17-11-2005

Les chercheurs du Douglas s'attardent au lien entre les deux

Vous ne savez plus où vous avez mis vos clés ou vous ne vous souvenez plus de votre numéro de téléphone? Peut-être faites-vous partie des 300 000 Canadiens auxquels on a diagnostiqué une maladie d’Alzheimer – une maladie cérébrale progressive et dégénérative qui amoindrit les facultés cognitives. Selon des chercheurs du Centre de recherche de l’Hôpital Douglas, le cholestérol se trouve au coeur de cette maladie. Leurs récentes découvertes révèlent en effet que le blocage du transport du cholestérol vers les neurones (cellules cérébrales) pourraient causer les symptômes de la maladie d’Alzheimer chez certains patients.

« Environ 25 pour cent de la quantité totale de cholestérol présente dans le corps humain se trouve dans le cerveau, rappelle Judes Poirier, Ph.D. Le cholestérol est un élément fondamental des neurones; il joue un rôle essentiel dans les connexions intercellulaires nécessaires aux fonctions cérébrales. Nous avons démontré que l’alipoprotéine E (apoE), la molécule qui transporte le cholestérol vers le cerveau, ne fonctionnait pas correctement chez certains patients souffrant d’Alzheimer. Or, lorsque nous augmentons l’activité de cette molécule, nous sommes en mesure de ralentir la progression de la maladie. Il s’agit là d’une découverte extrêmement intéressante et nous cherchons maintenant des médicaments susceptibles d’avoir le même effet. »

Les chercheurs ont poussé plus loin cette découverte en élaborant un test génétique qui permet d’identifier quelles sont les personnes porteuses d’une molécule apoE non fonctionnelle. Bien que les résultats de ce test ne permettent pas de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer, ils peuvent néanmoins contribuer à choisir le traitement le plus approprié. Ce type de stratégie personnalisée est de plus en plus courant dans la prise en charge de plusieurs autres maladies et permet aux patients d’obtenir le meilleur traitement compte tenu du diagnostic dont ils ont fait l’objet.

Judes Poirier et ses collègues s’intéressent aussi au rôle du cholestérol sanguin. Des résultats récents révèlent en effet que les médicaments qui abaissent le taux de cholestérol sanguin diminuent le risque de maladie d’Alzheimer plus tard dans la vie. Ces médicaments, ou statines, ont également montré qu’ils agissaient sur la progression de la maladie chez les patients atteints d’une maladie d’Alzheimer.

« Nous avons démontré récemment que l’administration de statines aux patients Alzheimer améliorait les symptômes chez plus des deux tiers des patients traités, indique Judes Poirier. Cet effet est spectaculaire et l’industrie pharmaceutique s’intéresse de très près au développement de ces médicaments. »

« Nous avons beaucoup fait progresser nos connaissances sur la biologie de cette maladie et ce n’est qu’en poursuivant sur cette voie que nous pourrons mieux la traiter, voire la guérir », conclut-il.

Affilié à l’Université McGill et à l’Organisation mondiale de la santé, le Centre de recherche de l’Hôpital Douglas est l’un des plus grands centres de recherche du Canada. Son équipe de plus de 60 scientifiques et chercheurs cliniciens et de 180 étudiants post-doctoraux se consacre à l’étude des causes des maladies mentales, quelles soient génétiques, environnementales, culturelles ou sociales, et à la mise au point d’outils diagnostiques, de traitements et de méthodes de prévention.

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Source : Christine Zeindler