16-07-2009


De nouvelles installations pour le Douglas, au moment opportun

« J'ai commencé à travailler à l'Institut Douglas par suite d'une coïncidence ironique que la vie place parfois sur notre route », explique Kimberly Eyquem. Elle venait alors de perdre son frère de 38 ans qui, souffrant de maladie mentale, s'était suicidé.

Kimberly s'est jointe à l'Institut Douglas à titre de conseillère en communication, il y a trois ans, en vue de collaborer aux efforts visant à obtenir l'autorisation du gouvernement pour construire de nouvelles installations. C'est après que Douglas eut reçu le titre officiel d'Institut universitaire, en 2006, qu'on s'est mis à examiner ses infrastructures vieilles de 130 ans et que l'on a conclu qu'il fallait des installations modernes pour remplir le nouveau mandat.

Témoignage sur le suicide (en anglais)
Témoignage sur le suicide (en anglais)
Kimberly a fourni un important apport à l'évolution du projet. L'étude de préfaisabilité, terminée récemment, a été adoptée par le conseil d'administration en mai. Elle devrait être présentée au gouvernement provincial avant la fin de juin.

Un parcours professionnel réussi mène à une vie intense

Après avoir débuté sa vie professionnelle au service des communications et des politiques de la législature provinciale en Saskatchewan, à la fin des années 80, Kimberly était vraiment prête à assumer son rôle au Douglas. Entre-temps, elle a travaillé auprès de deux organismes de lobbying municipaux, d'abord en Saskatchewan, puis en Ontario. Dans les deux cas, elle représentait les intérêts de l'administration municipale auprès du gouvernement provincial. Dans le cadre des ses fonctions, elle devait examiner un ensemble de lois, règlements et situations afin de susciter des changements positifs. Par la suite, elle a travaillé pour une firme de relations publiques à Toronto. Kimberly s'en est tenue aux champs de compétences où elle excellait : fournir un leadership stratégique relativement à des questions d'importance, tant pour des organismes du secteur public que du secteur privé, l'accent étant placé sur les soins de santé.

Au début de la trentaine, Kimberly était une femme de carrière couronnée de succès. « J'occupais un poste de direction, j'avais un effectif nombreux, un gros budget, du prestige, mais cela ne me satisfaisait pas, au plan personnel, confie-t-elle. Je me suis rendu compte que j'en étais rendue, dans ma vie, à un point où il était devenu très important de fournir un apport positif qui allait au-delà de ma situation et de mes gains personnels et financiers. J'ai donc pris un temps de réflexion, et quand je suis retournée au travail, ce fut pour me joindre à un organisme humanitaire, en tant que directrice des communications, pour un salaire beaucoup moindre. Je gagnais probablement la moitié du salaire que je recevais auparavant, et j'occupais un poste d'un niveau beaucoup moins élevé, mais ce fut une expérience vraiment positive. Par la suite, j'ai eu deux enfants. Et, lorsque je suis retournée sur le marché du travail, j'ai décidé de continuer à faire quelque chose de positif de mon expérience et de ma vie professionnelle. »

Le destin a voulu que Kimberly atterrisse à l'Institut Douglas. Son frère s'était suicidé en février 2006 et, moins d'un an après, elle s'est fait offrir le poste.

Une perte qui engendre l'espoir

À la suite du décès de son frère, la famille de Kimberly a décidé d'en parler toutes les fois où cela aiderait d'autres personnes, dans la mesure de leurs moyens. La mère et le beau-père de Kimberly ont travaillé comme conseillers non professionnels auprès de gens dont un enfant s'était suicidé; ils parlent très librement de leur expérience, dans le cadre d'entretiens individuels. La mère de Kimberly a également pris la parole devant de petits groupes de personnes endeuillées. Quant à Kimberly, elle s'est adressée aux médias en quelques occasions, et elle parle ouvertement à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur le suicide, et qui ont besoin d'en entendre parler. Récemment, elle a relaté son histoire au lancement du livre de Monique Séguin, Ph. D., du Groupe McGill d'études sur le suicide de l'Institut Douglas, qui a écrit : Le suicide : le comprendre pour le prévenir.

« Mon expérience de la vie est inutile, si je ne la partage pas, explique Kimberly. Si je peux aider ou réconforter une seule personne, c'est bien. Cela en vaut alors la peine. »

Kimberly est fière de travailler à un projet qui profitera à des personnes atteintes de maladie mentale. Le nouvel immeuble procurera non seulement un milieu de guérison, grâce, notamment, aux chambres individuelles, bien éclairées, mieux insonorisées et mieux aménagées, mais aussi une plateforme enrichissante pour l'enseignement et la recherche. Kimberly travaille d'arrache-pied afin de transformer la vie de générations à venir de personnes atteintes de maladie mentale. C'est l'espoir qui lui insuffle sa force.  J.A.

En un mot ou deux…

Qu'est-ce qui décrit le mieux la maladie mentale?
Il s'agit d'une distorsion de la perception de soi ou de sa situation, qui est assez puissante pour perturber gravement son aptitude à s'engager dans une vie saine ou dans des relations humaines.

Comment maintenez-vous une vie équilibrée?
Je m'efforce de faire passer ma famille en premier, et de maintenir des liens étroits avec les gens et les centres d'intérêt qui nourrissent les aspects non professionnels de ma vie. Et j'essaie de rire autant et aussi souvent que possible.

Quel est le film qui a le plus influencé vos idées sur la santé mentale?
Girl Interrupted (Une vie volée) : c'est le premier film que j'ai vu qui se penchait sur les formes moins « intenses » ou stéréotypées de la maladie mentale, et cela m'a permis de me rendre compte que c'était quelque chose qui pouvait toucher n'importe qui, quel que soit le sexe, l'âge ou la situation.

Qui accomplit un travail remarquable dans la démystification de la maladie mentale?
L'Institut Douglas a vraiment fait œuvre d'innovation en présentant la maladie mentale au grand public par des programmes comme l'École Mini Psy et Vues de l'esprit. J'apprécie aussi beaucoup le travail effectué par CAMH pour démystifier la maladie mentale.

Dans 125 ans, l'Institut Douglas sera-t-il encore là?
Je dirais que oui, sous une forme ou une autre. J'ai de la difficulté à croire que dans 125 ans, nous connaîtrons tout ce qu'il y a à connaître sur le cerveau humain.

Un mot pour décrire le Douglas?
Espoir.