Analyses Économiques

L’impact économique du programme Logement d’abord a été évalué par une analyse des coûts, en considérant tous les frais engendrés par les participants. En moyenne, le programme Logement d’abord a coûté 22 482 dollars par personne par année pour les participants ayant des besoins élevés et 14 029 dollars pour les participants ayant des besoins modérés. Au cours des deux années suivant l'admission des participants à l'étude, chaque tranche de 10 dollars investie dans les services Logement d'abord a entraîné, en moyenne, une économie de 8,27 dollars en services divers (hospitalisations, refuges, etc.) pour les participants ayant des besoins élevés et de 7,19 dollars pour les participants ayant des besoins modérés. Veuillez consulter le document de méthodologie (lien pdf) pour les voir les coûts unitaires (coûts par service ou par nuit, etc.) et leurs sources.

Des analyses en cours à Montréal cherchent à: (1) estimer les coûts de l’itinérance par individu, à chaque site, ainsi que les caractéristiques personnelles associées aux coûts élevés; (2) évaluer le rapport coût-efficacité global du Logement d’abord chez les participants à besoins modérés et besoins élevés, ainsi que les facteurs associés aux rapports coûts-efficacités plus faibles ou élevés; et (3) identifier les facteurs au niveau de l’individu et du site qui sont associés aux compensations de coûts de ressources plus élevés ou plus faibles, telles que les refuges, les hospitalisations psychiatriques et les comparutions en cour.

Planification, élaboration et implantation du projet à Montréal

The role of advocacy coalitions in a project implementation process: The example of the planning phase of the At Home/Chez Soi project dealing with homelessness in Montreal. Evaluation and Program Planning. 2014 Aug;45:42-9. doi: 10.1016/j.evalprogplan.2014.03.008.

Cette étude a analysé le processus de planification (de l’été 2008 à l’automne 2009) du Projet Chez Soi à Montréal. Avec l’aide de l’Advocacy Coalition Framework (ACF), nous avons identifié les coalitions d’acteurs capables de naviguer un processus complexe d’implantation d’intervention. En tout, 25 individus impliqués dans le Projet Chez Soi à Montréal ont été interrogés par entrevues (n = 18) et par groupe de discussion (n = 7). Les observations et la documentation (minutes et correspondance) des participants ont aussi été utilisées pour l’analyse. La phase initiale du Projet Chez Soi a été décomposée en trois périodes séparées, qualifiées respectivement comme « la lune de miel », « le choc de cultures », et « l’acceptation et l’engagement ».

Dans chaque phase de planifications du Projet Chez Soi à Montréal, au moins deux coalitions d’acteurs étaient en conflit à propos de leurs systèmes de croyances quant aux solutions proposées pour résoudre le problème social récurant de l’itinérance, tandis qu’une troisième, plus modérée, a contribué en ralliant la plupart des acteurs principaux sous certains aspects secondaires spécifiques. L’étude confirme l’importance des intermédiaires en politiques afin d’arriver à des compromis acceptables à toutes les coalitions d’acteurs.

Cartographie des services en itinérance existants à Montréal

Portrait et dynamique des organismes desservant les personnes itinérantes ou à risque d’itinérance dans la région de Montréal. Santé mentale au Québec. Volume 38, numéro 1, printemps 2013, p. 119-141, doi : 10.7202/1019189ar

Cet article dresse un portrait des organismes desservant les personnes itinérantes ou à risque d’itinérance (PIRI) à Montréal ainsi que des déterminants de leurs relations interorganisationnelles. L’étude montre que la collaboration interorganisationnelle, particulièrement avec le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), gagnerait à être accrue afin de répondre aux problèmes concomitants auxquels sont confrontées les PIRI. Le nombre de services offerts, l’appréciation des relations avec les organismes du RSSS, le pourcentage d’anglophones en situation d’itinérance et d’individus ayant des problèmes de jeu parmi la clientèle sont les déterminants influençant l’intensité des relations interorganisationnelles.

Histoires de vie

Le sentiment d’exister : l’impact du projet Chez-soi à Montréal après 18 mois, du point de vue des participants.
McAll, C., Lupien P-L., Gutiérrez M., Fleury A., Robert A., & Rode A. (2013). CREMIS.

Dix-huit mois après le début du projet, une série d’entrevues qualitatives a été menée auprès de 45 participants, afin de comprendre les différences qui pourraient avoir émergé au cours du projet entre les groupes Logement d’abord et ceux recevant les services habituels. Contrairement aux données colligées grâce aux questionnaires du volet quantitatif, les données du volet qualitatif font ressortir des différences plus marquées entre les groupes.

Les participants du groupe Logement d’abord sont plus enclins que ceux des groupes recevant les services habituels à mentionner un sentiment de bien-être en entrevue (après 18 mois) – qu’ils définissent comme un sentiment de « paix », de « sécurité » ainsi que la possibilité de vivre à leur propre « rythme ». Les membres des groupes Logement d’abord sont aussi plus susceptibles d’affirmer qu’ils se sentent moins stressés (15% comparativement à aucun membre du groupe témoin). Les participants recevant l’intervention Logement d’abord sont trois fois plus susceptibles que leurs homologues de déclarer que leur santé mentale s’est améliorée au cours des 18 derniers mois, quatre fois plus susceptibles d’affirmer qu’ils ont réduit leur consommation de médicaments prescrits, cinq fois plus nombreux à affirmer avoir développé de nouvelles relations d’amitié, et six fois plus susceptibles de dire qu’ils ont rétabli des liens avec des membres de la famille.

Les participants attribuent le succès de l’approche Logement d'abord à quatre principaux facteurs : l’accès rapide à un logement stable, le soutien intensif et à long terme prodigué par les équipes cliniques, le sentiment de ne pas être jugé par les intervenants et la confiance accordée sur les plans de la responsabilité et de la prise de décisions.

L’emploi

La sous-étude Placement et soutien individuel (Individual Placement and Support –ou IPS- en anglais) avait comme objectif de mieux comprendre comment aider les personnes itinérantes qui ont des problèmes de santé mentale à réaliser leurs aspirations professionnelles. Pour ce faire, l’équipe a comparé les effets de l’approche IPS avec les services de réadaptation professionnelle habituels. Le programme IPS a cherché à aider les personnes avec problèmes de santé mentale à obtenir un emploi dans le marché d’emploi régulier. Alors que le taux d’emploi du groupe IPS (34%) était plus élevé que celui du groupe témoin (22%), le pourcentage d’individus ayant obtenu un emploi était plus bas que prévu pour un programme IPS. La courte période d’observation, ainsi que les expériences d’itinérance, peuvent avoir contribué à ce résultat.

Le logement

Cette sous-étude s’intéresse à l’adaptation des participants à leur nouveau logement ainsi qu’aux rapports qu’ils entretiennent avec les propriétaires, gestionnaires et concierges, et à la perception qu’entretiennent ces derniers à l’égard de leurs locataires du projet Chez Soi.

La famille

Le rôle des familles de personnes en situation d’itinérance et souffrant de troubles mentaux : un regard rétrospectif et prospectif des liens

Cet article s’intéresse à l’expérience des familles qui soutiennent un proche en situation d’itinérance et souffrant de troubles mentaux. Les auteurs explorent les types de soutien offerts par les familles ; ils examinent aussi les dimensions relationnelles et personnelles qui peuvent soutenir une redéfinition des rôles et une modulation du niveau de soutien. Utilisant un devis qualitatif, des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de 14 membres de familles. Les résultats indiquent que l’hébergement et l’aide financière sont les types de soutien les plus fréquemment interrompus alors que le soutien émotionnel et l’accompagnement social tendent davantage à perdurer. Le contrôle relationnel, l’émotivité et la perception du futur apparaissent comme des enjeux importants à l’initiation d’un processus de redéfinition des rôles.

La Victimisation et l’implication Criminal Justice System Involvement

Cette sous-étude évaluera l’ampleur de la victimisation et de l’implication dans le Système de Justice Criminelle (SJC) parmi les participants du Projet Chez Soi et comparera les profils de leurs expériences de victimisation/SJC. L’étude évaluera si le programme Logement d’abord est plus efficace à réduire la fréquence de telles expériences que les services habituels. Un volet d’analyse économique comparera les coûts associés aux différents profils SJC, ainsi que les facteurs à l’origine de ces coûts.

La judiciarisation

Cette sous-étude évalue l’influence du Logement d’abord sur la victimisation et le parcours judiciaire du participant. Cette étude mesure également le niveau d’impulsivité des participants afin d’en connaître l’impact sur la stabilité résidentielle.

La participation des pairs

Cette sous-étude évalue l’intégration et l’influence des pairs aidants sur les décisions et les perceptions des différentes équipes cliniques du projet Chez Soi.

Théâtre-forum

Avec la collaboration de la compagnie Mise au jeu, les théâtres-forum présentent les résultats de recherche devant des publics mixtes - usagers, intervenants, chercheurs, gestionnaires - à des fins de diffusion, de validation et de délibération.

Le théâtre d’intervention favorise notamment la participation de personnes marginalisées, dans ce cas-ci, des itinérants qui utilisent des services de santé mentale. Des événements-clés, fondés sur leurs témoignages, ont ainsi été mis en scène.