Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Diagnostic

Peut-on dire que j’ai une maladie mentale si j’ai une peur phobique des aiguilles?

Lorsque j’étais étudiant, l’un de mes premiers clients avait une phobie des aiguilles. Il en avait si peur qu'il avait subi un traitement de canal sans anesthésie. Ce patient, d’environ une cinquantaine d’années, était président de sa propre entreprise et était très intelligent. Il devait effectuer un examen sanguin mais ne pouvait se résoudre à y aller. La dernière fois qu’il avait essayé de faire une prise de sang, il avait fait un arrêt respiratoire dans le cabinet de son médecin et avait dû être réanimé. Diriez-vous qu’il souffre d’une maladie mentale? Je dirais qu'il souffre d’un trouble diagnostiquable. Il est atteint de ce que l’on appelle une phobie spécifique. Considérez-vous cela comme une maladie? Cela affecte certainement sa capacité à fonctionner normalement. Cela peut ne pas être grave pour certaines personnes, mais si cet homme contracte une maladie et qu’il doit faire un examen sanguin, ou qu’il évite d’aller chez le médecin à cause de cette phobie, celle-ci pourrait bien le tuer. Dans ce cas particulier, la peur affecte sérieusement le fonctionnement normal de la personne. Nous appelons cela une «phobie» et c’est une affection diagnostiquable. Je n’aime pas nécessairement le terme «maladie mentale» parce que je ne suis pas convaincu qu’une personne soit nécessairement malade, mais que cela dépend de la façon dont on définit le fait d’être malade. Ce qui compte c'est qu’il existe des traitements précis pour cela. J’ai finalement réussi à lui faire faire cet examen sanguin ainsi qu’un certain nombre d’injections avant la fin de mon internat.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Une personne qui se sent dépassée souffre-t-elle d’anxiété?

La réponse à cette question dépend de la définition que l'on donne à « se sentir dépassé », puisqu’il peut s'agir d'un stress excessif ou d'un bas niveau de confiance en soi. Dans certains cas, l’anxiété est appropriée et tout à fait normale. Par exemple, si votre patron vous demande de rédiger une lettre et vous accorde une journée entière pour le faire; si vous êtes comme la plupart des gens, vous ne vous sentirez pas menacé ni dépassé par cette tâche. Par contre, si vous manquez de confiance dans vos compétences en rédaction, cette tâche peut susciter beaucoup d’angoisse. Nous devons souvent nous demander si le stress provient de notre réaction à une situation ou de la situation comme telle.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Avons-nous tendance à vivre avec plus de phobies et d'anxiété en vieillissant?

Pas particulièrement. Certaines peurs s'aggravent avec le temps et d'autres s'atténuent. Nos circonstances se transforment avec l'âge. Par exemple, il arrive que la santé des gens devienne un problème. Si votre santé vous a toujours préoccupé, il se peut que vous deveniez plus anxieux à ce sujet avec l'âge. Par contre, si vous vivez de l'anxiété sociale, vous en souffrirez sans doute moins que durant votre jeunesse, à l'école, par exemple. En règle générale, chaque groupe d'âge et chaque nouveau défi peuvent susciter de nouvelles anxiétés, selon nos circonstances de vie.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2006

L’estime de soi est-elle associée aux troubles de l’anxiété?

Plus vous avez peur, moins vous avez confiance en vous. Or, les personnes ayant une faible estime de soi souffrent davantage d’anxiété sociale. Elles craignent l’opinion des autres et appréhendent notamment les situations d’évaluation. Le traitement visera ultimement à accroître l’estime de soi.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Les troubles de l’anxiété sont-ils souvent associés à la dépression?

Certaines personnes anxieuses peuvent souffrir de dépression car elles croient qu’elles ont un problème. Il est certes difficile d’être anxieux et de ne pas se sentir déprimé, tout comme il est difficile d'être déprimé et de ne pas être anxieux. L’anxiété est généralement centrée sur des sources spécifiques d’inquiétude. La dépression est plutôt une forme de jugement de soi où la personnalité nous fait sentir malheureux pour une raison ou une autre et nous rend craintifs.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Comment distinguez-vous les troubles de l’anxiété et la paranoïa?

L’anxiété étant une émotion, elle peut donc être simplement un symptôme sans toutefois être une maladie. Par exemple, si quelqu’un tente de vous assassiner, vous serez terrifié. La question à se poser est si le danger est réel ou imaginé. Vous ne deviendrez pas psychotique parce que vous éprouvez une anxiété envahissante. Toutefois, la paranoïa est une maladie d’origine biologique qui n’affecte qu’une faible proportion de la population. La distinction générale serait que les gens qui souffrent d’anxiété sociale craignent d'être jugés par autrui, alors que les personnes paranoïaques croient que les autres leur veulent du mal.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Pourquoi les troubles de l'anxiété semblent-ils plus répandus aujourd'hui qu'il y a 20 ans?

Le sont-ils vraiment ? Nous ne savons pas si les gens ont plus de troubles d'anxiété que par le passé ou si nous en sommes simplement plus conscients. Nos vies sont moins à la merci de prédateurs que celles de nos ancêtres, mais nous subissons plus de stress, de diverses sources, au quotidien. Nos vies sont plus longues et plus complexes. Nos anxiétés tiennent peut-être au fait de toujours devoir s'adapter à des conditions nouvelles. L'imprévisibilité est un facteur d'anxiété. Mais ce que nous savons, c'est l'importance d'activités pédagogiques comme l'École Mini Psy de l'Institut Douglas, pour nous permettre de nous renseigner sur nos anxiétés et d'en discuter.

Autrefois, les gens avaient honte, particulièrement dans les cas d'anxiété, de parler aux autres des idées qu'ils avaient en tête. Une personne anxieuse était sans doute terrifiée à l'idée de se voir internée en hôpital psychiatrique. Nous voulons contourner cette crainte et rendre notre établissement accueillant aux gens qui ont besoin d'aide. Ils ne feront appel à nous que s'ils n'éprouvent pas de honte, s'ils comprennent la maladie. L'Institut Douglas invite le grand public à venir se renseigner sur la maladie mentale. Ainsi, en cas de problème, les gens savent qu'il existe des traitements et que ce ne sera pas une expérience horrible. Les années récentes ont permis une véritable sensibilisation. On en parle plus souvent et des documentaires sont télédiffusés à propos des phobies, de la dépression, etc.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2006

Cela fait des années que je m'éveille le matin avec une anxiété insurmontable. Est-ce normal?

Bien qu'il nous arrive à tous de vivre de l'anxiété, on parle de trouble lorsque ce sentiment préoccupe grandement la personne ou l'empêche de fonctionner normalement. Si une personne souffre d'anxiété tous les jours et qu'elle se sent vraiment mal, je crois qu'il s'agit certainement d'un problème à prendre au sérieux. Encore une fois, cela dépend de ce qui inquiète cette personne et des conditions environnantes.
- Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2006

Si les phobies relèvent de l'évolution, pourquoi les gens ont-ils peur d'objets modernes comme les avions ou les ascenseurs?

Ce n'est pas nécessairement des avions que les gens ont peur, pour prendre cet exemple. Ils ont peur de chuter d'un avion, de s'écraser au sol, tout comme nos ancêtres avaient peur de tomber d'une falaise ou d'une branche d'arbre. Voilà pourquoi il est normal d'éprouver de l'anxiété lorsqu'on regarde le sol à partir d'un endroit élevé. Pour d'autres personnes, la phobie des avions tient à une peur de se retrouver enfermées. Si les portes d'un ascenseur se verrouillent devant vous, vous allez essayer de vous échapper. Si l'on piège des animaux dans un espace clos, ils vont paniquer. C'est une réaction normale.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2006

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