Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Traitement

Les électrochocs sont-ils encore utilisés et sont-ils efficaces contre la schizophrénie?

On les utilise encore, mais rarement pour des troubles psychotiques. Cependant, la thérapie électrovonvulsive (TEC) a tendance à être plus efficace contre la dépression psychotique. Un cas de dépression grave, aussi appelé mélancolie, pourrait être associé à des symptômes psychotiques. Par conséquent, si une personne est très triste et extrêmement découragée, elle peut avoir l’impression que son corps s’est transformé et qu’elle a tout perdu dans la vie; elle entre donc dans ce mode très négatif. Il a été démontré que la thérapie électroconvulsive est l’un des meilleurs traitements pour ce genre d’épisodes dépressifs graves. Elle a été découverte en 1936 par Seletti, un psychiatre italien, et a depuis été utilisée pour traiter d'autres troubles.

Dans ma pratique, je vois surtout des jeunes affligés de troubles psychotiques et non de dépression psychotique. Je ne peux me souvenir de la dernière fois où j'ai eu recours à la TEC.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Les médicaments antipsychotiques peuvent-ils produire la maladie de Parkinson?

Ces médicaments ne peuvent engendrer la maladie de Parkinson elle-même, mais ils entraînent parfois des symptômes semblables au Parkinson, soit des tremblements ou une certaine rigidité. Cela tient au fait que des médicaments utilisés pour traiter la schizophrénie affectent la même région du cerveau que celle impliquée dans la maladie de Parkinson. Les symptômes peuvent cesser lorsqu'on cesse de prendre ces médicaments.
-Judes Poirier, Ph.D., École Mini Psy 2006

Mon frère a pris beaucoup de poids depuis qu'il prend des antipsychotiques. Que peut-il faire à part bien manger et faire de l'exercice?

De nouveaux médicaments sont apparus sur le marché canadien dans les dernières années et sont neutres au niveau de la prise de poids. Demandez à votre médecin de vous parler du Zeldox et de l'Abilify.
- Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

Quelles sont les conséquences du cannabis ou de l'alcool chez un jeune schizophrène qui, par ailleurs, réagit bien au traitement?

Je crois qu'une consommation modérée d'alcool ne constitue pas un grave problème. Il faut penser au contexte. Si une personne va bien et qu'elle veut avoir une vie sociale, nous ne pouvons pas lui dire : « Comporte-toi normalement, mais fuis tes amis quand ils boivent. » La modération est le maître mot dans ces circonstances.

Le cas du cannabis est légèrement différent. Nous ne conseillerions jamais à quelqu'un de fumer du cannabis s'il a éprouvé un trouble psychotique. Cependant, les jeunes continuent à le faire. Nous les encourageons à faire suffisamment confiance à leur clinicien pour l'en aviser lorsqu'ils ont des activités de ce genre. Nous avons vu des patients réduire de beaucoup leur consommation de psychotropes et s'en tirer relativement bien. Mais on constate des problèmes chez ceux qui continuent à en faire une grande consommation. On note aussi des différences entre le cannabis et l'alcool pour ce qui est de leur relation aux psychoses. Quant au speed, à l'ecstasy, au LSD et à la cocaïne, ces substances sont absolument à proscrire!
-Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

Comment savez-vous si les médicaments fonctionnent ou pas?

Selon moi, les critères les plus importants sont les suivants : la personne semble-t-elle un peu plus heureuse? Souffre-t-elle un peu moins? Les symptômes ne fournissent pas de diagnostic. Ce qui permet de l’établir, en revanche, c'est le degré de douleur, de souffrance et d’affaiblissement des fonctions. Mes principaux critères de rémission sont donc les suivants : Êtes-vous plus heureux? Sortez-vous davantage? Voyez-vous vos amis plus souvent? Retournez-vous à l’école? Réalisez-vous vos rêves?

Je vois parfois des patients qui prennent des médicaments, qui continuent à avoir des hallucinations et quelques idées délirantes, mais qui fonctionnent beaucoup mieux, qui retournent à l’école, au travail, etc. C'est très important. Nous savons qu’il y a une corrélation entre un meilleur fonctionnement et un nombre moins important de symptômes. Nous observons donc également ces derniers. Nous sommes très satisfaits lorsque les hallucinations ou les délires se font plus rares et que les gens reviennent à ce que nous appelons la «réalité normale».
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Quelles sont les nouvelles formes de psychothérapie offertes aux patients psychotiques?

C’est une forme de thérapie que l’on appelle thérapie cognitivo-comportementale ou TCC. L’un des aspects concernant la forme la plus récente de psychothérapie a été littéralement élaboré en se fondant sur la théorie de l’apprentissage. Nous avons pris les principes de la théorie de l’apprentissage et nous sommes posés les questions suivantes : Comment pouvons-nous utiliser nos connaissances sur les méthodes d’apprentissage et comment cet apprentissage influence-t-il le comportement ? Nous avons ensuite replacé le tout dans un contexte psychothérapeutique.

En TCC, dans les cas de psychose, nous essayons d’amener les patients à identifier les déclencheurs de leurs hallucinations ou de leurs délires, et leur apprenons ensuite différentes façons de les gérer. Identifier les déclencheurs constitue un avantage majeur.

Nous utilisons également la psychoéducation, qui consiste à informer le patient et sa famille des tenants et aboutissants de la maladie. Cela fait des merveilles pour toute la famille. Par exemple, si vous dites à des parents que la raison pour laquelle leur enfant est enfermé dans sa chambre et refuse d’en sortir est qu’il traverse une sorte de délire, ils seront moins enclins à le critiquer et plus susceptibles d’essayer d’aller lui parler pour le soutenir.
-Joseph Rochford, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Les personnes souffrant de schizophrénie peuvent-elles cesser de prendre des médicaments si elles se sentent mieux?

Lorsque les gens se sentent mieux, la première chose à laquelle ils pensent c'est : «Je vais arrêter de prendre mes médicaments. Ne me dites pas que ce sont ces petites pilules qui m’aident à me sentir bien parce que, dans le fond, je sais qui je suis, je suis pleinement conscient de ma réalité et ce qui m’est arrivé est bizarre mais c’est du passé.» Malheureusement, lorsqu’ils cessent de prendre leurs médicaments, les délires resurgissent pour les mêmes raisons qu’elles étaient apparues au départ.

Toutefois, dans 10% environ des cas, nous traitons le patient pendant six mois ou un an, et les symptômes ne réapparaissent pas. Nous supprimons les médicaments progressivement et observons ce que nous appelons «les signes avant-coureurs» : diminution du sommeil, anxiété accrue, etc.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Quel effet peuvent avoir les vidéoclips et les films violents sur quelqu'un qui est psychotique?

Nous ne pouvons empêcher nos jeunes d'être bombardés par toutes sortes d'images. C'est quelque chose que nous devons accepter. Je crois que nous pouvons sensibiliser le système scolaire et pédagogique. Je sais que certaines administrations ont fait de l'excellent travail en intégrant à leurs programmes scolaires des cours d'éducation à la santé mentale. Cela ne répond pas directement à votre question, mais je ne crois pas que nous pouvons ou que nous pourrons jamais contrôler les messages télédiffusés.
-Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

Est-ce qu'une personne qui souffre de psychose pourra un jour retrouver la santé?

Oui. En fait, la plupart des médicaments antipsychotiques dont nous disposons permettent au patient soit de ne pas avoir de délires ou d’hallucinations, ou au moins de les ignorer. En termes de traitement, ils ne se débarrassent pas nécessairement de la maladie, mais permettent aux gens d’y faire face de façon plus rassurante pour eux.

Pourquoi ne peut-on pas soigner contre son gré une personne qui souffre de schizophrénie, si c'est pour son bien?

Comme la plupart d'entre vous le savez, nos diverses lois sur la santé mentale (elles diffèrent d'une province à l'autre mais se ressemblent beaucoup) ne sont pas basées sur des arguments médicaux. D'abord, elles privilégient la liberté personnelle. Ensuite, elles évaluent pour chaque patient la possibilité de causer du tort à autrui ou à lui-même. À moins de démontrer l'existence de telles conditions, nous ne pouvons forcer quelqu'un à prendre des médicaments. Nous croyons parfois avoir suffisamment d'indications pour prouver que l'état d'une personne va se détériorer, mais cette preuve peut échouer à convaincre le juge. Il ne s'agit pas d'une décision d'ordre purement médical.

Faut-il combiner la médication à d'autres traitements pour bien soigner la schizophrénie?

Des études récentes semblent indiquer que, sans constituer des traitements en tant que tels, certaines approches – comme le fait de combiner des oméga 3 et de la vitamine E – peuvent constituer une « protection supplémentaire ».

On mène présentement une étude en Israël où des patients prennent diverses combinaisons d'oméga 3 et de vitamine E, en plus de leurs médicaments réguliers. Cette recherche permettra peut-être de réduire la médication nécessaire, tout en protégeant mieux le cerveau. On jugera selon les résultats. Pour ce qui est de la nutrition, notre programme enseigne aux jeunes la façon de préparer leurs aliments et de faire de bons choix alimentaires. Quant à l'exercice, c'est un facteur crucial, vu l'importance du problème de l'obésité. Et tout le monde sait qu'une bonne façon de se sentir mieux est de faire de l'exercice! C'est ce que nous enseignons à nos patients.

Si l'on détecte un gène responsable de la schizophrénie, comment ferons-nous pour empêcher ce gène de s'exprimer?

À mon avis, il n'existe pas de gène spécifique qui soit responsable de la schizophrénie. Une foule de gènes jouent un rôle dans cette dynamique. Nous ne connaissons pas encore le nombre de gènes en cause. Même si l'on ne peut jurer de rien, je ne crois pas que l'on puisse prévenir la schizophrénie par une démarche d'ordre génétique. Par contre, en comprenant les bases génétiques de la schizophrénie, nous apprenons des choses sur le développement de cette maladie et sur de meilleurs modes d'intervention dans son processus.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2006

L'expression créative peut-elle être utile au rétablissement?

Absolument. Au Douglas, nous offrons de nombreuses activités créatives. PEPP-Montréal comprend un groupe créatif auquel nous invitons les gens à se joindre et à participer. L'un de nos participants est une femme qui a des antécédents de psychose. Elle prépare actuellement une maîtrise en art-thérapie. Elle a récemment présenté toute son expérience dans un théâtre de Montréal, et s'est également beaucoup impliquée dans cette activité avec des patients. Il s'agit d'une excellente méthode de thérapie qui peut aider les malades qui apprécient les arts.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Quels sont les meilleurs moyens d’aider une personne atteinte de schizophrénie à contrôler ses symptômes?

Selon moi, les médicaments sont très efficaces pour aider les gens à contrôler leurs symptômes. Dans 80 % des cas, s’ils prennent leurs médicaments, les symptômes disparaîtront complètement ou disparaîtront à près de 90 %. Parfois, quelques symptômes persistent comme des hallucinations ou des délires. La thérapie cognitivo-comportementale est alors utilisée parce qu’elle est efficace pour aider les gens à contrôler ces symptômes particuliers. Ce qui importe également, c'est d'aider les patients à se défaire de leurs idées délirantes et de comprendre qu'elles font partie d'une expérience psychotique et non de la réalité.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

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