29-04-2010

Aborder avec sensibilité des sujets tabous


L’information a toujours occupé une place de choix dans la vie de Maryse Gagnon. Dès l’enfance, elle est entourée de livres et ses parents stimulent son esprit curieux en l’encourageant à fouiller pour trouver des informations de qualité. Alors qu’elle étudie en secondaire V, elle bénéficie d’un échange de professeurs entre la France et son école, au Lac-St-Jean. Elle se souvient plus particulièrement d’un professeur impressionné par la qualité de ses travaux. C’est lui qui l’encourage à se diriger vers l’écriture. « J’étais poche en maths, mais très bonne en français. Entendre un enseignant venu de France m’encourager de la sorte m’a motivée à aller plus loin.», précise-t-elle.

Elle entreprend d’abord des études collégiales en tourisme et géographie, puis part à l’Université de l’Alberta pour y compléter une mineure en arts et sciences. En 1990, elle se tourne vers le journalisme à l’Université de Montréal. C’est à la Société Radio-Canada qu’elle fait ses débuts comme journaliste et reporter. Elle collabore notamment au Téléjournal et aux bulletins régionaux d’Edmonton, d’Ottawa et de Montréal. En 1999, elle se joint au Groupe TVA, réseau pour lequel elle est présentement à l’emploi. Elle y travaille au service de l’information, autant pour le Bulletin de nouvelles TVA, que pour la chaîne d’information continue LCN et le Web. Comme journaliste, elle couvre l’actualité quotidienne nationale et internationale, participe en direct à presque toutes les soirées électorales fédérales, provinciales et municipales et est même envoyée spéciale sur la guerre en Afghanistan.

À travers tous ses reportages, Maryse Gagnon développe un intérêt spécial pour les sujets de santé mentale. Intéressée avant tout par le contact humain, par les rencontres autant avec des patients qu’avec des médecins ou des chercheurs, elle aime traiter de la maladie, de la souffrance, de la détresse de personnes trop souvent oubliées. « La santé mentale est un sujet extrêmement important, au même titre que d’autres sujets. Les bulletins d’information devraient selon moi en parler régulièrement. » La journaliste se sait utile lorsqu’elle transmet une information de qualité sur des questions souvent taboues. Son expérience l’a d’ailleurs convaincue de la pertinence de sa démarche. Elle est toujours agréablement surprise par le grand nombre de courriels qu’elle reçoit suite à ses reportages. Les gens la remercient d’avoir parlé de leur condition ou de leur difficulté en tant que proches d’une personne malade. « Je reçois davantage de courriels pour des sujets de santé mentale et je me fais un devoir de répondre à chacun d’eux personnellement. », confie-t-elle.

L’empathie est certainement l’une des grandes qualités de Maryse Gagnon. Elle sait s’émouvoir du quotidien des gens qu’elle rencontre et faire preuve de sensibilité, ce qui n’est pas toujours facile dans une salle de nouvelles où il faut aller vite. Elle a aussi beaucoup de respect pour ses sujets et c’est sans doute pourquoi elle se refuse à traiter certains sujets délicats et complexes dans le peu de temps dont elle dispose. « Je fais de la nouvelle », explique-t-elle. « Je ne peux pas aborder un sujet comme la schizophrénie en 1 minute 45 secondes! » La journaliste dénonce également la façon dont la maladie mentale est trop souvent abordée, soit sous l’angle de la violence. Rapporter des cas de folie meurtrière n’est pas ce qui l’allume, bien au contraire. C’est plutôt les dimensions humaine et sociale des maladies mentales qui piquent son intérêt. C’est ce qui lui permet de raconter de bonnes histoires.

Maryse Gagnon est une habituée du Douglas, où elle a réalisé plusieurs reportages. Quand des cas à dimension plus humaine se présentent, elle n’hésite pas à nous rendre visite. Au fil des ans, elle s’est notamment intéressée au stress post-traumatique, au stress prénatal, à la maladie d’Alzheimer, à la banque de cerveaux du Douglas et, plus récemment, à la remédiation cognitive. Ce dernier reportage a d’ailleurs été projeté le 2 mars dernier lors de la Soirée « Ouverts d’esprit » organisé par la Fondation du Douglas. Au cours de cette soirée, Maryse Gagnon a été honorée pour sa sensibilité et son engagement envers la cause de la santé mentale et sa fidélité envers le Douglas. « Je suis toujours étonnée de l’ouverture dont font preuve vos cliniciens et vos chercheurs. L’Institut Douglas me semble être une institution qui n’hésite pas à ouvrir ses portes. » Souhaitons que ce partenariat fructueux se poursuive encore longtemps!

En quelques mots…

Quels mots décrivent le mieux la maladie mentale ? Deux mots à la fois : souffrance et lumière

Quel film a le plus influencé vos idées sur la santé mentale ? Rainman

Comment préservez-vous un mode de vie équilibré ? Pour m’éviter de douter de moi et d’être fragile, j’aime m’occuper des gens que j’aime. Je fais aussi du bénévolat et je fais partie comme pianiste et chanteuse d’un spectacle que je présente avec un autre journaliste.

Qui fait, à votre avis, un travail hors pair pour déstigmatiser la maladie mentale ? Guy Latraverse. Quand une personnalité parle publiquement de sa maladie mentale, c’est très bénéfique.

Un mot pour décrire le Douglas ? Ouverture