05-02-2003

Les chercheurs du Programme des troubles de l’alimentation (PTA) de l’Hôpital Douglas viennent de présenter des résultats de recherche qui indiquent que, contrairement aux croyances populaires, les facteurs génétiques sont aussi importants que les pressions sociales dans l’apparition de l’anorexie ou de la boulimie. Ces désordres se développeraient suite à une interaction entre une prédisposition génétique et des variables extérieures, telles des pressions sociales.

« Pendant longtemps, nous avons pointé du doigt les magazines de mode et la promotion qu’ils font des top models ultra minces comme la cause de l’anorexie et la boulimie », explique Howard Steiger, Ph.D., psychologue et directeur du PTA de l’Hôpital Douglas. « Quoique nous condamnions les messages malsains fabriqués par ces publications, nos résultats démontrent qu’à elle seule -la pression sociale d’être mince- ne devrait pas faire sombrer une personne dans un désordre de l’alimentation ».

Lors d’études entreprises auprès de plus de 60 femmes atteintes de troubles de l’alimentation (et 25 femmes pour le groupe contrôle), les chercheurs ont observé une certaine variation de gènes qui agit sur la sérotonine, ce neurotransmetteur qui, entre autres, joue un rôle important dans l’appétit, l’humeur, l’anxiété, etc. Cette variation génétique rendrait les personnes porteuses plus susceptibles de développer des perturbations dans le mécanisme de la sérotonine, surtout si elles entreprennent une diète. En d’autres mots, pour ces personnes porteuses, une diète engendrerait des effets négatifs sur la sérotonine et c’est ainsi que le tourbillon de la maladie débuterait.

« Ces résultats de recherche sont importants, car ils nous aident à mieux comprendre la susceptibilité à développer des troubles de l’alimentation. Grâce à nos recherches, nous espérons trouver de meilleurs outils afin d’identifier des traitements individualisés pour répondre aux besoins spécifiques des personnes atteintes.

Présentement, nous observons comment les pressions environnementales agissent sur des vulnérabilités génétiques spécifiques et comment ces vulnérabilités sont transmises d’une génération à l’autre dans les familles à risques », conclut Howard Steiger.

En plus de son travail à l’Hôpital Douglas, Howard Steiger, est professeur de psychiatrie et de psychologie à l’Université McGill. En juin dernier, il a d’ailleurs reçu le prix Heinz Lehmann 2002, décerné par le Collège canadien de neuropsychopharmacologie pour ses recherches sur les troubles de l’alimentation.

Le Programme des troubles de l’alimentation de l’Hôpital Douglas est le seul au Québec qui combine les soins cliniques, la recherche et l’enseignement pour une clientèle d’adultes souffrant d’anorexie et de boulimie. Le PTA offre divers services cliniques -d’un suivi thérapeutique ponctuel allant jusqu’à l’hospitalisation, selon les besoins des usagers. La recherche biopsychosociale est intégrée à tous les niveaux et de nombreux étudiants universitaires y reçoivent un enseignement ultra-spécialisé dans ce domaine d’activité.


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