16-07-2012


La moitié des jeunes du Programme d’intervention intensive (PII) de l’Institut Douglas souffrent de troubles de comportements alimentaires tandis que les autres présentent des troubles variés tels que de l’anxiété grave , des troubles affectifs ou des troubles psychotiques sévères. Ils sont âgés de 12 à 17 ans et arrivent à l’Hôpital de jour et à l’Unité de soins quand les ressources de 1re ligne ne suffisent plus.

Plans de rénovations en mains, Jean-François Bélair, M.D., défonce des murs au pavillon Stearns. C’était il y a neuf ans. Le psychiatre et chef médical du programme d'intervention intensive venait d’entrer en fonction. Dix années au Royal-Victoria à travailler avec une clientèle adolescente nécessitant une hospitalisation avaient convaincu le docteur Bélair de l’importance de l’environnement dans leur rétablissement. « Quel message envoie-t-on à un jeune et sa famille si l’unité est mal entretenue, les couleurs délavées et les locaux trop petits pour les accueillir ? On lui dit qu’il n’en vaut pas la peine ! » lance le médecin.

Aujourd’hui, l’endroit est soigné et apaisant. Le message des lieux est clair : toute personne mérite le respect, qu’elle séjourne à l’unité ou qu’elle y travaille. Pour Jean-François Bélair, le réaménagement des locaux visait aussi à favoriser l’interdisciplinarité qui est à la base même du PII.

« Le travail interdisciplinaire, c’est une approche concertée. Chacun contribue par son expertise à améliorer les interventions des autres membres de l’équipe. Par exemple, le comportement inhabituel d’un jeune décrit en réunion pourrait nous amener à ajuster sa médication ou à lui proposer un suivi individuel avec notre psychologue. Nous échangeons et communiquons constamment entre nous, mais aussi dans nos rencontres avec le jeune, sa famille et ses différents intervenants externes », explique le médecin.

Vous connaissez le chef médical du PII, Jean-François Bélair, découvrez maintenant ce qui anime cette équipe dont il est si fier.

  • Une agente de relations humaines
  • un infirmier
  • une nutritionniste
  • un éducateur
  • une psychologue

Tous témoignent de leur passion pour leur travail auprès des adolescents. Marie-Josée Ouellet, Ph.D., psychologue, a été appelée auprès d’un patient au moment de faire l’entrevue.

Pour compléter le tableau brossé par le docteur Bélair, nous avons rencontré la chef clinico-administrative au PII et le préposé à l’entretien au Stearns. Deux incontournables parce qu’aux dires mêmes du chef médical : « Ils sont indispensables au maintien du bon fonctionnement de l’unité. »

Danielle Gauthier, agente de relations humaines


« Il n’y a jamais une journée pareille à l’autre. On doit toujours s’adapter à ce qui survient et ce défi est passionnant », soutient Danielle Gauthier. L’agente de relations humaines travaille au Douglas depuis 30 ans dont 20 ans consacrés au PII. Elle est en quelque sorte la porte d’entrée de l’unité. C’est elle qui gère les admissions et accueille les familles. « Ici, on vise l’excellence », précise-t-elle. « On compare toujours nos protocoles de soins avec ceux pratiqués dans d’autres pays pour offrir ce qu’il y a de mieux aux adolescents. »

Chaque semaine, Danielle rencontre les familles des jeunes hospitalisés. « Les parents se sentent souvent impuissants quand ils arrivent à l’hôpital », souligne-t-elle. « Je les informe, je les conseille et, surtout, je leur donne de l’espoir. » Danielle est curieuse, passionnée et aime innover. « J’aime proposer aux familles des activités ludiques pour qu’elles retrouvent le plaisir d’être  ensemble », explique-t-elle.

Elle réunit donc parents et enfants autour de pots de gouache et de colle et les invite à bricoler ou elle les rassemble autour d’un repas. « Mon but est de faire le lien entre l’hôpital et la maison. Je m’assure que les jeunes puissent  appliquer leurs nouveaux acquis quand ils retournent chez eux. » Chaque fin de semaine, les adolescents ont donc des tâches précises à accomplir à la maison. « Cette semaine, ils ont tous réussi leurs défis, s’exclame-t-elle, je suis comblée ! »

Montrose « Monty » Hinkson, éducateur

Natation, cuisine, jardinage… Plusieurs activités sont proposées aux adolescents hospitalisés à l’Unité  l’intervention intensive. Elles ne sont pas obligatoires mais elles font partie de l’approche thérapeutique et la majorité des jeunes y participent.


Monty Hinkson est éducateur depuis 25 ans au pavillon Stearns. Il propose ces activités aux jeunes pour briser la monotonie de leur séjour. « Nous tentons de les intéresser à des activités nouvelles», explique-t-il. Le but visé n’est pas la performance mais la détente et le plaisir. Certains jeunes préfèrent la zoothérapie. Le contact avec les animaux les apaise.

Selon Monty, l’authenticité est la qualité la plus importante pour travailler avec les adolescents.« Il faut être honnête et surtout leur faire sentir que nous sommes présents et à l’écoute», insiste-t-il. Par le biais des activités proposées, l’éducateur essaie de rendre plus agréable le séjour des jeunes à l’hôpital. « J’essaie de leur fournir des occasions de développer de nouveaux intérêts et d’acquérir des outils pour devenir de plus en plus responsables de leur bien-être. »

Mélanie Tardif, nutritionniste

« Je suis souvent la dernière personne que les jeunes veulent rencontrer », avoue Mélanie Tardif, nutritionniste depuis 2010 auprès des adolescents du programme qui souffrent de troubles de l'alimentation. «C’est un grand défi de travailler avec les jeunes, mais c’est passionnant.» Mélanie savait à la fin de ses études qu’elle voulait travailler avec les adolescents aux prises avec des troubles de l'alimentation complexes. «On entend tellement parler de diète. Je voulais montrer aux jeunes que manger peut être une activité agréable.»

Elle établit un plan nutritionnel pour chaque adolescent qu’elle rencontre, mais surtout elle détricote les nombreux mythes alimentaires. « Il y a tellement de mythes qui circulent à propos des gras, des féculents et des diètes », déplore-t-elle. « Je leur explique qu’il est important d’avoir un régime équilibré, mais qu’on peut manger du chocolat sans se sentir coupable. »

Le plaisir est un mot qui revient régulièrement quand elle parle. Elle organise d’ailleurs des ateliers de cuisine pendant lesquelles la consigne est la relaxation et le plaisir. Elle prépare, avec les jeunes, un repas qu’ils dégustent ensemble par la suite. Il est alors interdit de parler de diète, d’image corporelle ou de troubles de l'alimentation. Un énorme défi pour plusieurs patients. « Chaque jeune a son rythme », précise Mélanie. « Il est important de respecter les adolescents et de les rassurer. Ma plus grande récompense, c’est quand l’un d’eux me remercie. »

Yves Boucher, infirmier


Yves Boucher, infirmier, n’avait jamais envisagé de travailler avec les adolescents une fois ses études en sciences infirmières terminées. Après trois ans de pratique à l’Institut Douglas auprès de la clientèle adulte, il a obtenu un poste au Programme d’intervention intensive avec les jeunes. Il y est depuis maintenant 20 ans et il adore ce qu’il fait. « L’apprentissage a été difficile », admet Yves Boucher. « Il ne faut pas avoir peur de se remettre en question quand on travaille avec des adolescents. Ils ont un sixième sens qui leur permet rapidement de détecter si on est honnête ou pas. »

L’infirmier participe à l’évaluation physique et mentale de chaque nouveau patient lors de son admission à l’unité. Sa priorité est de créer un lien de confiance avec lui. « Plus le lien de confiance s’établit rapidement, moins la durée de l’hospitalisation sera longue », explique-t-il. Et comment parvient-il à gagner la confiance des jeunes? « Il faut avoir le sens de l’humour, se souvenir de sa propre adolescenceet s’inspirer des adultes qui nous ont influencés  positivement », estime Yves. « Et surtout, il ne faut jamais oublier la détresse qui se cache derrière la façade de ces jeunes. »

Dany Parker, responsable de l'entretien

Dany Parker, responsable de l’entretien, travaille depuis 26 ans à l’Institut Douglas et depuis deux ans et demi pour le PII au pavillon Stearns. Si l’unité brille de propreté et que les planchers rutilent, c’est grâce à ses bons soins. « Je prends mon travail à coeur, explique-t-il. Plusieurs jeunes sont préoccupés par l’hygiène. C’est important qu’ils se sentent bien ici, dans un environnement propre et gai. »

Dany Parker ne néglige aucun détail pour rendre les lieux agréables: il arrose les plantes et replace au passage une affiche ou une photo décollée. Il travaille en sifflant ou en chantant. « Je suis jeune de coeur », confie-t-il. C’est probablement cette qualité qui incite les jeunes à discuter avec lui quand ils le croisent. « Je suis curieux, explique-t-il, j’aime leur parler, savoir quels sont leurs passetemps et j’aime bien faire des blagues avec eux. »

Maria Mastroianni, chef clinico-administrative


Maria Mastroianni est chef clinico-administrative du Programme d’intervention intensive depuis deux ans et demi. Elle veille au bon fonctionnement de l’unité et aux besoins de la clientèle. Bien qu’elle ait travaillé en gériatrie pendant plusieurs années, elle apprécie beaucoup son travail auprès des adolescents. « C’est une vocation », explique-t-elle. « Je voulais devenir enseignante quand j’étais plus jeune. » Chaque jour, elle salue les jeunes et prend de leurs nouvelles. « Voir leurs sourires quand je les croise, c’est ma plus grande motivation », souligne-t-elle.

Afin de rencontrer les nombreux professionnels de son équipe, Maria Mastroianni travaille régulièrement de longues heures. « Quand je rentre à la maison, mes enfants m’appellent Mme Stearns! Ils savent que mon travail me passionne », ajoute-t-elle en riant.

Son expertise de travailleuse sociale ajoute une couleur particulière à sa façon de diriger l’équipe. Le respect, l’écoute et l’ouverture d’esprit sont des qualités qu’elle juge essentielles pour effectuer son travail. « J’ai le privilège d’être entourée de personnes très compétentes et dynamiques », précise la gestionnaire. « Je souhaite leur fournir le support nécessaire pour qu’elles puissent bien accomplir leur travail. Ce qui nous soude et nous tient tous à coeur, c’est le bien-être des jeunes ».