09-01-2009


Quatre des dix découvertes de l’année 2008 sont attribuables à des scientifiques de McGill. Les travaux d’avant-garde menés par des scientifiques de l’Université McGill, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas figurent au palmarès des 10 découvertes de l’année 2008 sélectionnées par le magazine Québec Science.

Ce prestigieux classement annuel, dont les résultats sont publiés dans le numéro de février du magazine, a accordé des mentions d’honneur aux projets réalisés par Alain Brunet, chercheur à l’Institut Douglas et au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université McGill; par Don Francis et Jonathan O’Neil, respectivement professeur et candidat au doctorat au Département des sciences de la terre et des planètes de l’Université McGill; ainsi que par Morag Park et Janusz Rak, éminents chercheurs dans le domaine du cancer, en poste à l’Université McGill et au CUSM.

Alain Brunet – Effacer le traumatisme des mauvais souvenirs

Alain Brunet, Ph. D., chercheur au Douglas, psychologue clinicien et professeur agrégé de psychiatrie à l’Université McGill, étudie les effets des traumatismes psychologiques chez les individus depuis plus de 15 ans, s’attardant principalement aux facteurs de risque et à la mise au point de traitements efficaces contre le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Il a ainsi découvert une nouvelle utilisation d’un ancien produit, le propranolol. Il s’agirait du premier médicament capable de guérir le TSPT. Dans le cadre du traitement, les patients doivent se remémorer leur expérience traumatisante après avoir pris le médicament. Le propranolol agit en bloquant partiellement la composante émotive associée au souvenir traumatique avant qu’elle soit sauvegardée à nouveau dans la mémoire à long terme, tout en laissant les autres composantes de la mémoire tout à fait intactes. Grâce à cette découverte, le Dr Brunet a fait état de la guérison de patients souffrant de TSPT à la suite de l’administration de six doses du médicament seulement.

Jonathan O’Neil et Don Francis – Percer les origines de la Terre

Jonathan O'Neil, candidat au doctorat et Don Francis, professeur au Département des sciences de la terre et des planètes de l’Université McGill, ont été sélectionnés pour leur recherche ayant conduit à la découverte des plus vieilles roches terrestres dans la ceinture de roches vertes de Nuvvuagittuq, située dans le Nord québécois. À l’aide d’une technique mesurant les traces d’isotopes radioactifs, les chercheurs ont pu établir l’âge d’une fausse amphibolite extraite de cette ceinture rocheuse à 4,28 milliards d’années, soit 250 millions d’années de plus que les plus anciennes roches terrestres découvertes auparavant. Ces résultats offrent aux chercheurs de précieux indices sur les premiers stades de l’évolution de notre planète. Ces roches revêtent une importance significative en raison non seulement de leur grand âge, mais aussi de leur composition chimique qui donne un aperçu sans précédent du processus ayant mené à la formation de la croûte terrestre primordiale. « Le processus à l’origine de la Terre m’intéresse au plus haut point, et maintenant que l’on dispose de ces roches, qui sont apparues très peu de temps après la naissance de la Terre, on peut commencer à comprendre de quelle façon la toute première croûte terrestre s’est formée sur notre planète. Ces nouvelles découvertes suscitent chez moi un grand sentiment d’enthousiasme. »

Morag Park – Prédire l’évolution des cellules cancéreuses

La Dre Morag Park, directrice scientifique de l’Institut du cancer des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), a orienté ses travaux de recherche sur l’environnement des tumeurs mammaires. « Nous savons que cet environnement joue un rôle déterminant dans le développement et la progression du cancer; les cellules tumorales de différentes patientes présentent des microenvironnements distincts au niveau génétique », a expliqué la Dre Park. « Nos résultats indiquent qu’il est possible d’utiliser le profil génétique de ces microenvironnements distincts pour déterminer l’évolution de la maladie – c’est-à-dire qui s’en tirera bien ou non. » Son équipe a identifié un profil de 26 gènes qui pourrait être utilisé pour prédire avec précision l’issue clinique de la maladie. La prochaine étape consiste à mettre au point un test fonctionnel fiable pouvant être utilisé auprès des patientes. L’équipe prévoit disposer d’un test pour des essais cliniques à la fin de l’année 2009.

Janusz Rak – Apprendre le langage des tumeurs

Le Dr Janusz Rak a mis au jour un nouveau mécanisme fondamental de communication des cellules cancéreuses. Ainsi, les cellules cancéreuses libèrent des structures en forme de bulles, baptisées oncosomes, qui contiennent des protéines qui causent le cancer. Lorsque les oncosomes fusionnent avec des cellules saines, elles peuvent déclencher chez elles des mécanismes spécifiques induisant un comportement malin et aberrant. « Sachant cela, nous pouvons imaginer que beaucoup de protéines mutantes ne sont pas nécessairement confinées dans les cellules qui les produisent. Elles pourraient migrer et se répandre », a expliqué le Dr Rak. « Ce mécanisme va à l’encontre de la vision traditionnelle voulant qu’une cellule unique ayant subi une mutation se multiplie de façon incontrôlée jusqu’à former une tumeur. Bien que cette découverte ouvre de nouvelles perspectives de recherche passionnantes, nous espérons aussi qu’elle aura des conséquences positives pour les patients. »