Qui en est atteint?


Les troubles de l'alimentation apparaissent généralement au cours de l'adolescence ou au début de l'âge adulte et sont plus communs chez les jeunes des sociétés industrialisées. Toutefois, les troubles de l’alimentation, particulièrement l’anorexie, sont présents dans toutes sortes de cultures, même celles où le culte de la minceur est absent.

L'anorexie et la boulimie affectent plus les filles et les femmes que les garçons et les hommes. Les hommes représentent environ 10% des personnes affectées. L’hyperphagie boulimique est mieux distribuée parmi les sexes et affecte 2 hommes pour 3 femmes environ. Elle touche les personnes plus âgées qui sont en moyenne dans la quarantaine.

Comme dans les autres pays industrialisés, le taux des troubles de l'alimentation chez les femmes et les filles québécoises âgées de 13 à 30 ans est d'environ 3% (30 000 personnes). Ce chiffre peut tripler si on ajoute les formes partielles de ces troubles, qui ont néanmoins un impact significatif sur ceux qui en souffrent.

Les experts s'entendent pour dire qu'il y a de plus en plus de personnes aux prises avec des troubles de l'alimentation. Si les statistiques permettent de dégager une incidence plus élevée chez les femmes occidentales d'âge scolaire, il est aussi vrai que nul n'est à l'abri des troubles de l’alimentation.

  • Les troubles de l'alimentation surviennent même dans les pays en voie de développement, bien qu'ils soient plus présents dans les sociétés industrialisées
  • Ils touchent de façon égale toutes les classes socio-économiques
  • En Amérique du nord, les différences raciales ou ethniques ont peu d’impact sur la prévalence des troubles de l’alimentation

Les causes

Les recherches de Steiger et Bruce, celles de Treasure et celles de Striegler-Moore montrent que les troubles de l’alimentation sont causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux.

Concrètement, les gènes affecteraient l’humeur, le contrôle des comportements, les mécanismes de récompense, le métabolisme et l’appétit.

Les facteurs environnementaux, comme un stress périnatal ou un événement traumatique durant l’enfance auraient aussi un impact. De même, l’état mental et nutritionnel de la personne ainsi que la pression sociale à faire des régimes joueraient un rôle.

Les facteurs biologiques

Ils incluent entre autres : l'hérédité, les antécédents familiaux de dépression, d'anxiété, de troubles de l'alimentation et les problèmes de poids.

Plusieurs recherches ont permis de démontrer le rôle des facteurs génétiques dans les troubles de l'alimentation. En effet, ils sont clairement transmis à l'intérieur d'une famille, c'est-à-dire que l'hérédité y joue un rôle. Or, ces données ne peuvent prouver que le trouble de l'alimentation est transmis automatiquement de mère en fille, mais permettent de dire qu'il peut y avoir transmission de traits de tempérament ou d'une vulnérabilité à d'autres perturbations qui augmenteraient le risque de développer un tel trouble.

Certaines anomalies au niveau des neurotransmetteurs régulant l'appétit et l'humeur, auraient une influence sur le développement des troubles alimentaires. Les chercheurs au Douglas réalisent actuellement des études de pointe sur la question.

En plus de leurs recherches sur les neurotransmetteurs, les chercheurs du Groupe de recherche sur les troubles de l'alimentation s'intéressent aussi aux facteurs génétiques et à l'activité cérébrale des personnes atteintes de troubles de l'alimentation.

Les facteurs sociaux

On a toujours véhiculé un modèle idéal de beauté, mais avec les années, ce modèle est devenu de plus en plus mince, voire maigre. Les médias contribuent à véhiculer plusieurs clichés et normes qui font pression sur les femmes et les poussent souvent à suivre des régimes draconiens néfastes pour leur santé.

Le culte de la minceur s'inscrit dans une stratégie de mise en marché de plusieurs billions de dollars. La femme doit paraître soumise : on valorise la femme-objet, fragile et dépendante. Bref, ces idéaux de minceur sont des outils marketing qui permettent de faire rouler une industrie prolifique.

Les pressions sociales sont davantage liées aux différentes formes de boulimie, plutôt qu'à l'anorexie. En effet, c'est un trouble qui semble avoir augmenté sensiblement au cours des dernières années et qui serait plus localisé dans les sociétés industrialisées. L'anorexie en revanche est présente partout, sur tous les continents et depuis très longtemps; on y associe donc moins les facteurs sociaux comme cause.

Les régimes

Les médias diffusent énormément de publicité quant aux fameux régimes miracles et autres diètes infaillibles. En fait, dans le cas des personnes dont les prédispositions génétiques sont favorables aux troubles de l'alimentation, les régimes agiront souvent en tant que déclencheur du trouble. Le premier geste à poser est sans doute d'arrêter les régimes.

Les régimes ont aussi un effet physique néfaste : un régime modéré de 3 semaines altère les fonctions cérébrales et réduit les substances qui contrôlent l'humeur, la pensée, et la satiété.

L'influence familiale

Le Academy of Eating Disorders (2010) admet que les facteurs familiaux peuvent jouer un rôle dans l'apparition et le maintien d'un trouble de l'alimentation, mais qu'ils ne sont  en aucun cas la cause unique ni même principale du développement d'un trouble de l'alimentation.

Les facteurs psychologiques

Les troubles de l’alimentation cohabitent souvent avec des troubles affectifs, des troubles anxieux et des troubles du contrôle des impulsions. Parfois, les troubles de l’alimentation coexistent aussi avec des problèmes de contrôle du comportement, de l’émotivité négative, de l’autocritique ou du perfectionnisme mésadapté.

Il y a toutefois des différences énormes entre les individus:

  • Un tiers environ des personnes qui souffrent d’un trouble de l’alimentation sont franchement « dé-réglées » : elles sont impulsives et instables émotionnellement
  • Un autre tiers sont « sur-réglées »: elles sont inhibées et en contrôle extrême de leurs émotions
  • Enfin le dernier tiers ne présente aucune psychopathologie

En d’autres termes, les troubles de l’alimentation touchent toutes sortes de personnes. Ces différences laissent croire que les troubles de l’alimentation résultent de différentes expositions à des risques divers, et plus important encore, que les traitements doivent être individualisés.

Les conséquences

Conséquences psychologiques

  • Anxiété
  • Impulsivité
  • Repli sur soi
  • Perturbation du sommeil
  • Pensées obsessionnelles
  • Changements émotionnels
  • Problèmes de concentration
  • Préoccupations alimentaires
  • Humeur dépressive, irritabilité
  • Capacités intellectuelles détériorées

Conséquences physiques

Anorexie

Boulimie

Signes généraux
  • Amaigrissement
  • Hyperactivité
  • Perte de cheveux
Signes cutanés
  • Lanugo (duvet)
  • Acrocyanose (coloration bleue des extrémités)
  • Teint carotinémique (teint orangé)
Autres signes
  • Changements hormonaux et ostéoporose
  • Dérèglement des électrolytes
  • Ralentissement du rythme des battements cardiaques
  • Arythmie
  • Anémie
  • Système reproducteur
  • Arrêt des menstruations
  • Complications obstétriques
Signes oraux
  • Glandes salivaires enflées
  • Caries dentaires
  • Érosion dentaire
  • Gencives sanglantes
Signes cardio-vasculaires
  • Hypotension
  • Arythmies
Signes digestifs
  • Inflammation de l'œsophage
  • Sang dans les vomissements
Autres signes
  • Taux de complications obstétriques plus élevé

 

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