12-02-2009

La majorité des personnes qui ont des troubles mentaux graves aimeraient travailler, ne serait-ce qu’à temps partiel. Cependant, avec les services d’intégration existants, très peu y parviennent. De part et d’autre du Québec, on exprime le besoin de renouveau dans les approches existantes. Un chercheur de l’Institut Douglas, Eric Latimer, vient de publier pour l’Agence d’évaluation des technologies et modes d’intervention en santé du Québec (AETMIS), une étude sur la pertinence d’une nouvelle approche pour le Québec, qui est de plus en plus répandue à l’étranger : le placement et soutien individuels (IPS).

Cette approche s’appuie sur plusieurs principes :

  • Pour favoriser l’inclusion sociale et le rétablissement, il faut viser un emploi en milieu régulier (salaire minimum ou plus, emploi non réservé à des personnes handicapées)
  • Parmi le vaste éventail de possibilités sur le marché du travail régulier, il faut définir avec le client un emploi taillé sur mesure, qui répond à ses capacités et ses préférences
  • Une fois cet emploi défini, il faut aider le client à en trouver un le plus rapidement possible; les formations préparatoires sont inutiles
  • Le soutien accordé au client doit se maintenir dans le temps et se poursuivre bien au-delà de l’acquisition d’un emploi
  • Le conseiller en emploi qui accorde ce soutien doit travailler en lien étroit avec l’équipe clinique du client

Un programme efficace

Une synthèse exhaustive de la littérature scientifique aux États-Unis, en Australie, à Hong-Kong et à l’Institut Douglas, montre que le modèle IPS est beaucoup plus efficace que ses alternatives pour aider les personnes qui ont des troubles mentaux graves à intégrer un travail en milieu régulier. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le modèle IPS n’augmente pas les hospitalisations, probablement parce qu’il s’adapte aux choix du client et donc ne lui cause pas de stress indu. En fait, plusieurs des participants réussissent, après divers essais, à se maintenir en emploi pendant de longues périodes et en éprouvent des bénéfices personnels importants. La monographie démontre que plus un programme respecte les principes énumérés ci haut, plus il est efficace.

Besoin de plus de places

Depuis 2001, peu de programmes IPS ont été implantés au Québec, hormis celui de l’Institut Douglas. Pour répondre à la demande, la présente étude estime qu’il faudrait développer au moins 60 places par 100 000 habitants, ou environ 4 650 places à l’échelle de la province. À un coût estimé à 4 400 $ par place, cela représenterait un coût annuel d’environ 20,3 millions. Si ce montant peut paraître élevé, il doit être comparé aux dépenses de 18 à 25 millions faites par Emploi-Québec pour des mesures visant à accomplir une mission semblable, et celles d’environ 20 millions assumées par le MSSS pour divers programmes de réadaptation et d’insertion socioprofessionnelle – mesures et programmes généralement moins efficaces.

L'étude interpelle à la fois le réseau du Ministère de la Santé et des Services sociaux et celui du Ministère de l’emploi et de la Solidarité sociale pour accroître l’accessibilité à ce genre de programme au Québec.