Les cliniciens et les chercheurs en santé mentale sont de plus en plus conscients du besoin urgent de nouveaux traitements pour les troubles psychiatriques graves. L’état de nombreux patients ne s’améliore pas après plusieurs traitements pharmacologiques et (ou) psychothérapeutiques; d’autres ne tolèrent pas les effets secondaires ou les problèmes d'adhésion à ces traitements.

Pendant plusieurs décennies, très peu de traitements somatiques non pharmacologiques étaient disponibles pour soigner les troubles psychiatriques. Heureusement, grâce à notre compréhension accrue de l’architecture neuronale et de la neurobiologie des maladies mentales, cette situation est en train de changer rapidement. En réalité, de nouvelles techniques de stimulation cérébrale – qui vont "stimuler" des régions spécifiques du cerveau – voient le jour rapidement et sont autant de voies hautement prometteuses pour le traitement d’un certain nombre de troubles psychiatriques.

Les recherches dans ce domaine se développent rapidement et des signes indiquent que les 20 premières années de notre millénaire pourraient bien être les décennies de la «stimulation cérébrale en psychiatrie».

L’utilisation de certaines techniques de stimulation cérébrale, telles que la stimulation magnétique transcrânienne répétitives (SMTr), est déjà officiellement approuvée. Elles sont, par conséquent, disponibles dans plusieurs centres d’études dans le monde. D’autres techniques, telles que la stimulation transcrânienne à courant continu (STCC) et la stimulation magnétique transcraînienne profonde (SMTP) font actuellement l’objet d’études poussées et pourraient être disponibles pour une utilisation clinique dans les prochaines années.

Comment fonctionne la stimulation cérébrale?


Le cerveau humain est extrêmement complexe. Cent milliards de neurones et 100 trillions de connexions captent, analysent et réagissent à l’environnement. Toutes ces interactions s’effectuent par le biais d’une combinaison de communications électriques et chimiques. Chaque information est transformée en impulsion électrique qui circule jusqu’à une synapse neuronale où elle libère des substances chimiques.

En d’autres termes, le cerveau – en réalité, chaque neurone – convertit constamment des renseignements électriques en signaux chimiques, puis de nouveau en renseignements électriques. Le cerveau est, par conséquent, un «organe électrique» qui fonctionne à «l’électricité».

Les méthodes de stimulation cérébrale non invasives tirent parti des propriétés électriques du cerveau : en transmettant de faibles courants électriques à ses cellules, on provoque des modifications neurochimiques localisées. Pour ce faire, on applique des électrodes ou des spirales magnétiques sur le cuir chevelu d’une personne et on envoie un courant ; le but est de «réajuster» l’activité physiologique de zones cérébrales spécifiques qui ne fonctionnent pas comme elles le devraient en raison d’un trouble psychiatrique.

Les connaissances en neuromodulation vont vraisemblablement progresser de façon substantielle dans les années à venir. De nouvelles méthodes de mises en œuvre, des applications plus larges des technologies existantes et une meilleure compréhension des mécanismes neuraux de la stimulation cérébrale amélioreront la sécurité et l’efficacité des traitements neuromodulatoires, et contribueront à une meilleure compréhension de la neurobiologie sous-jacente aux troubles psychiatriques.
 



Marcelo Berlim, M.D.