23-03-2007


«Je passe beaucoup de temps dans la communauté avec les patients. La stigmatisation existe toujours, mais les attitudes changent pour le mieux, affirme Gilbert Tremblay, psychologue au Douglas. C'est l'éducation du public qui fait la différence».

Gilbert a débuté sa carrière au Douglas en 1985, à titre de préposé aux bénéficiaires, tout en poursuivant des études en psychologie. Il s'est joint avec enthousiasme à l'équipe ACT - Équipe de suivi intensif dans la communauté - lors de sa création en 1997. Depuis, ses collègues et lui ont aidé des milliers de patients souffrant de maladie mentale grave et persistante à vivre une vie enrichissante dans la communauté.

«Nous avons été la première équipe ACT au Québec, explique fièrement Gilbert. Que ce soit pour aider des personnes à trouver un logement, prendre leurs médicaments à l'heure prescrite, déménager dans la communauté ou apprendre à socialiser, nous sommes là pour les aider.»

Terre à terre

En plus de son travail au sein de l'équipe ACT, Gilbert donne de cinq à dix conférences par année dans différents endroits : hôpitaux, CLSC et dans le cadre de conférences nationales et internationales. Son auditoire apprécie ses présentations terre à terre qui abordent des thèmes tels que l'abus de substances, le modèle ACT et les troubles de la personnalité. Il se considère privilégié de pouvoir partager ses connaissances.

Comme si ce n'était pas assez, Gilbert travaille aussi depuis dix ans avec trois programmes d'assistance à l'emploi. Il agit à titre de conseiller auprès d'employés de diverses organisations qui ont des problèmes d'abus de substances. Il explique : «J'aime aider les gens à comprendre que leurs problèmes peuvent être réglés.»

Décrit par ses collègues de l'équipe ACT comme une personne «réfléchie «et sur laquelle «on peut compter pour donner des conseils», Gilbert s'implique avec passion dans le combat contre le stigma.

Les regards et l'exclusion

Selon l'expérience de Gilbert, le stigma peut se manifester par un simple regard, « des patients qui parlent fort, qui marchent ou s'habillent bizarrement se font souvent regarder de travers. Nul besoin de parler, c'est une façon de dire : «Hé! toi, n'as-tu pas compris? Tu n'as pas ta place ici! ». Gilbert trouve cette situation très frustrante, «Ce sont des gens comme vous et moi. Ils ne sont pas aveugles. Ils voient les regards et ils sont blessés».

Gilbert voit aussi la stigmatisation comme une forme d'exclusion. «Il est arrivé que dans certains restaurants où je suis allé avec des patients, les employés dirigeaient toute leur attention vers moi et ignoraient les autres à table avec moi. Bien sûr, ceci est inacceptable et je fais en sorte que nous soyons tous traités de façon respectueuse. Aimeriez-vous être traité comme si vous étiez invisible?»

Plus d'argent, moins de stigmatisation

Trouver des ressources adéquates pour héberger les patients est un autre des défis majeurs que relève Gilbert et ses collègues de l'équipe ACT. «Quand la désinstitutionnalisation a eu lieu dans les années 80 et 90, les fonds publics ne couvraient que les besoins essentiels des gens souffrant de maladies mentales graves. Aujourd'hui, nous avons désespérément besoin de plus de financement pour des ressources d'hébergement convenables tels que des appartements supervisés et des foyers d'accueil. Nous avons aussi besoin de ressources résidentielles additionnelles tels que des banques alimentaires et des centres communautaires. Un plus grand nombre d'équipes ACT seraient aussi nécessaires à Montréal. Les fonds supplémentaires et la réduction de la stigmatisation ne vont pas l'un sans l'autre. C'est ce qui nous permettra de faire des progrès».

En un mot ou deux...

Quel mot décrit le mieux la maladie mentale?
Discrimination.

Quel film a eu le plus d'influence sur votre vision de la maladie mentale? La rose pourpre du Caire.

Comment préservez-vous un mode de vie équilibrée?
En passant les week-ends à l'extérieur; en profitant de la nature.

Qui fait, à votre avis, un travail hors pair pour déstigmatiser
la maladie mentale?
Deborah Thomson, qui a créé l'équipe ACT du Douglas.

Croyez-vous que le Douglas sera encore là dans 125 ans?
Oui et nous aurons encore besoin de la recherche et de lits.

Un mot pour décrire le Douglas?
Dévouement.