer durant la nuit. Cela peut avoir pour effet d'augmenter la pression artérielle. Surtout, cela perturbe son sommeil normal. Cette personne est privée de séquences normales de rêve et d'un sommeil reposant. Bien que l'apnée du sommeil n'entraîne peut-être pas directement la dépression, c'est une cause d'épuisement, un facteur qui peut réduire la résistance du sujet à l'anxiété et à la dépression. Cela abaisse également sa faculté de concentration – un problème que déplorent souvent les personnes déprimées. Même s'il peut être difficile de distinguer la dépression de l'apnée du sommeil, il est essentiel de le faire puisque ces problèmes exigent des traitements différents. Bien sûr, il arrive que des personnes souffrent à la fois d'apnée et de dépression.
-Camillo Zacchia, École Mini Psy 2006

Quelles sont les causes de la dépression ?

Les causes de la dépression comprennent les facteurs biologiques, ce qui signifie que d’autres membres de la famille présentent le même type de difficultés. Cette composante génétique rend les sujets plus susceptibles à la dépression, bien que ce ne soit pas un lot inévitable. Habituellement, ces personnes sont plus vulnérables face à certains événements de la vie (particulièrement les événements se produisant tôt dans la vie). Par conséquent, selon vos antécédents familiaux et votre tempérament, vous pouvez à un moment donné souffrir de dépression.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Si la dépression est en partie due à la chimie du cerveau, l’individu doit-il prendre de la médication pour le reste de sa vie?

La chimie du cerveau peut, selon moi, se modifier aussi par la psychothérapie. Mais la psychothérapie doit être régulière, intense, et donner les résultats escomptés. Dans le trouble obsessionnel compulsif, les données ont clairement démontré les effets avant et après la thérapie cognitivo-comportementale sur le cerveau. Certaines personnes sont plus sensibles à la psychothérapie, alors que d’autres nécessitent de la médication. Peut-être que dans 20 ans nous aurons découvert quels sujets sont plus susceptibles de répondre à tel ou tel type de traitement. Les traitements seront individualisés. Pour l’instant, je considère que si le cas est grave, la combinaison des deux est la meilleure solution.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

En fait, tout ce qu’on apprend, tout ce qu’on voit, affecte le cerveau. La dépression peut être causée par les attitudes, les facteurs d’apprentissage, les facteurs biologiques et les situations, comme le deuil. Nous savons maintenant que la distinction entre les causes biologiques et psychologiques n’influence pas nécessairement le traitement. Les deux types de traitement peuvent aider la dépression peu importe les facteurs en cause.
- Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Comment savoir si mon jeune est en dépression ou s'il traverse simplement dans une mauvaise période?

Durant l’adolescence, le développement ne s’effectue pas toujours au même rythme. Certains mois, les jeunes sont plus actifs, et d’autres mois, ils ne sont pas très actifs. Ils peuvent être tristes ou traverser des périodes difficiles, sans que cela traduise une dépression. La situation doit être examinée minutieusement pour déterminer s’il s’agit d’une phase transitionnelle ou plus soutenue.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Qui est la meilleure personne pour aider quelqu’un qui connaît des épisodes de dépression périodique?

En général, on recommande à une personne qui traverse une dépression légère à modérée, de suivre une thérapie cognitive; c'est une thérapie qui permet d'analyser la façon dont nous percevons les choses et les causes que nous leur attribuons. Cela nous aide à comprendre nos biais, notre perception de nous-mêmes ainsi que nos réussites et nos échecs. Les personnes déprimées ont tendance à sans cesse se blâmer lorsque quelque chose se passe mal, quelles que soient les circonstances. Elles vont déformer les faits afin qu’ils attestent qu’elles n’ont pas été à la hauteur. Elles auront également tendance à rendre les autres responsables de leurs réussites. Voilà le genre de traitement que l’on recommande aux personnes qui traversent une dépression légère à modérée.

Si elles n’y réagissent pas, il faut vraiment envisager d’utiliser également un antidépresseur ou une autre forme d’intervention pharmacologique. Dans les cas de dépressions modérées à majeures, on recommande habituellement de combiner les deux. Quand la dépression est-elle considérée légère à modérée? Quand est-elle modérée à majeure? Là encore, cela dépend de la personne. Si vous n’êtes pas en mesure de travailler, de fonctionner et que vous souffrez beaucoup, vous devez envisager un traitement combiné.

La meilleure personne à consulter dépend, par conséquent, de la gravité de la dépression. Selon moi, vous devez avant tout trouver quelqu’un en qui vous avez confiance; vous devez également être prêt à vous défaire de cette personne si elle ne vous aide pas, et à trouver quelqu’un d’autre. Dans la plupart des cas, il existe des traitements psychologiques et médicaux très efficaces, et il est possible d’entreprendre l’un ou l’autre, voire les deux. Mais parfois, le comportement des gens peut interférer avec l’aide qu’ils peuvent obtenir. Ils peuvent refuser de prendre des médicaments, de suivre une thérapie ou être pessimistes au point de penser que cela ne les aidera pas.

-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

J’ai entendu dire que la dépression est un problème hormonal et non médical. Est-ce vrai ou faux?

La dépression peut être d’origine hormonale ; dans ce cas, elle est considérée comme l’un des troubles de l’axe III. Ce n’est pas une véritable dépression clinique telle que les cas de l’axe I, mais elle peut être exactement identique. Par exemple, la dépression post-partum est clairement d’origine hormonale.
-Joseph Rochford, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Les ados de 12 à 17 ans qui consomment des stupéfiants, de l’ecstasy, du haschich sont-ils plus à risque de faire une dépression?

Les études ont prouvé que les adolescents qui consomment des drogues avant l’âge de 16 ans ont un risque accru de faire des psychoses. À ma connaissance, aucune étude n’a évalué l’impact des drogues sur la dépression. Le plus gros problème chez les 12-25 ans, est la coexistence d’une dépression majeure et d’un problème de consommation. Mais lorsqu’un jeune arrête complètement de consommer et qu’il est sous traitement, l’issue est complètement différente. J’ai vu toutes sortes de situations où l’on pensait qu’un jeune était bipolaire mais c’était l’effet des drogues sur son cerveau. Consultez le site Web du National Institute of Drug Abuse (NIDA) : vous allez voir des scans de cerveaux de jeunes qui ont consommé : même après 7 ans, il reste encore de petits trous. Ces images-là, les jeunes les comprennent.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010
 

La dépression et l’anxiété peuvent-elles disparaître puis refaire surface plus tard dans la vie?

Oui. Même en l’absence de traitement, vous pouvez vous sentir mieux avec le temps, mais certaines personnes font des rechutes. Cela dépend également du nombre de traumatismes que vous avez subis, car bien des gens traverseront plusieurs épreuves difficiles dans leur vie. Nous ne pouvons pas écarter ces épreuves pour ces gens car elles font partie de la vie, mais nous pouvons les appuyer et les aider à mieux gérer les différents facteurs de stress. La vie peut être une source de grand plaisir, ce qui est le message que j’essaie de transmettre à mes patients.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

La dépression chez l’enfant dépend-elle de son tempérament?

Certains enfants sont plus timides et anxieux; d’autres sont très agités, irritables, veulent tout casser et vont même parfois se couper. Ce sont deux sortes de dépression et le type d’intervention n’est pas le même. Par exemple, chez les enfants plus anxieux, on va travailler sur l’anxiété sociale, leur apprendre à faire face à leurs peurs, essayer de leur faire comprendre d’où viennent ces peurs, les inciter à se pratiquer, travailler en petits groupes. Certains vont avoir besoin d’une médication pour calmer leur anxiété et soulager leurs symptômes dépressifs.

Chez les enfants agités, on essaie présentement l’approche dialectique comportementale qui enseigne à tolérer les bouleversements émotifs dans le moment présent. On montre aux enfants comment penser à autre chose, se distraire un peu pour tolérer un moment difficile, plutôt que de se faire du mal ou de vouloir s’enlever la vie.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Est-ce que la psychothérapie après une dépression élimine les risques d’une rechute?

Je pense que les jeunes en particulier sentent qu’ils doivent toujours bien réussir. C’est pourtant impossible. Dans la vie, tout le monde fait face à une situation difficile à un moment donné, puis vit un échec. Je pense qu’il faut se pratiquer à vivre de petits échecs, à ne pas réussir tout le temps, à avoir un plan B. C’est toujours ce que l’on dit dans notre clinique : « Que vas-tu faire si ça ne fonctionne pas? As-tu d’autres stratégies? » C’est cela l’adaptation, de trouver d’autres moyens pour pallier les moments difficiles. Si malheureusement cela aboutit quand même à l’échec, quelles seront les stratégies pour passer à travers cette épreuve, puis en ressortir plus fort.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Pourquoi les enfants d’âge scolaire et les adolescents sont-ils encore traités 6 à 12 mois après une rémission de la dépression?

Ce protocole est fondé sur des études ayant évalué les taux de rechute. En effet, si le traitement est interrompu trop tôt, le risque de rechute est plus élevé. Généralement, après un épisode de dépression, nous traitons le sujet pendant 6 à 12 mois. La dépression majeure est dorénavant considérée comme une maladie chronique, puisque de nombreux patients adultes nécessitent plus d’un traitement médicamenteux et une psychothérapie. Cependant, le même traitement n’est pas nécessairement approprié pour les adolescents, car on doit leur apporter de l’espoir. Je leur dis que la dépression doit être prise très au sérieux et qu’ils doivent suivre une psychothérapie afin d’apprendre différents moyens pour gérer le stress.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Les patients hospitalisés pour dépression sont-ils évalués pour déterminer le risque de suicide?

La dépression est le principal facteur de risque du suicide, mais toutes les personnes dépressives n’ont pas nécessairement des pensées suicidaires. Bien qu’aucune évaluation prédictive ne soit à notre disposition, nous pouvons évaluer certains facteurs de risque. Néanmoins, l’évaluation du risque de suicide est encore très difficile.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Si la dépression est une maladie chronique, cela veut-il dire qu’on n’en guérit jamais complètement?

Les études semblent montrer que chaque épisode dépressif peut apporter des changements au niveau du cerveau, ce qui accroît le risque d’apparition d’autres épisodes. Mais il faut habituellement un facteur précipitant. La personne doit donc de préférence suivre une psychothérapie pour apprendre des techniques d’adaptation, afin de mieux gérer les événements de sa vie. Par ses techniques, on espère que la personne ne va pas connaître un autre épisode de dépression.

La psychothérapie est très importante pour changer notre façon de voir le monde. En apprenant des stratégies de protection, en adoptant une attitude optimiste, on ne réussira pas tout dans la vie, mais quand surviendra une difficulté majeure, on sera en mesure de mieux réagir face aux situations difficiles.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Un jeune adulte non traité pour sa dépression peut-il se rétablir par lui-même, sans aide psychologique ni médication?

Tout à fait. Mais cela prend plus de temps et les conséquences se répercutent au niveau de sa socialisation, de son fonctionnement dans le monde. Certains jeunes ne sont pas du tout suicidaires, seulement déprimés; ils n’ont pas beaucoup d’énergie, mais ils peuvent néanmoins fonctionner. Mais ce sont des enfants qui risquent de ne pas se réaliser pleinement. J’ai vu des jeunes qui, rétrospectivement, se rendaient compte qu’ils n’allaient vraiment pas bien depuis deux ans, mais ils n’avaient jamais pensé souffrir de dépression. Comment savoir si on fait une dépression? Notre entourage est beaucoup plus en mesure de nous le dire.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

La dépression est-elle génétique ?

Habituellement, si un parent souffre de dépression, ses descendants ont 3 à 5 fois plus de risques d'y être également sujets. La composante génétique de la dépression est relativement complexe; il en existe plusieurs types. Cette hétérogénéité signifie que tout le monde y est plus ou moins exposé.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Les statistiques concernant la dépression diffèrent-elles pour les enfants de familles d'immigrés?

Nous savons que les membres de cette population rencontrent de nombreux facteurs de stress dans leur vie. Les enfants sont par conséquent plus exposés. Les symptômes peuvent varier selon les communautés. Une personne issue d'une communauté qui a vécu des expériences traumatiques graves présente plus de risques. Les symptômes dépressifs peuvent s'exprimer différemment. Par exemple, à une époque on dénombrait plus de suicides chez les femmes que chez les hommes dans certaines zones rurales chinoises. En fait, le nombre de tentatives de suicide était semblable à celui observé en Amérique du Nord, mais la mortalité des moyens utilisés –des pesticides mortels- a accru le nombre de cas réels de suicide. Autrement dit, la méthode utilisée lors du suicide peut avoir une incidence sur les statistiques. Maintenant que ces pesticides sont interdits, le taux de suicide dans la population chinoise a diminué. Cela signifie que, même si les statistiques sont parfois culturelles, elles peuvent aussi avoir trait aux méthodes utilisées.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Les patients qui prennent de l'Acutane sont-ils plus sujets aux épisodes dépressifs?

Bien que cela n'ait pas été prouvé, les patients qui prennent ce traitement contre l'acné peuvent présenter des symptômes dépressifs. Malgré cela, je recommanderais l'Acutane, étant donné que le produit offre de bons résultats. Ce médicament n'est pas nécessairement la cause des symptômes. En fait, un important problème d’acné peut être à ce point embarrassant qu’il mine la confiance en soi et pousse à un épisode dépressif. Toutefois, toute personne prenant de l’Acutane doit être suivie et soutenue par un médecin.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Un adolescent qui traverse un épisode dépressif accompagné d'idées suicidaires, mais qui déclare se sentir mieux après quelques semaines, devrait-il poursuivre sa psychothérapie?

Il faut être extrêmement prudent lorsque l'état d'un patient change soudainement sans que vous ayez remarqué d'amélioration graduelle. Cela pourrait indiquer qu'il a décidé de se suicider. En règle générale, en cas de dépression, les patients sont traités pendant au moins 6 à 12 mois. À la fin de la première année, on réduit l'intensité du traitement pour voir si le patient est stable ou s'il présente les mêmes symptômes. Bien que parfois coûteux, d'autres types de soutien, comme un suivi par un psychologue, sont nécessaires. Les assurances peuvent couvrir un certain nombre de séances par an.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Comment ajustez-vous les posologies dans le cas d'adolescents dont le cerveau est encore en développement?

Il existe plusieurs pistes à étudier. Peut-être disposerons-nous de plus d'informations à un certain moment. Pour l'heure, il existe diverses études d’imagerie cérébrale avec des adolescents souffrant de dépression. En observant les images du cerveau d'une personne atteinte de dépression, on constate certaines anomalies. Traiter ces personnes au moyen d'une psychothérapie ou d'un traitement médicamenteux améliore la manière dont les médicaments agissent sur leur cerveau. À l'avenir, l’imagerie cérébrale et la tomographie par ordinateur seront peut-être utilisées régulièrement comme intervention de base pour traiter la dépression.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Comment un jeune peut-il obtenir de l'aide si ses parents refusent de l’aider?

Cette question est très fréquente. Bien que cette solution soit difficile pour des adolescents s'ils doivent payer les séances, la psychothérapie est une possibilité. Pour ce qui est des médicaments, étant donné qu'un pharmacien doit intervenir, ce n'est pas si simple. Il est toujours possible de faire quelque chose, mais se contenter de donner des médicaments n'est pas une solution idéale parce que les adolescents ont toujours besoin de supervision et de soutien.

À partir de 14 ans, les enfants sont en âge de consentir à un traitement médical. Ils peuvent, par conséquent, tenter d'obtenir de l'aide à cet âge, même si leurs parents n'appuient pas leur choix. Les adolescents peuvent également consulter leur conseiller scolaire. Mais là encore, cette solution n'est pas idéale.

Dans tous les cas, il faut s'asseoir avec les personnes impliquées et envisager toutes les possibilités dans le meilleur intérêt de l'enfant. Parfois, il faut faire appel à la protection de l'enfance. Les adolescents peuvent également refuser d'aviser leurs parents de leur problème. Toutefois, nous devons habituellement demander davantage de renseignements de nature biologique au sujet de l'adolescent. Tous ces renseignements restent confidentiels.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

L'onychophagie grave (se ronger les ongles) a-t-elle un lien avec les symptômes de la dépression?

Ce symptôme peut apparaître en cas de troubles comorbides. Il est difficile de dire si ce comportement est un symptôme de TDAH (un trouble impulsif), un trouble obsessionnel compulsif ou une dépression. Ce comportement renvoie habituellement à d'autres problèmes, tels que des troubles impulsifs. Pour s'en assurer, il faut consulter un neurologue, mais ce symptôme pourrait effectivement être un signe de dépression.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Quels conseils donneriez-vous à un adolescent qui souffre de dépression?

Il peut être difficile pour les adolescents d'obtenir de l'aide étant donné qu'ils ne savent pas vers qui se tourner, et qu'ils peuvent tenter de soulager leurs souffrances par d'autres moyens. Je dirais à toute personne souffrant de dépression qu'en cherchant des ressources, en appelant les lignes d'aide, en consultant un thérapeute et en demandant de l'aide, les choses s'arrangent. Vous vous devez d'apporter votre soutien à tout adolescent dépressif; il en a vraiment besoin pour traverser cette période de sa vie.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012
 

Comment la dépression se manifesterait-elle chez des adolescents ayant des besoins particuliers, comme ceux souffrant de dyspraxie ou de légère déficience intellectuelle?

Il faut veiller à ce que les adolescents souffrant de troubles d'apprentissage, de dyspraxie ou d'autres types de troubles bénéficient de l'environnement le plus favorable possible. S'ils ne se trouvent pas dans un environnement adapté ou qu'ils ne sont pas suivis par les bonnes personnes, ils pourraient perdre pied au fil du temps et sombrer davantage dans la dépression. Si vous parvenez à éliminer les facteurs de stress ou les difficultés, l'état du patient s'améliorera.

En cas de handicap mental, on ne peut pas s'attendre au meilleur résultat dans l'absolu, mais au meilleur résultat par rapport à des pairs atteints des mêmes déficiences. L'environnement doit être adapté aux capacités de l'adolescent. Il peut également arriver que de jeunes adolescents souffrant d’autisme soient fréquemment victimes d'intimidation à l'école, ce qui peut engendrer tristesse et automutilation.

La dépression peut même survenir chez une personne présentant des symptômes de trouble envahissant du développement ou des antécédents familiaux de dépression. Dans ce cas, un traitement antidépresseur est tout indiqué.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Quelle est la cause de la dépression postpartum et peut-on s’en remettre?

Après avoir accouché, certaines femmes peuvent éprouver des symptômes de dépression que l’on appelle les «baby blues», ou «syndrome du 3e jour». Certaines femmes, par contre, subiront une forme plus grave de dépression qui peut se prolonger plus d’un mois ou deux. Nous devons surveiller très attentivement les femmes qui ont de la difficulté à s’ajuster à leur nouveau rôle de mère, particulièrement si elles ont déjà traversé un épisode de dépression. La dépression postpartum et la psychose postpartum, laquelle constitue une forme plus grave de dépression postpartum, peuvent non seulement affecter l’humeur, mais également nuire à la relation avec l’enfant. Plus que jamais, les obstétriciens et gynécologues reconnaissent l’importance de diagnostiquer ce type de dépression.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Qu'est-ce qu'un comportement normal? Est-il normal d'être parfois déprimé pour de courtes périodes?

Quand j'étais jeune, je détestais le mois de septembre parce qu'il signifiait mon retour à l'école, c'est-à-dire la fin de l'été! Il est certain qu'il peut y avoir plus de dépressions quand les jours raccourcissent et qu'il y a moins de lumière. Cet effet peut être particulièrement marqué pour les gens du Grand Nord, où l'ensoleillement se réduit à deux ou trois heures par jour durant les mois d'hiver. De plus, le refroidissement s'accompagne souvent d'une baisse de notre activité physique, ce qui peut affecter notre humeur.

La dépression peut surgir et disparaître. Nous n'en connaissons pas toujours clairement la cause. Parfois, c'est simplement de l'épuisement normal. Il peut aussi s'agir d'événements récurrents qui nous rendent un peu plus déprimés: des échéances, des examens, des rapports annuels, le genre d'événements qui revient périodiquement. De plus, si quelqu'un de particulièrement important pour nous est décédé à un certain moment de l'année, le retour de cette saison le rappellera à notre souvenir.

Il est difficile de distinguer ce qui est normal de ce qui ne l'est pas, vu la diversité des réactions humaines et une foule de facteurs dont nous ne sommes pas conscients. Mais un des critères qui guident les professionnels est la question suivante: Comment cela vous affecte-t-il? Cela vous empêche-t-il de vous rendre au travail? De sortir de la maison? Lorsque ces émotions commencent à affecter votre fonctionnement quotidien, elles deviennent moins normales. C'est une façon d'évaluer si la situation dégénère un peu trop.

-Camillo Zacchia, École Mini Psy 2007

Quel est le délai normal avant de pouvoir diagnostiquer une dépression?

Si une personne est déprimée pendant cinq mois et n’est pas en mesure de fonctionner, diriez-vous qu’il n’est pas utile de la traiter avant le sixième mois? C’est une décision arbitraire. Nous établissons simplement un délai pour écarter les épisodes très brefs liés à une circonstance, à de mauvaises nouvelles, etc. Si vous perdez votre emploi, vous serez déprimé, mais on ne vous traitera pas immédiatement sauf si vous restez déprimé longtemps. Selon moi, plus la période est longue, plus elle est révélatrice d’un problème. Si vous êtes déprimé à cause de la perte d’un être cher, je ne m’attends pas à ce que vous vous sentiez mieux après deux semaines. Qu’est-ce qu’une période normale de deuil? Serait-ce six mois? Deux ans? Certaines personnes fonctionnent relativement bien après un mois ou deux mais d’autres ont besoin de plus longtemps. Ce qui importe pour vous est votre état. Et si vous vous sentez mal, vous devriez alors envisager d’obtenir de l’aide.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009

Les femmes enceintes peuvent-elles poursuivre un traitement antidépresseur?

Les femmes enceintes doivent suivre un programme spécialisé pour s'assurer qu'elles prennent les bons médicaments. Les gynécologues et les obstétriciens sont mieux informés qu'auparavant, et le CHU Saint-Justine dispose d'un centre spécialisé d’information. Évidemment, il vaut toujours mieux ne pas prendre de médicaments lorsque l'on est enceinte. Cependant, une femme enceinte traversant un épisode dépressif aura tout de même besoin d'un traitement. Certains médicaments sont permis pendant la grossesse même s'ils présentent des risques, car ces derniers sont très faibles par rapport à des symptômes de dépression et des idées suicidaires. Il est a noté qu’une femme enceinte doit être suivie après sa grossesse, étant donné que la période de post-partum est également risquée. Il vaut mieux bénéficier d'un soutien et parler de votre état avec votre médecin pendant votre grossesse et après la naissance de votre enfant.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

On entend souvent que le Québec a le taux de suicide le plus élevé d'Amérique du Nord. Est-ce le cas?

Nous avons effectivement un des taux de suicide les plus élevés, mais c'est également le cas en Suisse et en France. De nombreux pays nordiques semblent afficher un taux de suicide élevé. Cependant, certains pays ne signalent pas les cas de la même manière. Même au Canada, les données ne sont pas toujours consignées de façon constante. L'une des hypothèses est que les Canadiens français tendent à se marier davantage au sein de leur propre communauté. Cela pourrait accroître le risque de troubles de l'humeur et, par conséquent, de suicide. Le risque accru est donc de nature génétique.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Le risque de dépression chez les adolescents souffrant de TDAH décroît-il lorsqu'ils suivent un traitement?

Si le TDAH est le problème majeur, l'adolescent doit d'abord obtenir le meilleur traitement pour ce trouble. Les praticiens doivent se montrer prudents, car, chez certains adolescents souffrant de TDAH, ces traitements peuvent avoir des effets secondaires et accroître la dépression. La réaction au traitement doit être étroitement surveillée afin de s'assurer que la dépression n’est pas un effet secondaire. Certains médicaments peuvent accroître l'anxiété, l'état dépressif voire provoquer des phénomènes de rebond (une baisse d’humeur et de concentration quand l’effet de la molécule diminue). Là encore, le personnel scolaire, l'équipe de soignants, l'adolescent et les parents doivent entreprendre un travail exhaustif afin de déterminer le meilleur traitement.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Combien de temps faut-il pour soigner une dépression?

Lorsque l'on soigne une dépression à l'aide d'antidépresseurs, le patient commence par le dosage le plus faible pour s'adapter aux effets secondaires. Le dosage est ensuite optimisé pour déclencher une réaction. Il faut compter trois semaines après la première semaine pour constater une amélioration. Si le patient tolère les médicaments, un traitement de 6 à 12 mois est alors nécessaire pour s'assurer qu'il va mieux. Après cette période, on réduit les antidépresseurs aussi graduellement qu'au début du traitement. Le patient est ensuite surveillé pour voir si les symptômes initiaux réapparaissent. Si tel n'est pas le cas, on réduit le dosage jusqu'à l'arrêt du traitement. Certains patients doivent tout de même être suivis pour s'assurer qu'ils ne traversent pas d'autres épisodes. La dépression peut être une maladie chronique, mais les symptômes peuvent être évités par la psychothérapie.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Une dépression post-partum peut-elle conduire à une psychose?

Oui. Bien que cela soit peu fréquent, une dépression post-partum très grave peut entraîner une psychose.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

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