07-03-2008


Janet Komarnicka, éducatrice au Douglas, prend soin de patients souffrant de maladie mentale grave depuis déjà trente ans. C'est avec un doigté d'experte que Janet aide les personnes à s'épanouir au mieux de leurs capacités. Les années n'ont pas émoussé son enthousiasme : « C'est un vrai plaisir. J'adore mon travail. » Bien qu'elle ait travaillé au sein de plusieurs programmes au Douglas, Janet est devenue, depuis 1997, une force vive à l'atelier Phoenix du Programme de déficience intellectuelle avec comorbidité psychiatrique. Son exceptionnelle carrière lui a récemment valu une mise en candidature pour le prix Roberts 2007, lors de la soirée d'excellence du Douglas. Déjà, en 2001, l'Association des éducateurs et des éducatrices du Québec lui avait remis un prix soulignant son engagement et la qualité de sa pratique.

Ne jamais flancher

L'une des nombreuses forces de Janet est son empressement à faire preuve d'initiative. En 2005, elle a contribué à mettre sur pied le Low Stimulation Group qui est composé de patients qui sont facilement perturbés par le bruit et l'agitation. Le groupe se réunit en retrait des autres patients dans une pièce séparée où chacun peut travailler ses habiletés sociales, développer ses propres intérêts et entrer en communication avec les autres.

Pour Janet, l'enseignement est une seconde nature. Ainsi, elle agit à titre de mentor auprès d'étudiants du cégep qui sont en voie d'obtenir un diplôme en service d'aide en soins spécialisés ainsi qu'auprès d'éducateurs récemment embauchés au Douglas. Ces derniers lui demandent régulièrement conseil.

Selon Debbie Nasheim, chef du Programme de déficience intellectuelle avec comorbidité psychiatrique, l'un des principaux talents de Janet est sa constance.

« Les patients savent exactement à quoi s'en tenir avec Janet. Elle formule clairement ses attentes et elle n'en démord pas. Les patients en bénéficient énormément. Ils se sentent en sécurité et ont le sentiment qu'on s'occupe bien d'eux. »

Debbie souligne également le bon jugement de Janet : « Son instinct lui permet de percevoir et de réduire les tensions qui sont sur le point de se manifester chez les patients. En plus d'être appréciée de ses collègues, elle est également douée pour trouver des activités qui correspondent aux intérêts des patients. »

Outre ces talents, Janet s'exprime couramment en langue des signes, habileté qu'elle a acquise très tôt dans sa vie, puisqu'elle est l'une des cinq enfants de parents sourds-muets.

Des liens inestimables

Plusieurs fois par mois, Janet et ses collègues de l'atelier Phoenix sortent en ville avec leurs patients. Ils vont, par exemple, au Carrefour Angrignon, à la salle de quilles, à la cabane à sucre et chez McDonald's : « Même si plusieurs d'entre eux ne parlent pas, ce sont tout de même de bonnes occasions d'établir des liens avec les gens.»

«Après tout, il n'est pas nécessaire de s'exprimer par des mots pour "tisser un lien"! Il suffit parfois d'un simple contact visuel ou d'un sourire réciproque. En plus de favoriser l'estime de soi des patients, la création de ces liens contribue à réduire la peur du grand public à l'égard de la maladie mentale. Il s'agit d'un excellent moyen pour lutter contre la stigmatisation.»

« Par exemple, l'une de nos patientes aime les bébés. Elle a elle-même un enfant. Il lui arrive très fréquemment de s'approcher de mères promenant leur bébé dans une poussette et de leur demander poliment si elle peut voir leur poupon. Les mères sont toujours contentes de lui montrer leur enfant. »

« Un autre de nos patients aime aller chez McDonald's. Bien qu'il ne puisse pas parler, nous l'incitons à commander lui-même ce qu'il veut manger ou boire. Ainsi, il pointe une illustration de ce qu'il souhaite avoir, qu'il s'agisse d'un muffin ou d'un jus. Les employés de McDonald's sont toujours respectueux et lui donnent un bon service. C'est une occasion idéale pour accroître sa confiance en lui-même. Les employés et les autres clients peuvent ainsi constater que les personnes qui souffrent de maladie mentale et qui sont confrontées à des handicaps intellectuels peuvent et doivent jouer un rôle au sein de la société. »

Au fil de sa carrière au Douglas, Janet s'est occupée d'enfants, d'adolescents, d'adultes et de personnes âgées atteints de divers types de maladies mentales. Peu importent le groupe d'âge et les défis à relever, elle tente toujours de s'améliorer. Janet se rappelle avoir demandé à une infirmière en chef : « Que puis-je faire d'autre  pour mes patients? » Celle-ci lui avait alors répondu : « Janet, vous donnez déjà votre 110 %! »

Des modèles inspirants

Enfant, Janet a dû surmonter ses propres défis. À l'école primaire, elle parlait rarement et, pendant plusieurs années, elle a fréquenté une classe d'éducation spécialisée. C'est là qu'elle a rencontré une enseignante qui était très attentionnée et qui croyait fermement au potentiel de chacun de ses élèves. Cette femme s'est révélée une véritable source d'inspiration pour Janet. Son exemple l'a incitée à consacrer sa vie aux personnes souffrant d'un handicap. Cette source d'inspiration est l'une des principales raisons qui expliquent la présence de Janet au Douglas.

Janet admire aussi sa tante Chacha, qui lui a enseigné le pouvoir de l'honnêteté : « Si je fais une erreur, tout particulièrement avec un patient, je l'admets immédiatement et je présente mes excuses. C'est une façon déterminante de traiter avec respect une personne qui lutte contre une maladie mentale. »

Lorsqu'on lui demande de résumer le succès de sa carrière au Douglas, Janet affirme : « Tous les jours, que ce soit verbalement ou par des gestes, un patient ou un collègue me dit qu'il m'aime. Combien de personnes ont la chance d'avoir une aussi belle carrière? »

En un mot ou deux…

Quel mot décrit le mieux la maladie mentale?
Unique et motivant.

Quel film a eu le plus d'influence sur votre vision de la maladie mentale?
Rainman et The Miracle Worker..

Comment préservez-vous un mode de vie équilibré?
En vivant l'instant présent et en étant consciente que tout est possible.

Qui fait, à votre avis, un travail hors pair pour démystifier la maladie mentale?
Les personnes qui souffrent d'une maladie mentale et qui sont prêtes  à en parler publiquement.

Croyez-vous que le Douglas sera encore là dans 125 ans? Oui, et la recherche sera sa vocation principale.

Un mot pour décrire le Douglas?
Tendre la main.