Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Médication

Depuis que je prends des antidépresseurs, ma créativité a disparu! S'agit-il d'un effet secondaire, ou est-ce que mon côté créatif doit être liquidé, parce qu'il me crée trop d'ennuis?

Comme pour tout médicament, il faut peser le pour et le contre de ce que vous apporte sa consommation. Les antidépresseurs peuvent s'avérer très utiles. Ils sont parfois nécessaires et parfois, non. Il serait irresponsable pour moi d'affirmer qu'une personne devrait ou non choisir cette médication alors que je ne sais rien des antécédents du cas. Certaines personnes qui prennent des antidépresseurs disent se sentir moins affectées par ce qui arrive, et donc moins déprimées et anxieuses. Par contre, d'autres personnes signalent un sentiment d'engourdissement. Elles trouvent que les antidépresseurs enlèvent un peu de piquant à leur vie. Cette tendance est relativement rare.

Prenez l'exemple d'un patient qui était un musicien très créatif et réputé. Il souffrait de dépression bipolaire et avait besoin d'un régulateur de l'humeur. Lorsqu'il a mis fin à cette médication, il a connu un épisode maniaque et s'est retrouvé tout nu dans les rues d'un village québécois, où la police a dû l'arrêter. Dans un tel cas, cesser de prendre sa médication n'était pas négociable. Il en avait besoin pour fonctionner normalement. Le médicament affectait sa créativité, mais c'était un faible prix à payer pour les avantages qu'il en tirait. Donc, pour répondre à votre question, cela dépend des bienfaits que vous en tirez et de sa nécessité. Par ailleurs, il arrive qu'une médication différente offre les mêmes avantages avec moins d'effets secondaires.

-Camillo Zacchia, École Mini Psy 2007

Si la dépression est en partie due à la chimie du cerveau, l’individu doit-il prendre de la médication pour le reste de sa vie?

La chimie du cerveau peut, selon moi, se modifier aussi par la psychothérapie. Mais la psychothérapie doit être régulière, intense, et donner les résultats escomptés. Dans le trouble obsessionnel compulsif, les données ont clairement démontré les effets avant et après la thérapie cognitivo-comportementale sur le cerveau. Certaines personnes sont plus sensibles à la psychothérapie, alors que d’autres nécessitent de la médication. Peut-être que dans 20 ans nous aurons découvert quels sujets sont plus susceptibles de répondre à tel ou tel type de traitement. Les traitements seront individualisés. Pour l’instant, je considère que si le cas est grave, la combinaison des deux est la meilleure solution.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010

En fait, tout ce qu’on apprend, tout ce qu’on voit, affecte le cerveau. La dépression peut être causée par les attitudes, les facteurs d’apprentissage, les facteurs biologiques et les situations, comme le deuil. Nous savons maintenant que la distinction entre les causes biologiques et psychologiques n’influence pas nécessairement le traitement. Les deux types de traitement peuvent aider la dépression peu importe les facteurs en cause.
- Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010

Comment ajustez-vous les posologies dans le cas d'adolescents dont le cerveau est encore en développement?

Il existe plusieurs pistes à étudier. Peut-être disposerons-nous de plus d'informations à un certain moment. Pour l'heure, il existe diverses études d’imagerie cérébrale avec des adolescents souffrant de dépression. En observant les images du cerveau d'une personne atteinte de dépression, on constate certaines anomalies. Traiter ces personnes au moyen d'une psychothérapie ou d'un traitement médicamenteux améliore la manière dont les médicaments agissent sur leur cerveau. À l'avenir, l’imagerie cérébrale et la tomographie par ordinateur seront peut-être utilisées régulièrement comme intervention de base pour traiter la dépression.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Les femmes enceintes peuvent-elles poursuivre un traitement antidépresseur?

Les femmes enceintes doivent suivre un programme spécialisé pour s'assurer qu'elles prennent les bons médicaments. Les gynécologues et les obstétriciens sont mieux informés qu'auparavant, et le CHU Saint-Justine dispose d'un centre spécialisé d’information. Évidemment, il vaut toujours mieux ne pas prendre de médicaments lorsque l'on est enceinte. Cependant, une femme enceinte traversant un épisode dépressif aura tout de même besoin d'un traitement. Certains médicaments sont permis pendant la grossesse même s'ils présentent des risques, car ces derniers sont très faibles par rapport à des symptômes de dépression et des idées suicidaires. Il est a noté qu’une femme enceinte doit être suivie après sa grossesse, étant donné que la période de post-partum est également risquée. Il vaut mieux bénéficier d'un soutien et parler de votre état avec votre médecin pendant votre grossesse et après la naissance de votre enfant.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

Combien de temps faut-il pour soigner une dépression?

Lorsque l'on soigne une dépression à l'aide d'antidépresseurs, le patient commence par le dosage le plus faible pour s'adapter aux effets secondaires. Le dosage est ensuite optimisé pour déclencher une réaction. Il faut compter trois semaines après la première semaine pour constater une amélioration. Si le patient tolère les médicaments, un traitement de 6 à 12 mois est alors nécessaire pour s'assurer qu'il va mieux. Après cette période, on réduit les antidépresseurs aussi graduellement qu'au début du traitement. Le patient est ensuite surveillé pour voir si les symptômes initiaux réapparaissent. Si tel n'est pas le cas, on réduit le dosage jusqu'à l'arrêt du traitement. Certains patients doivent tout de même être suivis pour s'assurer qu'ils ne traversent pas d'autres épisodes. La dépression peut être une maladie chronique, mais les symptômes peuvent être évités par la psychothérapie.
-Johanne Renaud, M.D., École Mini-Psy 2012

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