26-11-2009


C’est un rare privilège d’être invité dans un autre pays en vue d’améliorer ses services en santé mentale. Alors, lorsque l’étudiant en troisième année de médecine à l’Université McGill Anton Parker a été invité à se rendre à la Dominique, dans les Caraïbes, il a accepté sur-le-champ.

Et il se félicite de l’avoir fait. « Lorsque Marc Laporta, M.D., directeur adjoint, Centre collaborateur OMS /OPS pour la recherche et la formation en santé mentale, à l’Institut Douglas, m’a invité, je savais qu’il s’agissait d’une occasion extraordinaire. Il m’a expliqué qu’il s’apprêtait à partir à la Dominique, investi du mandat d’aider les dirigeants à rédiger la politique et le plan du pays en matière de santé mentale, projet partiellement financé par Santé Canada.

Il avait demandé l’assistance de son collègue, Ian Bradley, Ph.D., du Département de psychologie de l’Université McGill, et il était disposé à inviter un étudiant qui pourrait collaborer au projet et acquérir ainsi de l’expérience. » Ce voyage de l’OMS/OPS en sol dominiquais serait le 3e depuis 1995.

Les préoccupations en matière de santé mentale seraient bien différentes de celles qui existent à Montréal. « La Dominique ne compte qu’un seul psychiatre, Griffin Benjamin, M.D., qui dessert à la fois la population locale et, occasionnellement les résidents de l’île voisine de Monserrat. À la Dominique, il s'efforce de sensibiliser la population au vaste éventail de problèmes liés à la santé mentale, par l’entremise de la radio, de la télévision et de la Semaine de sensibilisation nationale. »

« À la Dominique, la stigmatisation constitue une préoccupation majeure, non seulement dans la société en général, mais aussi dans le domaine des soins de santé. Dans un pays de 70 000 habitants, où la population de la capitale est de 15 000 personnes, la plupart des gens se connaissent, du moins de vue. C’est une arme à deux tranchants : la vie privée est limitée, mais il existe un vaste potentiel de soutien social. À l’heure actuelle, les problèmes de santé mentale sont souvent assimilés à la psychose aiguë et à l’institutionnalisation. Par conséquent, les résidents et leurs familles ne veulent pas être associés à des problèmes de santé mentale. »

Au cours de la mission d’enquête d’une semaine, l’équipe a rencontré des représentants du gouvernement, notamment le secrétaire général de la Santé et le ministre des Affaires de la jeunesse de la Dominique. Ils ont en outre organisé des groupes de consultation auprès d’échantillons représentatifs de la société dominiquaise, y compris des patients en santé mentale, des personnes « à risque », des fournisseurs de soins, des praticiens de la santé et des organisateurs communautaires.

À la fin du voyage, les équipes canadienne et dominiquaise comprenaient mieux les obstacles actuels à l’accès aux soins en santé mentale, les méthodes novatrices utilisées pour déterminer les problèmes et intervenir plus tôt, et la façon de procéder, compte tenu des réalités du terrain. Ce voyage constitue l’étape la plus récente de la coopération entre le Centre collaborateur OMS/OPS de Montréal et le gouvernement de la Dominique, en vue de l’élaboration d’une vision à long terme en matière de santé mentale, et d’une politique et d’un plan d’action visant à concrétiser les modifications recommandées.

Quant à Anton, il considère ce voyage comme un « cours accéléré » en psychiatrie communautaire. « Ce voyage éclair a confirmé ma passion pour la médecine interculturelle et la santé mondiale. Quand je suis sorti de l’université, je pensais aller travailler pour des organismes comme le Corps des volontaires de la paix des États-Unis ou dans le domaine émergent de la microfinance. Mais j’en suis venu à la conclusion que je serais mieux outillé et plus satisfait si j’acquérais des compétences à la mesure de mon énergie et de mon enthousiasme. Dans le domaine de la médecine, et dans le domaine plus restreint de la santé mentale, j’ai été en mesure de participer avec notre équipe à un projet qui pourrait véritablement concourir à assurer, à certaines des personnes les plus vulnérables de la société dominiquaise, le droit et l’accès à des soins. C’est exactement le genre de projet auquel j’espérais participer quand j’ai décidé de retourner aux études pour faire ma médecine. »