L'honorable Michael Kirby relève le défi

06-11-2009


L'honorable Michael Kirby, qui a été sénateur et président du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, de 1999 à 2006, se rappelle le jour où les membres de son comité ont décidé de mettre en lumière la santé mentale. «Nous venions d'achever une très vaste étude sur le système de soins de santé de courte durée, et devions décider des prochains enjeux à aborder, explique-t-il. Pendant que nous discutions de notre mission, un à un, plusieurs membres du comité ont commencé à raconter des anecdotes personnelles à propos d'amis ou de membres de leur famille qui avaient dû faire face à une maladie mentale ou à une dépendance.»

Ainsi, la soeur de Michael Kirby a souffert de dépression pendant des années, au cours de sa vie adulte, et a même fait une tentative de suicide. «Elle s'est finalement rétablie, ce qui signifie qu'elle a pu mener une vie raisonnablement normale, étant donné les limites imposées par sa maladie, précise Sénateur Kirby. Avec l'aide psychiatrique appropriée et les bons médicaments, elle a pu surmonter la maladie. Elle a même obtenu une maîtrise et elle a travaillé pendant 15 ans, avant de succomber à un cancer.»

Alors, Sénateur Kirby, de même que de nombreux membres du Comité des affaires sociales, avaient vu de près les effets dévastateurs de la maladie mentale sur la vie des personnes atteintes et sur celle de leur entourage. Mais ils étaient aussi bien conscients des lacunes du système de soins en santé mentale. «Ma soeur tombait toujours entre les mailles du filet, confie le sénateur. Mais j'ai aussi constaté qu'il y a de grands espoirs pour les gens qui souffrent de maladie mentale s'ils obtiennent le bon traitement.»

La tête de l'emploi

Comme dans tous les projets qu'il a entrepris au cours de sa carrière, Michael Kirby savait qu'il pouvait changer la situation en matière de soins en santé mentale. «Toutes les tâches que j'ai réalisées au cours de ma carrière étaient complexes, et j'ai souvent fait face à de la résistance, mais je n'ai jamais reculé, et je ne le ferai pas, cette fois non plus.»

Parmi ses nombreuses réalisations, Sénateur Kirby a été secrétaire du Cabinet chargé de relations fédéralesprovinciales, et sous-greffier du Conseil privé de 1980 à 1983. À ce titre, il a pris une part active aux négociations qui ont mené au rapatriement de la Constitution canadienne et à l'intégration de la Charte des droits et libertés dans la Constitution.

Et, pendant son mandat à titre de président du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, le système de soins de santé du Canada a été le principal point de mire des travaux du Comité. L'étude d'une durée de deux ans que le Comité a menée sur le système hospitalier et les médecins a mené à la publication, en octobre 2002, d'un rapport intitulé «Recommandations en vue d'une réforme». À l'heure actuelle, les gouvernements provinciaux mettent en oeuvre bon nombre de ces recommandations.

Étant donné son expérience, son goût de réussir et son lien personnel avec la maladie, Sénateur Kirby était prêt à s'attaquer à cette tâche complexe.

Un bon début, mais il nous reste beaucoup à faire

Selon Michael Kirby, étant donné les nombreuses occurrences de maladie mentale, il n’était pas étonnant que tant de membres de son comité aient des histoires semblables à raconter. Et c’est ce qui a rendu leur tâche beaucoup plus réelle et importante. «Nous avons commencé par procéder à des audiences et à des recherches afin de déterminer ce que devrait être un système de santé mentale réformé, dit-il. Résultat : le rapport a fait l’objet d’une importante couverture médiatique et il a été adopté par les gouvernements provinciaux puis, surtout, par ceux qui dispensent des soins aux personnes souffrant de maladie mentale.»

C'est ce qui a mené à la création de la Commission canadienne pour la santé mentale. Le rapport, De l'ombre à la lumière, est paru le 9 mai 2006.

Mais Sénateur Kirby, qui a été nommé président du conseil d'administration de la Commission canadienne pour la santé mentale en mars 2007, trouvait qu'il y avait beaucoup à faire pour améliorer la qualité des services de santé mentale. «De plus, la stigmatisation des gens qui souffrent de maladie mentale est encore importante, précise-t-il. Il y a eu des progrès, mais en comparaison avec les progrès accomplis dans d'autres secteurs du réseau de la santé, ils sont minimes. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir.»

Selon Michael Kirby, pendant beaucoup trop longtemps, la maladie mentale a été placée au bas de la liste des priorités du gouvernement en matière de santé. «Pour un ensemble de maladies qui ont une si forte incidence économique, simplement à cause du grand nombre de personnes qui en souffrent, les maladies mentales reçoivent un très faible pourcentage des fonds octroyés à la recherche et des budgets affectés à la qualité et à la quantité de services »

La lumière au bout du tunnel

Le Sénateur Kirby croit toutefois que la publication du rapport sénatorial a donné un coup d'envoi en matière de santé mentale. «Nous avons ouvert une brèche : nous commençons à réduire la stigmatisation et la discrimination associées à la maladie mentale. Nous rendons plus facile aux gens le fait d'en parler. Et je sens également une volonté, à divers échelons, d'effectuer des changements : dans les secteurs public, privé, par les particuliers et le gouvernement.»

Michael Kirby a expliqué que le mandat de la Commission est de mettre en oeuvre une stratégie en matière de santé mentale au cours des prochaines années : il y aura une campagne anti-stigmatisation qui s'étalera sur dix ans. «Nous allons commencer par appliquer le programme anti-stigma auprès des enfants canadiens, car ils sont notre avenir. À long terme, c'est ce qui aura la plus forte incidence. Nous travaillons également à changer l'attitude des professionnels de la santé et à créer un mouvement social afin d'inciter un grand nombre de Canadiens à former un groupe national qui soutiendra cet appel au changement.»

En décembre 2008, la Gouverneure générale du Canada a annoncé que Michael Kirby était nommé Officier de l'Ordre du Canada, pour souligner sa carrière de plus de trente ans consacrée à servir le public en ce qui a trait à d'importantes questions de politique, et son engagement actuel dans le domaine de la santé mentale.

Effectuer des changements n'est peut-être pas facile, mais avec un homme comme Michael Kirby aux commandes, tout est possible.