23-03-2007


Le remue-ménage de Rose

«J'aime bien faire bouger les choses, dit Rose Rheault, souriant en se remémorant sa carrière en travail social. Si les choses peuvent être améliorées, je me bats pour y arriver.»

Une véritable pionnière

Trente ans de carrière ont permis à l'optimisme de Rose et à son esprit combatif de vraiment améliorer les choses pour la communauté montréalaise. Elle est une pionnière dans la lutte contre la stigmatisation de la maladie mentale et elle a toujours exigé un traitement digne et des milieux de vie adéquats pour l'ensemble des personnes vulnérables de notre société.

Depuis les treize dernières années, Rose travaille au Service des ressources résidentielles du Douglas à titre de travailleuse ressource. Son travail consiste à trouver et à préparer pour les patients des ressources d'hébergement dans la communauté, à superviser et à aider les responsables des ressources résidentielles ainsi qu'à maintenir des normes élevées pour l'hébergement des patients. En 1977, elle a créé, avec un collègue, le premier refuge anglophone pour adolescents de Montréal. Et, en 1979, elle a mis sur pied le premier Programme de soutien aux familles, au Centre de services sociaux Ville-Marie (aujourd'hui, les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw), initiative qui a contribué à transformer la dynamique des familles en difficulté afin d'éviter, autant que possible, d'en retirer les enfants.

Des ressources d'hébergement… pour tout le monde!

La carrière de Rose a toujours été liée aux questions d'hébergement : «Je me souviens lors de mon arrivée à Montréal, en 1969, avoir aperçu une femme d'un certain âge – probablement la cinquantaine – qui fouillait dans des sacs de déchets. Elle poussait un gros chariot d'épicerie et était de toute évidence sans logis. J'ai eu l'impression qu'elle devait souffrir d'une maladie mentale. Cela m'a beaucoup émue.»
«Pour moi, une telle situation ne devrait jamais exister.»

Une adepte de la vie autonome

Jusqu'à ce qu'elle prenne sa retraite du Douglas, en janvier 2007, Rose consacrera toute son énergie à fournir de l'hébergement de qualité aux personnes atteintes de maladie mentale et à les aider à donner un sens à leur vie.

Au courant des dix dernières années, elle est devenue une vigoureuse partisane de la vie en logement supervisé pour les personnes souffrant de troubles de santé mentale. « Il y a des gens pour qui le meilleur choix demeure un foyer d'accueil (supervisé par une personne provenant de la communauté) ou une ressource intermédiaire (supervisée par le personnel). Cependant, plusieurs personnes souffrant de maladie mentale peuvent vivre de façon plus autonome dans des logements supervisés. Elles sont en mesure, grâce à quelques services additionnels, de cuisiner et de prendre soin d'elles-mêmes, d'aller chercher et de prendre leurs médicaments ainsi que de devenir plus indépendantes au plan social, tout en développant une meilleure confiance en elles.

«Leur autonomie contribue à déstigmatiser la maladie mentale en montrant aux autres ce qu'elles sont capables de faire et en les intégrant à la vie dans la communauté.»

Des succès récents

Rose a également su mettre son grain de sel dans la décision de l'organisation communautaire Expression LaSalle d'ouvrir ses portes aux patients du Douglas.

« Je me suis jointe à leur comité consultatif, explique-t-elle, et j'y ai invité un responsable d'une ressource résidentielle du Douglas, pour m'aider à soutenir mes idées. Auparavant, plusieurs de leurs clients souffraient de divers problèmes de santé mentale, telle la dépression, mais aucun d'entre eux n'avait jamais été hospitalisé dans une institution psychiatrique. Aujourd'hui, l'organisme accueille des patients du Douglas pour des cours d'art, de musique et d'expression écrite, ainsi que pour des discussions de groupe, et tout se passe très bien. Le personnel d'Expression LaSalle s'est montré très accueillant. »

«J'ai aussi participé à un projet du Douglas consistant à réévaluer les patients de l'unité CPC3, afin de déterminer leur capacité de vivre dans la communauté. Certains de ces patients vivaient à l'unité depuis 20 ans. À l'heure actuelle, trois d'entre eux habitent maintenant dans une ressource intermédiaire, deux se préparent à y déménager et deux autres vont emménager dans des centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).»

De plus, Rose a amorcé, en 2000, un partenariat avec l'organisation Projet suivi communautaire (PSC), qui aide les personnes souffrant de maladie mentale à s'intégrer dans la communauté. En 2005, Rose a également contribué à la mise sur pied d'un partenariat avec le groupe Forward House pour MIR Plus un programme de transition pour libérer des lits pour des besoins urgents.

Rien d'étonnant à ce que ses superviseurs et ses pairs – qu'elle remercie pour leur soutien – parlent d'elle comme d'une «collègue en or ».

Et que souhaite Rose…?

Le souhait le plus cher de Rose Rheault est de voir des patients embauchés par l'Hôpital Douglas pour conseiller d'autres patients. «J'aimerais voir les services restructurés, explique-telle, de façon à inclure les patients comme des pairs aidants. Je crois que ce sont les meilleures personnes pour travailler à la déstigmatisation de la maladie mentale. Elles savent ce que signifie le combat contre la maladie mentale et qu'il est possible de s'en sortir avec succès. Le fait d'agir à titre de conseiller permettrait d'augmenter leur estime de soi. Ces gens représenteraient d'excellents modèles auxquels les autres patients pourraient s'identifier.  Il est temps d'améliorer les choses.»

Les qualités d'une éducation rurale

Rose a grandi sur une ferme laitière à New Liskeard, en Ontario. Elle est la huitième d'une famille de neuf enfants. En regardant ses parents gérer la ferme, elle a appris comment planifier, passer à l'action, assumer des responsabilités, être sensible aux besoins des autres et ne jamais trahir ses valeurs.
Elle nous laisse les fruits de ces qualités au moment d'entamer une nouvelle carrière dans le secteur privé.
Merci Rose, et bonne route!

En un mot ou deux...

Quel mot décrit le mieux la maladie mentale?
La vulnérabilité

Quel film a eu le plus d'influence sur votre vision de la maladie mentale?
Vol au-dessus d'un nid de coucou

Comment préservez-vous un mode de vie équilibré?
Par la méditation

Qui fait, à votre avis, un travail hors-pair pour déstigmatiser la maladie mentale?
Patricia Deegan, une militante pour les droits des personnes souffrant de problème de santé mentale

Croyez-vous que le Douglas sera encore là dans 125 ans?
Non, parce que j'espère que l'on disposera alors de traitements plus efficaces pour la maladie mentale.

Un mot pour décrire le Douglas?
La recherche