Des chercheurs du Douglas identifient les zones du cerveau liées à l'insatisfaction

31-07-2007


Vous avez de la difficulté à apprécier les plaisirs de l’été? Vous souffrez peut-être d’un état appelé anhédonie – c’est-à-dire l’incapacité à jouir des expériences agréables. Selon des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, une des régions sous-corticales du cerveau est à blâmer. Leurs travaux, publiés récemment dans Molecular Psychiatry, pourraient ouvrir de nouvelles perspectives à la détection précoce des maladies psychiatriques telles que la dépression majeure et la schizophrénie.

« Il a été clairement démontré que l’anhédonie est un symptôme déterminant de la dépression majeure et de la schizophrénie », rappelle Martin Lepage, Ph. D., chercheur à l’Institut Douglas et auteur chevronné. « Nous avons choisi d’étudier ce symptôme principal dans l’espoir de trouver un marqueur de vulnérabilité pouvant contribuer à mieux diagnostiquer ces maladies mentales. Notre étude a identifié avec succès un volume cérébral sous-cortical réduit comme étant un marqueur mesurable potentiel du développement de la dépression ou de la schizophrénie.»

«Il s’agit de la première étude où des anormalités volumétriques sont identifiées comme étant spécifiquement reliées à l’anhédonie», précise Philippe-Olivier Harvey, étudiant au doctorat et auteur principal de l’étude. «Les individus ayant démontré un indice élevé d’anhédonie avaient un volume de la région sous-corticale considérablement plus petit que la normale. Nous savons, grâce à des travaux antérieurs, que ces régions touchées sont normalement affectées aux comportements gratifiants et aux expériences agréables. Ainsi, nos conclusions ont du sens: des régions sous-corticales réduites engendrent une diminution des habiletés à éprouver du plaisir.»

«De plus, nous avons identifié d’autres régions où une augmentation de l’activité cérébrale est reliée à une augmentation de l’anhédonie», ajoute Harvey. «Cette découverte est similaire à des études antérieures démontrant un lien entre l’activité cérébrale et la dépression, ce qui confirme la validité de notre paradigme expérimental. Nous croyons que ces mesures d’activité et de volume cérébraux sont des marqueurs biologiques fiables pour l’anhédonie et pour le diagnostic précoce d’autres maladies mentales.»

Martin Lepage, professeur adjoint au Département de psychiatrie de l’Université McGill et Philippe-Olivier Harvey M.P., en collaboration avec ses collègues du Douglas, Jens Pruessner, Ph.D. et Yvonne Czechowska, ont étudié le profil de 29 individus ne possédant aucun antécédent de maladies psychiatriques. Des questionnaires ont été utilisés afin de quantifier toute forme d’anhédonie. Des renseignements concernant la structure et le fonctionnement du cerveau ont été obtenus par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF), opération effectuée au Douglas et à l’Institut/Hôpital neurologique de Montréal. Des comparaisons entre les degrés d’anhédonie, le volume cérébral et l’activité cérébrale ont ensuite été faites.

Cette étude a été soutenue financièrement par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et le Fond de recherche en santé du Québec.