Qu'est-ce que c'est ?

Les troubles des rythmes circadiens font partie d'un sous-groupe distinct des troubles veille/sommeil. Ils mènent à une discordance entre l'horaire de sommeil de l'individu et l'horaire de l'horloge circadienne. Ces conflits se produisent suite à une variété de pressions externes ou d'habitudes de vie et mènent à de la fatigue, de médiocres performances au travail ou à l'école, et à un sommeil perturbé – en particulier à des problèmes pour s'endormir ou pour se réveiller aux heures souhaitées.

Les principaux troubles des rythmes circadiens et du sommeil

Le travail de nuit

Les individus qui travaillent la nuit doivent exercer leurs fonctions à des heures qui diffèrent de celles favorisées par l'horloge circadienne. Cette discordance contribue à une plus faible vigilance et performance au travail, à une hausse du risque d'accidents au retour (en voiture) à la maison et à un sommeil inadéquat pendant la journée.
Après un quart de travail de nuit, il se peut que les travailleurs dorment une à trois heures de moins que s'ils avaient travaillé durant un quart de jour. En choisissant avec soin la quantité et le moment d'exposition à la lumière et à l'obscurité, il est possible d'aider l'horloge circadienne à s'aligner avec les heures de travail et de repos.

Le décalage horaire

Chaque année, des millions de voyageurs souffrent de décalage horaire après avoir traversé rapidement plusieurs fuseaux horaires, causant ainsi un déclin de leur vigilance et de leur performance à leur arrivée. En termes pratiques, l'horloge circadienne prend normalement plus de temps pour arriver à destination que le vol. La sévérité du décalage horaire dépend de la direction du vol et du nombre de fuseaux horaires traversés.

  • Les vols vers l'est sont associés à des difficultés à s'endormir, à un sommeil perturbé dans la première moitié de la nuit, à des difficultés à se réveiller et à une fatigue le matin ou en début de journée.
  • Les vols vers l'ouest sont associés à une diminution de la qualité de sommeil au cours de la deuxième moitié de la nuit, à un réveil matinal précoce et à une fatigue en fin d'après-midi ou en soirée.

Le syndrome d'avance de phase du sommeil

Il est plus fréquemment observé chez les individus âgés. Il est caractérisé par un endormissement en soirée, la tendance à se coucher tôt (entre 18 h et 21 h) et à se réveiller tôt (entre 1 h et 4 h du matin). La qualité du sommeil est généralement normale si les patients se couchent tôt, mais les symptômes apparaissent s'ils se couchent tard.
Le syndrome familial d'avance de phase du sommeil, qui cause une tendance extrême à être un «oiseau matinal» chez plusieurs membres de la famille, fût lié à une mutation des «gènes de l'horloge». Cette observation soutient l'hypothèse que certains troubles des rythmes circadiens seraient d'ordre génétique.

Le syndrome de retard de phase du sommeil

Il se caractérise par un retard de l'épisode de sommeil principal et par l'incapacité de s'endormir ou de se réveiller aux heures souhaitées. Ceux atteints du syndrome sont d'extrême couche-tard qui se couchent entre 3 h et 6 h et se réveillent entre 12 h et 15 h. La qualité et la durée de leur sommeil sont normales s'ils se couchent aux heures que leur corps désire. Des symptômes apparaissent lorsque les patients tentent de se coucher plus tôt pour pouvoir se réveiller plus tôt. Leur tendance biologique au sommeil est en conflit avec l'horaire scolaire et les horaires de travail de jour. Ce syndrome émerge souvent après la puberté et est relativement fréquent chez les adolescents et les jeunes adultes.

Syndrome du cycle veille/sommeil qui ne dure pas 24 heures

Les patients souffrant de ce syndrome s'endorment avec une ou deux heures de divergence sur celle de la veille chaque jour. De la somnolence et des troubles de sommeil apparaissent les jours où leurs rythmes naturels sont déphasés par rapport aux contraintes du travail et de la vie quotidienne. Les patients auront moins de difficulté à s'adapter durant certaines périodes lorsque leur horloge interne est synchronisée aux heures de la société normale. Cette condition est rare chez les individus ayant une vision normale. Les patients comme les non-voyants ne recevant pas de stimulation lumineuse au niveau de l'horloge sont plus enclins à souffrir de ce syndrome.

Qui en est atteint?

Il y a approximativement 25 % de la population adulte générale qui éprouve régulièrement des difficultés à s'endormir ou à maintenir un sommeil une fois qu'il est atteint. Les pourcentages sont plus élevés lorsque l'on considère les personnes qui subissent un stress sévère lié à leur horaire (40 %) ou celles qui travaillent sur des quarts irréguliers (30 %).

Les causes des troubles du sommeil

Il n'y a pas un facteur de cause unique lié aux troubles des rythmes circadiens. Toutefois, les recherches permettent d'avancer que certains de ces troubles auraient une base génétique. Par exemple, le syndrome d'avance de phase du sommeil familial, responsables des tendances « lève-tôt » au sein d'une même famille, peut émerger mutation génétique.

Certaines autres causes des troubles des rythmes circadiens sont :

  • Mauvaises conditions médicales (maladie neurologique ou le cancer)
  • Les troubles de l'humeur, comme la dépression et l'anxiété
  • Les changements d'horaire, comme le travail de nuit

Les rythmes circadiens et la santé mentale

Les études scientifiques supportent de plus en plus une association entre les troubles de l'horloge biologique et certaines maladies psychiatriques. Par exemple, une exposition à la lumière induisant un changement de phase du rythme de la mélatonine pourrait améliorer les symptômes liés à la dépression saisonnière.

De plus, la privation de sommeil, la photothérapie et la prise de médicaments améliorant la structure du sommeil peuvent avoir des effets bénéfiques sur la dépression majeure et pendant les phases dépressives du trouble bipolaire. De récentes études portent à croire que certaines composantes génétiques de l'horloge biologique pourraient aider à déterminer les risques de souffrir d'un trouble psychiatrique.

De façon égale, ces mêmes composantes pourraient déterminer la réponse d'un patient à certains médicaments utilisés pour le traitement de désordres psychiatriques. Les conclusions de ces études motivent les chercheurs à pousser plus loin l'étude des interactions entre l'horloge biologique et la santé mentale.
 

Ce contenu a été développé par Diane Boivin, directrice du Centre d'étude et de traitement des rythmes circadiens.

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