01-09-2010


Un jeune garçon est le témoin impuissant de la dépression de son père et de ses tentatives de suicide. Il est si bouleversé qu’il culpabilise et songe lui-même à s’enlever la vie. C’est là la trame du film « Un ange à la mer », du réalisateur belge Frédéric Dumont, présenté en mai dernier à Vues de l’esprit 2010, une série de films sur la santé mentale présenté par l’Institut Douglas. Un tel sujet ne pouvait pas laisser indifférente Gisèle Forget Bordron, directrice de PABEMSOM, invitée à titre d’experte à la projection du film. « Notre association fait beaucoup pour aider les enfants aux prises avec de telles difficultés. Je trouvais utile de rappeler l’importance de la résilience et des efforts que nous déployons en ce sens. » confie-t-elle.

Fondé il y a plus de 20 ans, PABEMSOM s'occupe de l'entourage de personnes souffrant d'un problème de santé mentale dans le Sud-Ouest de Montréal (Côte St-Paul, LaSalle, Lachine, Pointe-St-Charles, St-Henri, Verdun, Ville-Émard). L’organisme cultive un lien tout spécial avec le Douglas puisqu’au départ, il organisait ses activités ici même à l’Institut. C’est Louise de Bellefeuille, infirmière, qui avait organisé les premiers groupes d’entraide dès 1984. Cet organisme communautaire met l’emphase sur le respect et l’empathie qu’il accorde aux personnes qu’il accueille. Son objectif premier est de soutenir les familles des personnes aux prises avec un problème de santé mentale, qu’il ait été diagnostiqué ou non.

Une directrice dévouée

Gisèle Forget Bordron consacre toutes ses énergies à PABEMSOM depuis 1993. Psychothérapeute de formation, elle y fait d’abord un peu de tout, à la fois comme coordonnatrice et comme intervenante. Elle suit ensuite une formation en gestion et devient, en 1997, directrice de l’organisme.

L’association qu’elle dirige a grossi au fil des ans. Au début, la subvention reçue ne s’élevait qu’à 23 000 $; elle est aujourd’hui de 130 000 $. Il faut dire cependant que les adhésions ont augmenté elles aussi pour se situer à 400 membres environ. Le fonds de roulement n’est donc pas énorme pour offrir à l’ensemble des membres des services de qualité et soutenir une équipe de trois employés et d’une trentaine de bénévoles. Il faut donc de la passion et du dévouement pour mener à bien tous les projets.

« Ma mère soufrait d’un trouble de personnalité limite », confie Mme Bordron. « À l’époque, on en parlait peu et l’aide disponible était quasi-inexistante. C’est sans doute ce qui m’a motivée à venir en aide aux parents, aux familles, afin de partager mon expérience et mon expertise ».

Des services adaptés

PABEMSOM offre à ses membres différents services. Tout d’abord, il y a un service de suivi individuel qui permet à ceux qui le souhaitent de parler et d’exposer ce qu’ils vivent à une personne informée. Il y a ensuite des ateliers de formation offerts aux parents et aux conjoints. Ces ateliers sont animés par une intervenante formée à l’approche d’Hélène Busque, psychologue clinicienne en CLSC et formatrice depuis près de 10 ans. Avec l’aide du suivi individuel, l’intervenante offre aux familles différents outils pour les aider dans leur cheminement, identifier les émotions désagréables qui freinent l'épanouissement de la personne dans son milieu de vie, ou encore renforcer des émotions positives et l’estime de soi. Les groupes d’entraide permettent quant à eux à plusieurs personnes de partager leur vécu sur un thème particulier. « Le sujet abordé pourrait être la culpabilité, par exemple. L’intervenante fournit des lectures utiles, propose des exercices et effectue un suivi la semaine suivante. » explique Mme Bordron.

Par son service de jumelage, PABEMSOM permet à des personnes ayant certaines affinités ou traversant des problématiques communes d’être en contact. Elles peuvent donc se téléphoner et s’entraider au besoin. PABEMSOM s’occupe aussi de référer les personnes vers des services thérapeutiques appropriées. Enfin, l’organisme est habileté à rédiger sur demande une évaluation clinique de dangerosité, avec les informations du parent qui doit se présenter à la cour, puis au poste de police.

Puisque PABEMSOM doit trouver de nouvelles sources de financement, un tout nouveau service a été mis en place dernièrement. L’organisme fait profiter toute personne qui le souhaite de ses services infographiques pour la réalisation de plaques gravées, de trophées, de certificats. Les sommes recueillies des clients vont notamment au financement du répit, un service qui permet aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale de se reposer en s’isolant de son quotidien.

PABEMSOM propose donc diverses solutions concrètes et originales visant à rendre moins pénibles les difficultés quotidiennes et à permettre aux membres des familles de reprendre le contrôle de leur vie.

Partenariats avec le Douglas et autres organismes

Cette année, PABEMSOM collaborait pour la toute première fois à l’événement Vues de l’Esprit organisé par l’Institut Douglas. À titre de paneliste, Gisèle Forget Bordron a pu répondre aux questions du public au sujet de la dépression et du suicide. C’est l’expertise acquise dans ce domaine par PABEMSOM par le biais de ses ateliers destinés aux jeunes enfants qui a valu cette invitation à la directrice. Au fil des ans, d’autres collaborations entre le Douglas et l’organisme communautaire ont eu lieu, notamment dans le cadre d’un colloque sur la confidentialité ou encore pour les recherches de chercheurs.

Depuis trois ans – et encore cette année, la directrice de PABEMSOM est aussi vice-présidente de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM), un organisme provincial regroupant 40 associations. La fédération est active au plan politique et travaille plus particulièrement à un projet d’envergure : l’instauration d’un cadre normatif afin d’assurer des services de base de qualité équivalente partout au Québec. Déjà une dizaine d’associations ont obtenu leur accréditation et PABEMSOM devrait l’obtenir au printemps prochain.