Les chercheurs du Douglas évaluent leur développement à l’âge de 5 ans et ½

13-08-2008

Changements climatiques, femmes enceintes et santé mentale
Changements climatiques, femmes enceintes et santé mentale
  L’impact que les désastres naturels tels les tsunamis et les ouragans, peuvent avoir sur la santé humaine peut s’observer bien longtemps après la reconstruction des maisons et des routes, disent les chercheurs de l'Institut universitaire en
santé mentale Douglas. Tel est le cas pour les enfants de la crise du verglas selon leur étude qui sera publiée dans l’édition de septembre du Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. Les chercheurs démontrent que les épreuves vécues par
les femmes enceintes durant la tempête de verglas de 1998 au Québec ont eu des répercussions sur le développement à long terme de leurs enfants à naître.

Ces découvertes pourraient motiver l'élaboration de stratégies d’intervention afin d'aider les futures mamans dans des moments de crise et aider leurs enfants à s'intégrer sans heurt avec leurs pairs. « Il s’agit de la toute première étude à évaluer les effets à long terme du stress maternel, vécu lors de cataclysmes, sur le développement cognitif des enfants », déclare le chercheur du Douglas et auteur principal, David Laplante, Ph.D. « Cette étude constitue un suivi à long terme de travaux précédents ayant évalué des enfants à l’âge de deux ans. Au cours de cette nouvelle étude, nous avons été en mesure d’effectuer des évaluations plus poussées de ces enfants qui sont maintenant d'âge préscolaire. Nos résultats démontrent que les enfants issus de mères ayant vécu beaucoup de stress ont obtenu une note de Q.I. de 10 points moins élevée et des performances linguistiques plus faibles que ceux dont les mères avaient vécu moins de stress ».

« Il est important de noter que tous les enfants ont obtenu des résultats se situant dans les valeurs normales de ces tests », d’ajouter Suzanne King, Ph.D., auteure senior, chercheuse du Douglas et professeure au département de psychiatrie de l’Université McGill. «Nous avons été étonnés de ces résultats pour deux raisons : d’une part, c’est le degré objectif d’exposition au stress de l’épreuve de la crise du verglas, (nombre de jours sans électricité, déménagements temporaires ou pertes financières) plutôt que le stress tel que ressenti par la mère qui est attribuable à cet effet. D’autre part, nous nous attendions à ce que les effets sur le développement de l’enfant, causés par l’exposition au stress de la mère enceinte durant cette tempête, s’atténuent à l’âge préscolaire mais ça ne semble pas être le cas. »

Les Drs Laplante et King, ainsi que leurs collègues, ont recueillis des informations auprès de 178 femmes enceintes au cours de la crise du verglas de 1998 au Québec. Ils ont par la suite évalué le développement des enfants de cinq ans et demi de 89 de ces familles. Les enfants ont participé à des évaluations très détaillées de leur développement physique, cognitif et comportemental. Les résultats ont démontré que les bébés nés de femmes enceintes ayant été exposées à un haut niveau de stress présentaient, de façon significative, de moins bonnes aptitudes langagières ainsi qu’une plus faible intelligence verbale. Les résultats indiquent également qu’il y a peu de lien entre le niveau de stress mesuré de façon objective et la perception qu’avaient certaines femmes du stress ressenti lors de cette épreuve.

« Le projet Ice Storm (Crise du verglas) est une étude charnière dans l’évaluation de l’impact véritable de l’environnement sur la santé mentale de l’être humain souligne Remi Quirion, Ph.D., Directeur scientifique du Douglas et de l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). « Cela fait partie du mandat des IRSC de soutenir ce genre de recherches qui procurent de nouvelles connaissances sur les processus biologiques et socioculturels déterminant les troubles neurologiques, psychologiques et de toxicomanies. Nous tentons de traduire ces résultats en une meilleure qualité de vie pour tous les Canadiens grâce à des bilans de santé, une promotion de la santé et des services de soins de santé améliorés ».

Cette recherche fut supportée financièrement par le Centre de recherche de l’Institut Douglas, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de la Recherche en Santé du Québec et le McGill University Stairs Memorial Fund.