Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Enfant et jeune

Comment savoir si mon jeune est en dépression ou s'il traverse simplement dans une mauvaise période?

Durant l’adolescence, le développement ne s’effectue pas toujours au même rythme. Certains mois, les jeunes sont plus actifs, et d’autres mois, ils ne sont pas très actifs. Ils peuvent être tristes ou traverser des périodes difficiles, sans que cela traduise une dépression. La situation doit être examinée minutieusement pour déterminer s’il s’agit d’une phase transitionnelle ou plus soutenue.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Les ados de 12 à 17 ans qui consomment des stupéfiants, de l’ecstasy, du haschich sont-ils plus à risque de faire une dépression?

Les études ont prouvé que les adolescents qui consomment des drogues avant l’âge de 16 ans ont un risque accru de faire des psychoses. À ma connaissance, aucune étude n’a évalué l’impact des drogues sur la dépression. Le plus gros problème chez les 12-25 ans, est la coexistence d’une dépression majeure et d’un problème de consommation. Mais lorsqu’un jeune arrête complètement de consommer et qu’il est sous traitement, l’issue est complètement différente. J’ai vu toutes sortes de situations où l’on pensait qu’un jeune était bipolaire mais c’était l’effet des drogues sur son cerveau. Consultez le site Web du National Institute of Drug Abuse (NIDA) : vous allez voir des scans de cerveaux de jeunes qui ont consommé : même après 7 ans, il reste encore de petits trous. Ces images-là, les jeunes les comprennent.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010
 

La dépression chez l’enfant dépend-elle de son tempérament?

Certains enfants sont plus timides et anxieux; d’autres sont très agités, irritables, veulent tout casser et vont même parfois se couper. Ce sont deux sortes de dépression et le type d’intervention n’est pas le même. Par exemple, chez les enfants plus anxieux, on va travailler sur l’anxiété sociale, leur apprendre à faire face à leurs peurs, essayer de leur faire comprendre d’où viennent ces peurs, les inciter à se pratiquer, travailler en petits groupes. Certains vont avoir besoin d’une médication pour calmer leur anxiété et soulager leurs symptômes dépressifs.

Chez les enfants agités, on essaie présentement l’approche dialectique comportementale qui enseigne à tolérer les bouleversements émotifs dans le moment présent. On montre aux enfants comment penser à autre chose, se distraire un peu pour tolérer un moment difficile, plutôt que de se faire du mal ou de vouloir s’enlever la vie.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Pourquoi les enfants d’âge scolaire et les adolescents sont-ils encore traités 6 à 12 mois après une rémission de la dépression?

Ce protocole est fondé sur des études ayant évalué les taux de rechute. En effet, si le traitement est interrompu trop tôt, le risque de rechute est plus élevé. Généralement, après un épisode de dépression, nous traitons le sujet pendant 6 à 12 mois. La dépression majeure est dorénavant considérée comme une maladie chronique, puisque de nombreux patients adultes nécessitent plus d’un traitement médicamenteux et une psychothérapie. Cependant, le même traitement n’est pas nécessairement approprié pour les adolescents, car on doit leur apporter de l’espoir. Je leur dis que la dépression doit être prise très au sérieux et qu’ils doivent suivre une psychothérapie afin d’apprendre différents moyens pour gérer le stress.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Un jeune adulte non traité pour sa dépression peut-il se rétablir par lui-même, sans aide psychologique ni médication?

Tout à fait. Mais cela prend plus de temps et les conséquences se répercutent au niveau de sa socialisation, de son fonctionnement dans le monde. Certains jeunes ne sont pas du tout suicidaires, seulement déprimés; ils n’ont pas beaucoup d’énergie, mais ils peuvent néanmoins fonctionner. Mais ce sont des enfants qui risquent de ne pas se réaliser pleinement. J’ai vu des jeunes qui, rétrospectivement, se rendaient compte qu’ils n’allaient vraiment pas bien depuis deux ans, mais ils n’avaient jamais pensé souffrir de dépression. Comment savoir si on fait une dépression? Notre entourage est beaucoup plus en mesure de nous le dire.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

Les patients qui prennent de l'Acutane sont-ils plus sujets aux épisodes dépressifs?

Bien que cela n'ait pas été prouvé, les patients qui prennent ce traitement contre l'acné peuvent présenter des symptômes dépressifs. Malgré cela, je recommanderais l'Acutane, étant donné que le produit offre de bons résultats. Ce médicament n'est pas nécessairement la cause des symptômes. En fait, un important problème d’acné peut être à ce point embarrassant qu’il mine la confiance en soi et pousse à un épisode dépressif. Toutefois, toute personne prenant de l’Acutane doit être suivie et soutenue par un médecin.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Un adolescent qui traverse un épisode dépressif accompagné d'idées suicidaires, mais qui déclare se sentir mieux après quelques semaines, devrait-il poursuivre sa psychothérapie?

Il faut être extrêmement prudent lorsque l'état d'un patient change soudainement sans que vous ayez remarqué d'amélioration graduelle. Cela pourrait indiquer qu'il a décidé de se suicider. En règle générale, en cas de dépression, les patients sont traités pendant au moins 6 à 12 mois. À la fin de la première année, on réduit l'intensité du traitement pour voir si le patient est stable ou s'il présente les mêmes symptômes. Bien que parfois coûteux, d'autres types de soutien, comme un suivi par un psychologue, sont nécessaires. Les assurances peuvent couvrir un certain nombre de séances par an.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Comment un jeune peut-il obtenir de l'aide si ses parents refusent de l’aider?

Cette question est très fréquente. Bien que cette solution soit difficile pour des adolescents s'ils doivent payer les séances, la psychothérapie est une possibilité. Pour ce qui est des médicaments, étant donné qu'un pharmacien doit intervenir, ce n'est pas si simple. Il est toujours possible de faire quelque chose, mais se contenter de donner des médicaments n'est pas une solution idéale parce que les adolescents ont toujours besoin de supervision et de soutien.

À partir de 14 ans, les enfants sont en âge de consentir à un traitement médical. Ils peuvent, par conséquent, tenter d'obtenir de l'aide à cet âge, même si leurs parents n'appuient pas leur choix. Les adolescents peuvent également consulter leur conseiller scolaire. Mais là encore, cette solution n'est pas idéale.

Dans tous les cas, il faut s'asseoir avec les personnes impliquées et envisager toutes les possibilités dans le meilleur intérêt de l'enfant. Parfois, il faut faire appel à la protection de l'enfance. Les adolescents peuvent également refuser d'aviser leurs parents de leur problème. Toutefois, nous devons habituellement demander davantage de renseignements de nature biologique au sujet de l'adolescent. Tous ces renseignements restent confidentiels.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Quels conseils donneriez-vous à un adolescent qui souffre de dépression?

Il peut être difficile pour les adolescents d'obtenir de l'aide étant donné qu'ils ne savent pas vers qui se tourner, et qu'ils peuvent tenter de soulager leurs souffrances par d'autres moyens. Je dirais à toute personne souffrant de dépression qu'en cherchant des ressources, en appelant les lignes d'aide, en consultant un thérapeute et en demandant de l'aide, les choses s'arrangent. Vous vous devez d'apporter votre soutien à tout adolescent dépressif; il en a vraiment besoin pour traverser cette période de sa vie.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012
 

Le risque de dépression chez les adolescents souffrant de TDAH décroît-il lorsqu'ils suivent un traitement?

Si le TDAH est le problème majeur, l'adolescent doit d'abord obtenir le meilleur traitement pour ce trouble. Les praticiens doivent se montrer prudents, car, chez certains adolescents souffrant de TDAH, ces traitements peuvent avoir des effets secondaires et accroître la dépression. La réaction au traitement doit être étroitement surveillée afin de s'assurer que la dépression n’est pas un effet secondaire. Certains médicaments peuvent accroître l'anxiété, l'état dépressif voire provoquer des phénomènes de rebond (une baisse d’humeur et de concentration quand l’effet de la molécule diminue). Là encore, le personnel scolaire, l'équipe de soignants, l'adolescent et les parents doivent entreprendre un travail exhaustif afin de déterminer le meilleur traitement.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

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