Des chercheurs du Douglas examinent l'hippocampe

25-09-2007


Avez-vous déjà remarqué comme il est difficile de réfléchir clairement lorsque l’on est très stressé? Une étude récente de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas pourrait expliquer pourquoi le stress entrave notre concentration. Cette étude, publiée dans la revue scientifique Biological Psychiatry, est la première du genre à démontrer qu’une région spécifique du cerveau cesse presque de fonctionner lors de situations stressantes. D’autres régions du cerveau semblent alors s’activer et réagissent au stress.

« Quand nous sommes stressés, plusieurs parties du cerveau, incluant l’hippocampe, semblent « s’éteindre » ».précise Jens Pruessner, chercheur principal de l’étude et directeur du thème de recherche sur le Vieillissement et la maladie d’Alzheimer du Douglas. « Nous avons d’abord été étonnés de constater que la région de l’hippocampe réduit son activité en réponse au stress.

L’hippocampe est une structure qui joue un rôle important dans les fonctions d’orientation spatiale, de la compréhension de nouvelles informations, de l’apprentissage et du souvenir. Il semble qu’au cours de périodes calmes (non stressantes), l’hippocampe est continuellement actif et sert de frein à la réponse au stress. Quand l’activité de l’hippocampe est réduite en réponse au stress, le frein est relâché et libère en quelque sorte, les hormones qui vont aider le cerveau et le corps à gérer le stress.»

Jens Pruessner, professeur adjoint au Département de psychiatrie, de neurologie et de neurochirurgie de l’Université McGill, avec l’aide de ses collègues de l’Institut Douglas et de l’Université McGill, a utilisé la technologie de pointe de tomographie par émission de positrons (TEP) et celle de l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMF). « Grâce à ces méthodes technologiques sophistiquées nous avons pu visualiser en temps réel comment le cerveau réagissait en situation de stress. », ajoute Jens Pruessner. «C’est la première fois que ce type d'observation est effectué».

Cinquante volontaires en bonne santé ont pris part à l’étude. Il leur était demandé de résoudre mentalement des problèmes arithmétiques complexes alors que le cerveau était imagé par balayage TEP ou IRMF. Les niveaux de cortisol furent aussi mesurés. Nous avons observé que lorsque les sujets avaient une réaction au stress, l’activité de l’hippocampe déclinait. Cela fut observé dans les deux modes d’imagerie, validant ainsi nos résultats. De plus, le degré de désactivation de l’hippocampe était lié à la quantité de cortisol libéré, suggérant une relation linéaire entre les deux. « Comme l’hippocampe est impliqué dans plusieurs fonctions cognitives, notre prochain défi est de déterminer si cet arrêt d'activité de l'hippocampe influence ces autres fonctions comme on le suppose. », déclare Jens Pruessner.

Cette recherche a été soutenue financièrement par les Instituts de recherche en santé du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.