Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts

Quelle est la relation entre la consommation de marijuana et les troubles bipolaires?

La marijuana peut provoquer anxiété et dépression, mais le sevrage aussi. L’autre mauvais côté de la marijuana est qu’elle peut agir comme un déclencheur chez les personnes plus susceptibles de développer une psychose. Enfin , un autre problème est que les gens pensent souvent que la marijuana qu’ils consomment est de qualité. Mais ils en supportent mal les effets, se rendent aux urgences, effectuent un examen d’urine et trouvent du PCP (ou poussière d’ange) dans leur système. Cette drogue peut déclencher de nombreuses hallucinations. La marijuana est également mélangée à des amphétamines, de la cocaïne et toute sorte de choses.

Il est compliqué de répondre à cette question. La marijuana peut-elle déclencher un épisode de trouble bipolaire chez une personne qui y est prédisposée pour des raisons génétiques, etc.? Il ne fait aucun doute qu’elle serait un facteur déclencheur. Il existe un autre facteur, un facteur environnemental, qui accélèrerait le processus. En fait, nos gènes interagissent avec l’environnement. Si l’un de ces gènes vous prédisposent au développement des troubles bipolaires mais que vous faites très attention pour contrôler votre niveau de stress, que vous vous assurez de bien dormir la nuit, que vous avez un mode de vie normal, etc., que vous évitez de consommer de la drogue, il est possible que vous ne développiez jamais ces troubles.

Ces connaissances sont issues de la recherche sur le cancer du côlon. Si l’un de vos gènes vous prédispose au cancer, mais que vous disposez d’un bon environnement et d’un bon régime, vous ne développerez probablement pas de cancer. Si deux de vos gènes vous prédisposent au cancer du côlon, mais que vous êtes suffisamment prudents, vous développerez peut-être des polypes, lesquelles peuvent être dépistées et éliminées si vous effectuez une colonoscopie chaque année. Vous aurez suffisamment de chance pour que tout aille pour le mieux. Mais si vous avez une mauvaise alimentation et que vous ne consommez pas assez de fibres, vous finirez par développer un cancer du côlon. Enfin, si vous avez les trois gènes de prédisposition au cancer du côlon, quoi que vous fassiez, vous ne pourrez malheureusement pas l’éviter. Ce type d’interactions entre la génétique et l’environnement sont traitées par la médecine en général et pas seulement en psychiatrie. Tel est l’état de nos connaissances à ce jour.

-Serge Beaulieu, Ph.D., École Mini-Psy, 2009

 

Qui convient-il d’appeler lorsqu’une personne est prise d’accès maniaques? La police?

Cela dépend de son état. Si cette personne devient dangereuse pour elle-même ou pour les autres, vous devriez alors appeler la police. Et par police, j’entends ambulance et police. Le Code civil du Québec (article 26 à 30), les autorise à déclarer que, selon eux, une personne constitue un danger pour elle-même ou pour les autres. Ils ont le pouvoir de la forcer à aller à l’hôpital afin de subir un examen psychiatrique. Ils n’ont plus besoin qu’un juge intervienne pour cela. Le feront-ils? Non, par crainte des poursuites. Si le patient est connu d’un médecin, ils feront leur possible pour communiquer avec ce dernier. Je dois parfois insister lourdement pour qu’un agent de police m'amène un patient.

Dans les circonstances où il y a des zones grises, la famille, les amis ou une personne qui s’intéresse au patient, devront se rendre à un tribunal, une clinique communautaire ou un service de justice psychiatrique, où des psychologues et des travailleurs sociaux qui connaissent ce genre de situations, qui travaillent avec la police, sont en mesure d’intervenir, connaissent les procédures et vous demanderont de décrire le comportement dangereux. Vous obtiendrez une ordonnance du tribunal en vue d’une évaluation psychiatrique. La personne est ensuite tenue de se présenter.

Mais savez vous ce qui fonctionne le mieux? C’est la signature du patient. C’est ce que nous faisons en psychoéducation. Nous leur demandons de conclure un contrat avec une personne dont ils respectent le jugement. Cette dernière peut ensuite leur rappeler qu’ils ont signé ce contrat et qu’il est maintenant temps de se soumettre à une évaluation. La plupart du temps, si nous y parvenons, nous pouvons résoudre les choses sans trop de problème. Toutefois, s’ils sont réellement agités ou incontrôlables, qu’il n’y a pas de solution et qu’ils deviennent irritables ou violents, je pense qu’il n’y a pas d’autres options que de demander aux ambulanciers d’intervenir, malheureusement.

-Serge Beaulieu, Ph.D., École Mini-Psy, 2009
 

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