06-02-2008


Lors d'un séjour d'un an en Angleterre en 2008, Eric Latimer, Ph.D., a rédigé un blogue, un outil de réflexion et de partage sur l'efficience des services de santé mentale en Angleterre, au Canada et ailleurs dans le monde.


J'ai eu l'occasion hier de participer à un groupe d'entretien focalisé (focus group) rassemblé dans le cadre d'une étude menée par le professeur Stefan Priebe de la  Unit for Social and Community Psychiatry at Barts  et de la London School of Medicine, sur le thème : « Devrions-nous payer certaines personnes qui ont des troubles mentaux graves pour prendre les médicaments qui leur sont prescrits? ».  Je faisais partie d'un petit groupe d'économistes de la santé mentale.

Suite à plusieurs entretiens focalisés tels que celui-ci, l'étude prévoit mener un essai clinique de cette approche.

La discussion était riche et intéressante.  En voici certains thèmes :

  1. Si cela motive certains clients à prendre leurs médicaments, pourquoi pas?  Ces personnes ont de faibles revenus, leur donner l'occasion de gagner un peu plus d'argent les aidera de cette façon-là aussi.
  2. Si on offre à certains de l'argent pour prendre leurs médicaments, et que cela ce sait, d'autres menaceront de cesser de prendre leurs médicaments si on ne les paie pas.  Il faudra alors payer plus de personnes… jusqu'où aller?
  3. Pourquoi payer les personnes qui ont des troubles mentaux graves en particulier?  Pourquoi pas alors également les patients diabétiques pour qu'ils gèrent bien leur maladie, ce qui peut également prévenir des réhospitalisations coûteuses?  Est-ce parce qu'on veut autant que possible éviter que ces personnes ne nous dérangent?
  4. Le plus important est d'établir une relation de confiance, à partir de laquelle on peut aider la personne à négocier sa maladie.  Réduire la prise de médicaments à une activité que l'on fait pour gagner un peu d'argent mine l'établissement de ce genre de relation.
  5. Il est vrai que c'est un peu coercitif, mais notre système de santé mentale est souvent coercitif de toute façon… nous n'avons pas les ressources pour donner un vraiment bon service à tout le monde.
  6. Peut-être dans certains cas, sur une base temporaire, lorsque rien d'autre n'a fonctionné, peut-on offrir un incitatif financier pour prendre les médicaments prescrits – dans le cadre d'une relation plus large.

Personnellement, je suis plutôt en désaccord avec les points 1 et 5, et il me semble que 2 pourrait être contourné si on adopte l'approche décrite à 6, mais je serais intéressé de lire vos commentaires.

J'ajouterais que je ne suis pas si surpris de voir une telle étude menée en Angleterre.  Dans ce système de santé résolument public (encore plus que le nôtre – voir l'article qui a débuté ce blogue), le gouvernement cherche à introduire des incitatifs économiques de toutes sortes de façons.  J'en mentionnerai d'autres dans des billets à venir.