Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Traitement

Que peut-on faire pour aider un adolescent pendant qu’il attend des mois pour accéder à une thérapie?

Il est évident qu’il existe des problèmes en matière d’accès aux services et les gouvernements tentent constamment d’y trouver des solutions. Ce que nous essayons de faire est de transférer un nombre relativement important de professionnels de l’Institut Douglas vers ce que nous appelons les «services de première ligne» (CLSC, cliniques de santé communautaires, etc.). Dans l’ancien système, votre médecin de famille devait vous référer à un institut psychiatrique pour y être évalué. Si vous aviez de la chance, vous pouviez y obtenir un traitement. Avec la réforme de la santé mentale, les médecins de famille seront en mesure de référer des patients directement aux CLSC où des équipes de santé mentale qui travaillaient auparavant à l’institut psychiatrique. Nous transférons donc un certain nombre de ressources vers la collectivité. Je sais que cela n’est probablement pas une solution adaptée. La demande est forte et, même si nous transférions toutes les ressources disponibles vers la collectivité gratuitement, nous serions tout de même dépassés.

Vous pouvez parfois être référés à des médecins privés. Si vous disposez d’une assurance, celle-ci couvrira occasionnellement quelques séances. Il y a les cliniques universitaires dont le personnel est habituellement assez compétent parce qu’il est composé d’étudiants de troisième cycle supervisés par des professionnels expérimentés. Elles sont généralement très abordables, soit entre 10 et 25 dollars, selon vos moyens.

Évidemment vous pouvez trouver de l'information sur le Web. Moi par exemple, je publie un blogue où j'essaie de fournir de l’information aux gens en espérant qu’ils la trouvent utile. Il existe également des groupes de soutien. Au  Québec, Phobies Zéro est un groupe d’entraide qui s’adresse aux jeunes qui souffrent de troubles anxieux. Il existe plusieurs autres organismes semblables qui tentent de combler l’écart.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Comment peut-on aider quelqu’un qui souffre d’une crise de panique?

Ce que je dis aux gens est très simple: quand vous paniquez, ne faites rien. Ne tentez pas de contrôler votre panique car elle va passer très vite, comme une vague. Évidemment, la première fois que vous souffrez d’une crise de panique, c’est difficile à comprendre. La personne peut croire qu’elle fait une crise cardiaque. J'essaie donc d’expliquer aux gens en quoi consiste l’anxiété. Quand les gens reconnaissent que c’est de l’anxiété et qu’ils comprennent bien le mécanisme sous-jacent, ils sont capables de distinguer qu’ils éprouvent tout simplement de l’anxiété.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Comment aider une amie qui est anxieuse, ne travaille pas, s’enferme chez elle et refuse de consulter un psychologue?

C’est toujours un défi lorsque quelqu’un refuse d’être traité ou ne croit pas à la pertinence des traitements. Il y a des médicaments qui sont pourtant efficaces. Si la personne ne veut pas voir de psychologue, peut-être accepterait-elle de consulter son médecin de famille ou un autre intervenant. Heureusement, on dispose de beaucoup d’information sur Internet; notamment, il y a le site Web du Douglas, ainsi que des groupes d’entraide comme Phobies-Zéro. Ces groupes d’entraide permettent de reconnaître qu’on n’est pas seul. Ils peuvent rencontrer d’autres personnes qui ont passé à travers, qui ont réussi. Par exemple, Marie-Andrée Laplante, fondatrice de Phobies-Zéro, qui a passé 10 ans enfermée chez elle. Maintenant, elle voyage partout, écrit des livres même si elle souffre encore d’anxiété.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Que peut-on faire pour quelqu'un qui souffre de phobie sociale intense?

J'ai abordé brièvement cette question en parlant de la phobie sociale, une puissante crainte d'être jugé ou de paraître nerveux. Voici une anecdote concernant une cliente qui avait tellement peur de rougir qu'elle a quitté son emploi. Même si elle ne pouvait se souvenir avoir déjà rougi au cours d'une réunion ou ailleurs, elle était paralysée par la crainte de le faire, ce qui la rendait incapable de fonctionner normalement. Par exemple, lorsque arrivait son tour de prendre la parole durant une réunion, elle allait se verser un café dans le coin cuisine et commençait à parler en tournant le dos aux autres. C'était sa façon de gérer la situation: éviter le contact visuel avec ses collègues. Une de ses amies, trésorière de leur association commune de propriétaires de condos, tendait pour sa part à rougir fortement, mais elle gérait le problème d'une toute autre façon. Avant de s'adresser au groupe, cette femme leur disait simplement qu'elle rougissait beaucoup et qu'il ne fallait pas en tenir compte. Elle se débarrassait ainsi de son anxiété de rendement et pouvait fonctionner normalement.

Les anxiétés sociales sont plus difficiles à traiter que les autres. Par exemple, si quelqu'un a simplement peur des ascenseurs et que vous l'encouragez à en prendre un, il peut apprendre qu'il n'y a rien à craindre. Mais si c'est l'opinion des autres qu'il craint et qu'il se place dans un contexte social, il ne peut s'assurer que ses craintes sont injustifiées, faute de pouvoir lire dans l'esprit des gens. Ce problème tient beaucoup plus à notre interprétation des événements, à notre vision de nous-mêmes, notre jugement des autres, etc. Il ne suffit habituellement pas de changer nos comportements, il faut aussi transformer ce genre d'idéation. Heureusement, l'anxiété sociale réagit très bien aux traitements médicaux ou psychologiques.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2006

Que dire aux personnes qui craignent les catastrophes comme une pandémie ou la fin du monde?

On est tous un peu comme cela. En utilisant votre voiture, vous pouvez avoir un accident grave, voire mortel. Mais, vous n'y pensez pas tous les jours parce que vous êtes tellement habitués à conduire que cette peur finit par disparaître. Par contre, si soudainement une célébrité meurt d’un accident, on se rappelle le danger inhérent et on y prête beaucoup plus attention. Les actualités ont le pouvoir de mettre l’emphase sur une telle peur, alors qu’il y a beaucoup de choses plus importantes.

Le but de la vie est d’être capable de vivre avec l’imperfection, avec un certain niveau de risque. Ce que je dirais aux personnes qui craignent les catastrophes, c’est qu’on doit composer avec une certaine incertitude, mais que si on prend soin de soi, on peut minimiser les risques. Toutefois, minimiser les risques ne veut pas dire les éliminer.

-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Le propranolol est-il utile au traitement de l'anxiété?

Ce produit est utilisé pour contrer le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Des études très récentes semblent indiquer que le propranolol aide les gens à séparer leurs émotions de certains événements particuliers. Par exemple, une personne peut avoir certains souvenirs des attentats du 11 septembre qui éveillent en elle de puissants sentiments de détresse. Il peut s'avérer utile de séparer cet événement de ses émotions, pour pouvoir réagir de façon plus calme et rationnelle et ainsi mieux fonctionner au quotidien.

Le propranolol constitue, à certains égards, un équivalent pharmaceutique de la thérapie de relaxation, une forme de psychothérapie qui sert depuis longtemps au traitement du TSPT. Son principe est d'amener les gens à se détendre lorsqu'ils pensent à un événement traumatique. Comme il est possible d'être calme et d'avoir peur simultanément, on espère que si les gens associent la relaxation au souvenir des attentats du 11 septembre, cette pensée sera moins traumatisante pour eux.
-Joseph Rochford, Ph.D., École Mini Psy 2006

Le propranolol a également été utilisé pour traiter l'anxiété liée au rendement, en réduisant le tremblement. On en prescrit parfois aux violonistes qui ne veulent pas trop trembler au moment de jouer.
-Mimi Israël, M.D., École Mini Psy 2006


Que pensez-vous des produits naturels comme le millepertuis pour traiter l'anxiété et la dépression?

Tout ce qui fonctionne fonctionne! Lorsqu'on a commencé à utiliser le millepertuis, des indications ont donné à croire que, tout en étant à moitié moins efficace que les médicaments psychiatriques, il avait tout de même un effet positif. Des études plus récentes ont démontré que ce produit n'avait en fin de compte aucune efficacité. Mais voilà bien la beauté de la science! Quelqu'un propose une hypothèse et la met à l'épreuve. Si le moyen fonctionne, tant mieux! Le problème de bon nombre de produits naturels, c'est qu'ils n'ont pas tous subi des épreuves cliniques. Ce n'est pas parce qu'un produit est naturel qu'il est nécessairement bon. Il est certain qu'un produit dont l'efficacité a été démontrée peut être utilisé et j'encouragerais les gens à le faire. Il arrive que cet effet tienne à vos convictions concernant le produit ou à une combinaison de ces convictions et d'un effet médicinal réel.

J'aimerais ajouter un commentaire qui me semble important. L'actrice Margot Kidder a récemment parlé à Montréal de la façon dont elle avait surmonté sa maladie mentale en prenant des herbes et d'autres produits naturels. Peu après, une patiente souffrant de schizophrénie m'a appelé pour me demander si elle devait cesser de prendre ses médicaments mais prendre plutôt ces herbes. J'ai répondu que non. Même si une personne peut avoir bénéficié d'une thérapie à base de plantes médicinales, cela ne constitue pas une preuve, surtout dans le cas de la schizophrénie. Il s'agit d'une maladie grave, qui exige un traitement médicamenteux dans la presque totalité des cas.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2006

Je souffre depuis toujours d’anxiété généralisée, dont la peur de ne pas être à la hauteur. Que dois-je faire si je suis anxieuse 80 % du temps?

J’essaie d’aider les gens à laisser l’émotion venir et ne pas lutter contre elle. Je traiterais l’anxiété généralisée un peu comme je traite le deuil. Si je perds quelqu’un, un être cher, personne ne pourra me convaincre que ce n’est pas grave et que c’est pour le mieux. Il n’y a personne qui va m’aider à dire, « OK, c’est bien ». En fait, j’apprends à composer avec mon deuil, à faire ma vie malgré le fait que, de temps en temps, je vais vivre un souvenir qui me ferait de la peine. Donc, au lieu de dire, «Oh mon Dieu, que dois-je faire ?» il faut simplement de le vivre sa peine et de la laisser passer.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

La nutrition, le repos et l’exercice peuvent-ils atténuer le niveau d’anxiété?

Oui et non. Auparavant, l'anxiété était traitée par des exercices de relaxation, mais nous devons faire très attention en utilisant cette méthode. La relaxation est une bonne chose, tout comme une saine alimentation et l’exercice; cependant, un problème apparaît quand ces méthodes sont utilisées pour tenter de contrôler l'anxiété. Or, les personnes phobiques doivent réaliser que rien de désastreux ne se passera s'il n'arrive pas à se calmer. La méditation est plus utile que la relaxation physique dans ce cas, car elle permet de laisser aller et de ne pas contrôler les pensées.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Lorsqu’une personne arrête de travailler pour cause de harcèlement, devrait-elle retourner au même lieu de travail?

Dans le cas d’un événement précis, comme une agression sexuelle, le traitement implique de ne plus être en contact avec l’agresseur. De toute évidence, la victime doit avant tout se protéger. Même si elle n’a pas à retourner sur les lieux menaçants ou à revoir son agresseur, elle devra affronter ses souvenirs. La plupart du temps, ces souvenirs viennent et vont d’eux-mêmes, sans qu’il y ait à faire quoi que ce soit. Mais, dans le cas de troubles de stress post-traumatique (TSPT), la personne peut avoir à revivre l’expérience, car il est possible qu’elle ne l’ait pas assez revécue, ou même, qu’elle ait fui ces souvenirs. Pour surmonter un stress post-traumatique, il faut faire face à la cause. Si vous craignez un certain lieu, vous devez vous y rendre de nouveau. Vous devez graduellement retourner à cet endroit, ou à un endroit semblable.
- Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012

Un membre de la famille a découvert récemment qu’elle avait subi un traumatisme dans son enfance et elle a développé un grave trouble d’anxiété. Elle est également accro à la marijuana. Comment faut-il la traiter?

Le problème, avec les traumatismes de l’enfance, c’est qu’ils ont une incidence sur les relations. Les gens ne sont pas tous des agresseurs, mais si vous redoutez d’être agressé, blessé ou rejeté, vous deviendrez hypervigilant. La clé consiste à dissocier les deux et à juger les gens pour ce qu’ils sont. Dans le cas de consommation de marijuana, il s’agit de savoir si la personne y recourt parce que cela lui plaît ou parce que c’est sa façon de gérer son stress. Si la personne ne peut pas affronter la vie sans cela, alors son état peut dépérir .

Le problème, pour les membres de la famille, est que nous avons tendance à réagir à quelque chose qui nous dérange, et non à quelque chose qui dérange l’autre personne. Ce devrait être l’inverse. Par exemple, si mon fils reste assis au sous-sol toute la journée à fumer de la marijuana, je peux me fâcher et dire : « Trouve-toi du travail! » Cependant, en réaction, il peut me dire de le laisser tranquille et risque de ne pas être réceptif. Mais lorsque vous attendez que quelqu’un exprime son malaise de lui-même, par exemple : « Je n’ai pas d’argent; je n’arrive pas à faire face à tout ce que je vis », vous pouvez alors lui proposer d’envisager de demander de l’aide. Vous devez offrir des encouragements lorsque la personne exprime un besoin ou une difficulté.
-Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012

Que puis-je faire pour aider une connaissance qui a subi un accident de voiture et qui semble bien se porter, mais qui souffre d’insomnie?

Il faut un certain temps pour surmonter l’événement. Le moment où il faut chercher à obtenir un traitement dépend du temps qui s’est écoulé depuis. S’il y a une amélioration graduelle avec le temps, alors il vaut mieux laisser la personne prendre le temps qu’il lui faut. Si l’état émotif de la personne l’accable de plus en plus, ou si elle commence à boire ou à prendre des tranquillisants avant d’aller au lit, c’est un signe de détérioration, et il est probablement indiqué de rechercher l’aide d’un professionnel. Le problème est qu’une fois parvenue à un certain point, l’insomnie elle-même devient une préoccupation; au début, on peut avoir de la difficulté à dormir en raison des souvenirs, puis on commence à s’inquiéter: « Vais-je dormir, cette nuit? ». La meilleure façon de dormir est de ne pas s’inquiéter à propos de son sommeil. Dès qu’on se dit : « Il faut que je dorme », on n’y parvient pas.
-Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012

Quelle importance accorde-t-on aux traitements « holistiques » des troubles de l'humeur chez les adolescents? Par exemple, le yoga, la méditation, une alimentation équilibrée, etc.?

Certains adolescents demandent s'ils peuvent se faire masser en plus de leur traitement contre la dépression et si cela est couvert par leur assurance. La massothérapie est positive. Elle entre dans la psycho-éducation, et des habitudes saines. Puisque l'anxiété touche de nombreuses personnes, la relaxation est une bonne chose. Mais les massages peuvent être coûteux et nous pouvons offrir d'autres méthodes de relaxation gratuites. Des techniques simples sont disponibles sur Internet et accessibles à tous.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

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