24-01-2008


Lors d'un séjour d'un an en Angleterre en 2008, Eric Latimer, Ph.D., a rédigé un blogue, un outil de réflexion et de partage sur l'efficience des services de santé mentale en Angleterre, au Canada et ailleurs dans le monde.


Au Québec (comme, à ma connaissance, dans toutes les autres provinces canadiennes), le coût des médicaments dispensés à l'hôpital est payé à même le budget de l'hôpital, ce qui crée un incitatif au contrôle des coûts des médicaments par l'hôpital lui-même.  Cependant, lorsque les médicaments sont dispensés en pharmacie à l'extérieur de l'hôpital, c'est le gouvernement provincial (au Québec, par l'entremise de la RAMQ) qui paie.  Il est difficile pour la RAMQ d'intervenir dans le comportement prescripteur d'un médecin particulier.

La situation est différente en Angleterre.  Le gouvernement central accorde à chaque Primary Care Trust une enveloppe budgétaire pour les médicaments, et le PCT a la responsabilité de gérer cette enveloppe (voir le premier article de ce blogue).

Selon une infirmière psychiatrique que j'ai rencontrée, il s'ensuit que si un médecin prescrivait, par exemple, deux antipsychotiques à la fois, il est probable que cela serait remarqué et proscrit au niveau de son PCT.

Cette décentralisation de la gestion des médicaments, il me semble, corrige (au  moins en partie) un défaut de notre système actuel.   Chez nous, il n'existe en pratique aucune limite au coût des médicaments que peut prescrire un médecin (en dehors de l'hôpital).  En revanche, les dépenses sur les services psychosociaux, par exemple, sont strictement contrôlées.  Ainsi il n'est pas vraiment possible de se poser la question: les bénéfices de cette ordonnance pour antidépresseur (supposons) valent-ils son coût d'opportunité en autres services que l'on pourrait donner?  Tandis que cette question émerge naturellement (sous une forme plus globale bien sûr, pas ordonnance par ordonnance) dans la gestion d'un PCT.

Une façon évidente d'appliquer ce genre de mécanisme dans notre contexte serait de distribuer l'enveloppe des médicaments (autres que ceux qui vont aux hôpitaux) entre les CSSS, et leur en confier la responsabilité.  Il faudrait toutefois, étant donné que généralement même nos omnis ne sont pas rattachés à un CSSS exclusivement, que chaque CSSS puisse suivre le coût des médicaments prescrits à ses patients, par médecin.  Nous n'en sommes pas encore là sur le plan informatique!  Mais ce n'est qu'une question d'années avant que cela ne devienne possible.

Voici ainsi il me semble un domaine où nous pouvons tirer une leçon du système de santé anglais, qui s'applique aussi à la santé mentale.