Vaincre la stigmatisation

14-08-2009

Une citoyenne de Ville Lasalle a publié une lettre ouverte dans les pages de La Presse le 11 août dernier. Touché par les propos de l’auteur de la lettre, Jacques Hendlisz, le directeur général de l’Institut, a souhaité faire valoir le point de vue de l'Institut Douglas en lançant un appel à la compassion.

Dans une lettre publiée le 11 août dans La Presse, une citoyenne de Ville LaSalle, Danica Dragon Jacimovic, fait le récit d’une agression dont elle a été témoin. Elle dénonce un événement déplorable et pose des questions pertinentes. Par ailleurs, elle présume que l’agresseur - qu’elle surnomme « fou » et « hurluberlu » - souffre d’un problème de santé mentale parce qu’il se trouvait proche de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Elle sous-entend également que les personnes aux prises avec un problème de santé mentale sont violentes et suggère un coupable : la désinstitutionalisation.

Encore une fois, nous constatons que les mythes entourant les maladies mentales ont la couenne dure.

Souffrir en silence
Vingt pourcent de la population souffre ou souffrira d’un problème de santé mentale au courant de leur vie. Alzheimer, anxiété, dépression, anorexie, boulimie, schizophrénie, troubles bipolaires, etc. On ne choisit pas de souffrir d’une maladie mentale comme on ne choisit pas de souffrir d’un cancer. Les personnes malades méritent mieux que de se faire traiter de ‘fou’ et de ‘hurluberlu’. Elles méritent notre compassion et notre soutien. Les préjugés sont tels qu’une personne malade préfèrera souffrir en silence et voir sa santé s’aggraver plutôt que d’aller chercher de l’aide.

Un risque pour la société ?
L’événement regrettable que mentionne l’auteure de la lettre et le rapprochement qu’elle tente de faire avec celui –plus dramatique- de l’homme schizophrène paranoïaque qui a décapité un passager à bord d’un autobus l’année dernière, n’aident en rien à nous débarrasser de cette perception que les personnes souffrant de maladies mentales présentent des risques à la société. Pourtant, les faits dévoilent une autre réalité.

Des chercheurs canadiens ont démontré que moins de 4 % des interactions entre citoyens et les services policiers le sont avec des personnes ayant problèmes mentaux graves et que parmi toutes les personnes suspectes d’un délit, seulement 0.7% auraient un problème de santé mentale grave (Crocker, Hartford & Heslop, 2009). Plus souvent qu’autrement, ce sont elles qui sont victimes d’actes d’agressivité. « Le risque que pose la société pour la personne avec un problème de santé mentale est plus élevé que le risque que pose la personne avec un problème de santé mentale pour la société », rappelle la chercheuse de l’Institut Douglas, Anne Crocker, Ph.D.

Soigner dans la communauté
Heureusement, les gens qui souffrent de problèmes de santé mentale ne vivent plus dans les hôpitaux. Grâce aux percées scientifiques et à la sophistication des thérapies, l’époque asilaire – l’institutionnalisation- est depuis longtemps révolue. Partout dans le monde, ils vivent dans la communauté. Les études démontrent qu’ainsi, ils se portent mieux, qu’ils ont plus de chance de se rétablir, de mener des vies productives et de contribuer à la société. Soigner dans la communauté, c’est soigner mieux.

Vaincre la stigmatisation
L’Institut Douglas a décidé de combattre les préjugés liés aux maladies mentales en s’investissant dans des activités de sensibilisation du public. Il organise, entre autres, l’École Mini-Psy, une série de cours donnés par des spécialistes, de même que les Vues de l’Esprit, une programmation de films et discussions sur la maladie mentale. Avec ces humbles initiatives, combinées à celles de tous nos partenaires en santé mentale, nous espérons contribuer à changer les mentalités et faire en sorte que toutes les personnes atteintes d’une maladie mentale puissent jouir pleinement de leur vie.

Nous avons besoin de vous pour y parvenir.

Jacques Hendlisz
Directeur général
Institut universitaire en santé mentale Douglas