Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
Accueil Plan du site Courrier Portail Québec Passer directement au contenu

Réponses d'experts
Enfant

Comment traite-t-on le mutisme sélectif?

On le traite comme toute autre forme d’anxiété. En grandissant, les enfants surmontent généralement la majorité de leurs peurs. S’ils ne veulent pas aller à l’école ou refusent de parler, il faut les aider à faire de petits pas dans la bonne direction. Ce n’est pas l’anxiété qui est paralysante, mais plutôt la peur de l’anxiété. Il convient donc d’enseigner aux enfants qu’avoir peur est tout à fait normal. Si vous leur offrez du renforcement positif et leur montrez à fonctionner par petites étapes, ils pourront généralement affronter leurs peurs.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Vers quel âge les enfants sont-ils capables de se mettre à la place des autres?

La transition se fait généralement au début de l’adolescence, peut-être un peu plus tôt. Et peut-être que ce n’est pas si catégorique; on a tous une certaine capacité à se mettre à la place des autres. Arrivés à l’école secondaire, les adolescents sont plus inquiets, ils vont plus inhiber ce qu’ils disent, ils font attention à leur image, c’est là qu’on peut commencer à voir une différence. L’adolescent qui est tellement inquiet de ce que pensent les autres que ça change la nature de l’anxiété.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Comment intervenir auprès d’un enfant neuf ans qui a de la difficulté à s’alimenter, qui vomit, et qui ne peut identifier l’objet de sa peur?

Le malaise est parfois difficile à cerner et on n’en connaît pas vraiment la cause. Parfois, la réaction est purement physique. L’enfant peut donc avoir peur de cette réaction physique et l'associer à l’école. Souvent, la peur d’aller à l’école peut être liée, entre autres, à la performance, au jugement des autres, aux critiques. Un moment donné, il a tout simplement peur de l’école car elle est associée à plein d’autres choses.

Donc, évidemment le motif de sa peur n’a même plus d’importance, il a besoin maintenant d’être capable de graduellement y faire face. Il faut donc lui faire comprendre que l’anxiété n’est pas grave, qu’elle va passer. J’encourage mes patients à faire face à leurs peurs graduellement. Par exemple, une personne qui a peur de prendre l’ascenseur : elle peut d’abord être avec une amie à côté d’elle, puis s’habituer tranquillement. C’est un peu comme cela avec les jeunes. On les encourage à faire face graduellement à leurs peurs.

-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Comment peut-on réduire l’anxiété chez l’enfant?

Je me suis aperçue que les étudiants qui commençaient leurs études en médecine devenaient très anxieux quand je modifiais trop ma présentation de cours, ce qui nuisait à leur apprentissage. Je crois que cela est la même chose pour les tout-petits. Les éducatrices en garderie nous disent toujours qu’il est très important pour l’enfant d’avoir une routine. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut apporter des changements une fois de temps en temps, mais que de façon générale, la routine a beaucoup de valeur pour l’enfant. Je pense que c’est cela la clé.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Quel lien faites-vous entre l’anxiété et le trouble du déficit de l’attention?

Il y a toujours un certain chevauchement entre les problèmes psychiatriques. Le trouble du déficit de l’attention diffère de l'anxiété. Une personne peut être anxieuse, peu importe son niveau d’attention, mais si on est hyperactif, on a plus d’énergie, donc on va davantage se questionner ou tenter d’exercer un plus grand contrôle quand cela va mal. Un jeune qui est hyperactif et anxieux va peut-être avoir plus de difficulté à gérer les situations qu’une personne qui souffre seulement d’anxiété. Une chose est certaine, c’est que les enfants qui souffrent d’un TDAH ont tendance à être mal jugés par leurs pairs. Ils sont donc mis à part et, de ce fait, ils ont plus de risques de développer des phobies sociales. Mais, le lien n’est pas direct.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Qu'est-ce qui rend les enfants anxieux? De quels genres de stress ou d'anxiété souffrent-ils?

Nous savons que certains facteurs génétiques jouent un rôle dans les troubles de l'anxiété. Des facteurs environnementaux – un milieu familial instable, par exemple – peuvent également avoir une influence importante. Nous manquons d'études de qualité dans ce domaine. Mais mon expérience clinique m'indique que les enfants qui ont de graves problèmes d'anxiété vivent beaucoup d'instabilité à la maison.

Je crois que ce phénomène est lié au pourcentage très élevé d'enfants maltraités et négligés, même au Canada. Nous vivons aussi un taux croissant de divorce, un facteur qui crée de l'instabilité dans la famille car les enfants ont besoin de leurs deux parents pour se sentir en sécurité. De plus, certains enfants sont plus susceptibles que d'autres aux troubles de l'anxiété, pour des raisons d'ordre génétique. Il n'est pas étonnant, avec tous ces éléments, que les problèmes d'anxiété soient répandus.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2006

Pourquoi un enfant refuse de parler durant de longues périodes de temps?

Le mutisme sélectif est extrêmement commun. Il se voit surtout chez les jeunes qui vont à l’école et qui refusent de parler à quiconque. J’ai adopté deux enfants. L’un d’eux, d’origine vietnamienne, est très verbal. Quand je l’ai adopté, il était très souriant, amical, mais il ne répondait à aucune question des interprètes. Quand je suis arrivé à Montréal, il n’a parlé à personne pendant plusieurs mois. Puis, il a commencé graduellement à parler. C’était assez clair pour moi qu’il était dans une situation très stressante; il avait sept ans et il se retrouvait dans un nouveau pays. Le mutisme est un indice que les enfants éprouvent beaucoup d’anxiété, et comme pour tout trouble d’anxiété, il faut les encourager à faire graduellement face à leurs peurs.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Articles liés :
En savoir plus :
path
send
share
share