Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
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Réponses d'experts
Troubles psychotiques

La schizophrénie peut-elle toucher n’importe qui à n’importe quel âge?

Oui. Certaines périodes ou certains prédicteurs qui sont, en quelque sorte, des indicateurs de risque. Le premier d’entre eux est que les hommes de 14 à 18 ans sont plus susceptibles de devenir schizophrènes que les femmes. Le risque s’accroît légèrement pour les femmes un peu plus tard (c.-à-d., dans la jeune vingtaine). Cependant, un homme ou une femme de 35 ans peut aussi devenir schizophrène, mais le risque est bien plus faible.

Le Programme d'évaluation, d’intervention et de prévention des psychoses (PEPP) de l’Institut Douglas vise à identifier les enfants à risque le plus tôt possible. Concrètement, un représentant du PEPP se rend dans les écoles, les organismes publics ou les églises et tente d’éduquer les enseignants, les parents et les autres adultes. Si le comportement d’un adolescent change, par exemple s’il reste en retrait socialement de manière significative, il conviendrait de le faire évaluer par un psychiatre formé, capable d’identifier la phase prodromique de la schizophrénie.
-Joseph Rochford, Ph.D., École Mini Psy 2009

Oui. Nous avons tous de nombreux gènes qui sont responsables de cette maladie. Une personne peut la développer même si personne dans sa famille ne souffre de schizophrénie ou de psychose.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

S’il y a des antécédents de psychose dans ma famille, que puis-je faire pour l'éviter?

Vivre heureux, vous engager dans la vie, faire ce que vous avez envie de faire. Pour l’heure, il n’existe pas de stratégie spécifique pour prévenir la psychose. Je recommanderais de bien dormir, de ne pas consommer de drogues, de ne pas vous laisser stresser et de prendre la vie du bon côté. Cela est plus facile à dire qu’à faire. Nous n'avons aucune recommandation spécifique pour prévenir la psychose, mais plutôt, des règles générales basées sur la qualité de vie.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Quelle est la probabilité de transmettre la schizophrénie à nos enfants si notre frère a cette maladie?

Si votre frère souffre de la schizophrénie, la probabilité que vos enfants contractent la maladie se situerait entre 2 et 3%. Pour donner un contexte à ce chiffre, je rappelle que la schizophrénie touche 1% de la population générale. Le risque est donc de deux à trois fois supérieur. À l'échelle de l'ensemble de la population, ce n'est donc pas un risque beaucoup plus élevé.

Cela dit, à risque génétique égal, deux personnes peuvent développer ou non la schizophrénie selon qu'elles sont exposées à des stresseurs ou des facteurs protecteurs environnementaux. Malheureusement, on ne connait pas encore avec certitude quels sont les facteurs environnementaux pertinents.
-Ridha Joober, École Mini Psy 2007

Vaut-il mieux confronter le patient à ses délires ou jouer son jeu?

Admettons que vous soyez en voiture avec un patient psychotique, qu’il se mette à parler tout seul, et que lorsque vous lui demandez à qui il parle, il refuse d’abord de vous répondre, puis finisse par vous dire qu’il parlait à un circuit implanté dans son corps. Est-il souhaitable de le confronter ou vaut-il mieux faire comme si de rien n’était? Cela dépend de la phase de sa psychose.

Lorsque les gens vivent avec des symptômes psychotiques très forts et présents, il est difficile de les confronter. On recommande en général de gagner la confiance des patients car, une fois leur confiance gagnée, ils sont plus enclins à parler. S’ils prennent des médicaments et reçoivent de l’aide, il est possible qu’ils souhaitent parler de leurs expériences. Petit à petit, ils prennent conscience de la situation et à mesure que les symptômes disparaissent, la plupart des patients disent : «Comment ai-je pu croire ça? », «Comment cela a-t-il pu m’arriver?».

Selon moi, il faut faire preuve de bienveillance. Je prends toujours les patients très au sérieux. Leurs hallucinations, leurs délires, etc., constituent autant leur réalité que votre réalité est la vôtre. Vous devez vous montrer compatissants, empathiques, prendre le chemin de leur réalité afin de passer de cette situation grave à une situation où il y a moins de souffrance, de dysfonctionnement, où la vie est meilleure. Selon moi, tenter de confronter quelqu’un à ses délires n’est pas une bonne idée parce que vous risquez d’être frustré de ne pas parvenir à le convaincre qu’il se trompe, et cela peut entraîner une situation émotionnelle.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

La compréhension est essentielle. Si une personne traverse un épisode psychotique, il est très important de garder à l'esprit qu'il s'agit simplement d'une situation qui peut survenir dans la vie. Mieux vaut ne pas la contredire et éviter la dispute . La réalité est ce que chacun élabore pour soi. Adoptez une attitude positive pour l'aider; ne la critiquez pas et ne la jugez pas. Si vous le pouvez, consultez un professionnel de la santé mentale et aidez la personne à obtenir de l'aide. Toutes ces attitudes doivent être adoptées pour aider les personnes souffrant de troubles psychotiques et de maladies mentales.

- Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2012

Qu’est-ce qui apparaît en premier chez le schizophrène: les anomalies cérébrales ou les manifestations cliniques?

Un certain nombre d’études longitudinales en imagerie cérébrale ont été menées sur la schizophrénie infantile. Elles ont montré la présence d’anomalies du développement cortical. Ainsi, le cerveau se développant d’arrière en avant, il semble que le développement cortical soit moins avancé chez les enfants atteints de schizophrénie infantile que chez les autres enfants du groupe étudié.

Je ne suis pas sûr qu’il existe une étude portant sur des enfants dont les parents sont atteints de schizophrénie, mais ce dont nous sommes sûrs c'est que cette maladie est un trouble du développement. Ainsi, des anomalies comportementales et probablement neurologiques existent et se manifestent bien avant les manifestations cliniques. Par exemple, on a observé des vidéos de personnes atteintes de schizophrénie pendant leur enfance, et on s’est rendu compte qu’enfants ces personnes présentaient déjà des anomalies en termes de mouvements ou d’aptitudes sociales. Je ne serais donc pas surpris si de futures études montraient que leur cerveau présentait des anomalies de développement.

Mais là encore, il est, selon moi, extrêmement important de comprendre que toutes ces études portent sur un nombre élevé de patients et, que pour obtenir des résultats précis ou pour déterminer exactement les anomalies, nous avons besoin de nombreux sujets. Lorsque l’on parle de schizophrénie, il serait plus juste de parler de schizophrénies avec un "s". Les anomalies cérébrales sont diverses et variées. Il nous reste donc beaucoup à faire pour comprendre ce qui se passe exactement.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Les électrochocs sont-ils encore utilisés et sont-ils efficaces contre la schizophrénie?

On les utilise encore, mais rarement pour des troubles psychotiques. Cependant, la thérapie électrovonvulsive (TEC) a tendance à être plus efficace contre la dépression psychotique. Un cas de dépression grave, aussi appelé mélancolie, pourrait être associé à des symptômes psychotiques. Par conséquent, si une personne est très triste et extrêmement découragée, elle peut avoir l’impression que son corps s’est transformé et qu’elle a tout perdu dans la vie; elle entre donc dans ce mode très négatif. Il a été démontré que la thérapie électroconvulsive est l’un des meilleurs traitements pour ce genre d’épisodes dépressifs graves. Elle a été découverte en 1936 par Seletti, un psychiatre italien, et a depuis été utilisée pour traiter d'autres troubles.

Dans ma pratique, je vois surtout des jeunes affligés de troubles psychotiques et non de dépression psychotique. Je ne peux me souvenir de la dernière fois où j'ai eu recours à la TEC.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Les médicaments antipsychotiques peuvent-ils produire la maladie de Parkinson?

Ces médicaments ne peuvent engendrer la maladie de Parkinson elle-même, mais ils entraînent parfois des symptômes semblables au Parkinson, soit des tremblements ou une certaine rigidité. Cela tient au fait que des médicaments utilisés pour traiter la schizophrénie affectent la même région du cerveau que celle impliquée dans la maladie de Parkinson. Les symptômes peuvent cesser lorsqu'on cesse de prendre ces médicaments.
-Judes Poirier, Ph.D., École Mini Psy 2006

Quels sont les signes de troubles psychotiques chez un jeune adolescent?

Notre travail porte précisément là-dessus. Il y a deux indices très importants à surveiller:

  • un comportement de retrait total
  • un changement drastique des habitudes de sommeil

D'abord, la plupart des gens qui vivent une psychose vont présenter des changements de comportement. Ils seront plus réservés. Ils pourront se montrer plus sombres ou irritables. Quand apparaîtront les symptômes de psychose, ils n'en parleront probablement à personne. Personne n'a envie de dire qu'il ou elle vit des émotions étranges. En ce qui a trait aux comportements, nous conseillons habituellement aux familles d'être attentives aux adolescents qui se replient entièrement sur eux-mêmes. Ces jeunes rompent non seulement avec leurs parents (ce qui fait partie de l'adolescence et n'est pas inhabituel en soi), mais aussi avec leurs camarades. C'est un indice que quelque chose ne va vraiment pas. Ils restent éveillés toute la nuit et dorment toute la journée. Ils deviennent très irritables et perdent facilement patience. Ce sont autant de signes que le jeune a besoin de parler à un professionnel.
-Ashok Malla, M.D. École Mini Psy 2006

La schizophrénie peut-elle être détectée chez les enfants? Dans l’affirmative, en quoi le traitement diffèrerait-il de celui d’un adulte?

Il existe ce que nous appelons la « schizophrénie infantile ». Il est donc possible, dès six ou sept ans, de déceler la schizophrénie chez les enfants. Mais cela est extrêmement rare. Le problème c'est que les enfants rêvent, imaginent, jouent, etc. Il devient par conséquent extrêmement difficile de diagnostiquer la schizophrénie chez les enfants. J’ai vu beaucoup d’enfants venir me voir en disant : «J’ai vu ceci et cela.» Mais sachant ce qu’est la psychose, je m’amuse avec eux et il s’avère, dans la plupart des cas, que ce ne sont pas des symptômes de psychose. J’ai vu beaucoup de jeunes de 15 ans souffrant de schizophrénie psychotique, mais âgés de 12 ans ou moins, pratiquement jamais; il en existe pourtant, mais cela est rare.

Le traitement au Ritalin peut lui-même causer des hallucinations, puisqu'il augmente les niveaux de dopamine. Cela ne veut pas dire que le Ritalin est un mauvais médicament. Mais s'il n'est pas prescrit adéquatement, il peut causer des effets secondaires. Son utilisation doit être contrôlée.

Je n’ai aucune expérience en matière de traitement des troubles psychotiques chez les enfants. Selon ce que j’ai pu lire, je sais qu’ils utilisent exactement les mêmes médicaments que pour les adultes mais probablement à des doses moindres. Je peux dire également que ces formes de schizophrénie infantile sont très graves, et dans la plupart des cas, compromet grandement le fonctionnement et le développement des enfants. Imaginez le développement d’un enfant qui présente des signes de schizophrénie à l’âge de six ans : c’est la période à laquelle nous allons à l’école, où nous développons des aptitudes sociales, etc. C’est à cette période que sont posées les fondations de tout être humain et tout à coup survient quelque chose comme cela; le développement ne peut qu’en être fortement compromis. Mais je reconnais ne pas avoir suffisamment d’expérience pour parler réellement de ce sujet.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Pourquoi certains patients ne "voient" pas qu'ils sont schizophrènes?

"Saisir" sa maladie est extrêmement variable d’un patient à un autre. Certains comprennent très bien qu’ils ont traversé un épisode psychotique, d'autres ne le comprendront jamais et conserveront leurs idées premières. Mais dans la plupart des cas, on observe une sorte de distanciation et les délires finissent par avoir de moins en moins d'emprise sur l’esprit.  Un patient pourra dire: «Oui, je suis la reine d’Angleterre, mais cela n’a plus aucun intérêt». Au début, lorsqu'un patient a des délires, celles-ci pèsent tellement sur leur esprit qu’elles orientent leur comportement.

Mais pourquoi certains patients ne comprennent pas qu'ils subissent des psychoses? Nous tentons de le comprendre à l'aide de l'imagerie cérébrale. Nous savons, par exemple, que certaines affections neurologiques empêchent totalement de savoir qu'on est  malade. Si vous êtes victime d’un AVC au lobe frontal ou pariétal, vous ne vous rendrez pas compte que vous n’êtes plus capable de bouger un membre par exemple: ous regarderez votre main et elle ne bougera pas mais vous ne vous rendrez pas compte que vous êtes paralysé. Ainsi la compréhension des affections et de notre corps a une origine neurologique. Et certains patients souffrent probablement de déficiences plus importantes que d’autres à ce niveau. Nous rencontrons toutes sortes de schizophrénies, certaines où la compréhension est très mauvaise, et d’autres où elle est bien meilleure.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Si les familles amorcent une demande d'aide, pourquoi est-il si difficile de les impliquer dans l'intervention?

Lorsque je donne des conférences, ici ou aux États-Unis, cette question est celle qu'on me pose le plus souvent. Pour y répondre, il faut passer par la notion d'intention. L'intention du clinicien est d'aider le patient à s'améliorer. L'intention de la famille est de demeurer impliquée et de trouver la meilleure aide possible pour ce membre de leur famille. Si ces intentions sont claires, pourquoi devrait-il y avoir des obstacles?

Par contre, il est évident que nous ne voulons pas discuter avec les familles de choses que les patients nous disent  confidentiellement et qui ne sont pas pertinentes au traitement. Mais si un patient admet vouloir se tuer, cela concerne tout le monde. Si un patient déclare qu'il ne veut pas de traitement, un clinicien peut quand même inviter sa famille à des sessions à caractère éducatif. Lorsque survient une crise, il est utile d'avoir déjà établi un rapport avec un clinicien, puisque cela permet d'épargner du temps au moment de l'admission.
-Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

Mon frère a pris beaucoup de poids depuis qu'il prend des antipsychotiques. Que peut-il faire à part bien manger et faire de l'exercice?

De nouveaux médicaments sont apparus sur le marché canadien dans les dernières années et sont neutres au niveau de la prise de poids. Demandez à votre médecin de vous parler du Zeldox et de l'Abilify.
- Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

Quelles sont les conséquences du cannabis ou de l'alcool chez un jeune schizophrène qui, par ailleurs, réagit bien au traitement?

Je crois qu'une consommation modérée d'alcool ne constitue pas un grave problème. Il faut penser au contexte. Si une personne va bien et qu'elle veut avoir une vie sociale, nous ne pouvons pas lui dire : « Comporte-toi normalement, mais fuis tes amis quand ils boivent. » La modération est le maître mot dans ces circonstances.

Le cas du cannabis est légèrement différent. Nous ne conseillerions jamais à quelqu'un de fumer du cannabis s'il a éprouvé un trouble psychotique. Cependant, les jeunes continuent à le faire. Nous les encourageons à faire suffisamment confiance à leur clinicien pour l'en aviser lorsqu'ils ont des activités de ce genre. Nous avons vu des patients réduire de beaucoup leur consommation de psychotropes et s'en tirer relativement bien. Mais on constate des problèmes chez ceux qui continuent à en faire une grande consommation. On note aussi des différences entre le cannabis et l'alcool pour ce qui est de leur relation aux psychoses. Quant au speed, à l'ecstasy, au LSD et à la cocaïne, ces substances sont absolument à proscrire!
-Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

J'ai lu que les patients schizophrènes présentaient des niveaux élevés de dopamine. Est-ce une cause ou une conséquence de la maladie?

Je crois que la schizophrénie est beaucoup plus complexe qu'un simple excès de dopamine. Il s'agit d'un trouble du développement du cerveau. Les symptômes les plus durables et les plus pénibles de la schizophrénie sont :

  • une absence de motivation
  • pas de planification de l'avenir
  • une résistance à sortir avec des amis et à tisser les liens sociaux

Quant à la dopamine, elle est surtout associée aux symptômes psychotiques: les délires et hallucinations. Abaisser le niveau de dopamine dans le cerveau permet de traiter ces hallucinations et ces délires.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2006

Pourriez-vous définir la schizophrénie résiduelle. Comment la traite-t-on?

On parle de schizophrénie résiduelle quand un traitement a permis d'améliorer le trouble, mais que la personne vit encore avec de légers symptômes. Il s'agit la plupart du temps de symptômes négatifs, comme un manque de motivation ou de planification pour l'avenir. Ces symptômes résiduels peuvent être traités par l'intervention psychosociale et en aidant le patient à reprendre ses activités normales.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2006

Comment savez-vous si les médicaments fonctionnent ou pas?

Selon moi, les critères les plus importants sont les suivants : la personne semble-t-elle un peu plus heureuse? Souffre-t-elle un peu moins? Les symptômes ne fournissent pas de diagnostic. Ce qui permet de l’établir, en revanche, c'est le degré de douleur, de souffrance et d’affaiblissement des fonctions. Mes principaux critères de rémission sont donc les suivants : Êtes-vous plus heureux? Sortez-vous davantage? Voyez-vous vos amis plus souvent? Retournez-vous à l’école? Réalisez-vous vos rêves?

Je vois parfois des patients qui prennent des médicaments, qui continuent à avoir des hallucinations et quelques idées délirantes, mais qui fonctionnent beaucoup mieux, qui retournent à l’école, au travail, etc. C'est très important. Nous savons qu’il y a une corrélation entre un meilleur fonctionnement et un nombre moins important de symptômes. Nous observons donc également ces derniers. Nous sommes très satisfaits lorsque les hallucinations ou les délires se font plus rares et que les gens reviennent à ce que nous appelons la «réalité normale».
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Quelles sont les nouvelles formes de psychothérapie offertes aux patients psychotiques?

C’est une forme de thérapie que l’on appelle thérapie cognitivo-comportementale ou TCC. L’un des aspects concernant la forme la plus récente de psychothérapie a été littéralement élaboré en se fondant sur la théorie de l’apprentissage. Nous avons pris les principes de la théorie de l’apprentissage et nous sommes posés les questions suivantes : Comment pouvons-nous utiliser nos connaissances sur les méthodes d’apprentissage et comment cet apprentissage influence-t-il le comportement ? Nous avons ensuite replacé le tout dans un contexte psychothérapeutique.

En TCC, dans les cas de psychose, nous essayons d’amener les patients à identifier les déclencheurs de leurs hallucinations ou de leurs délires, et leur apprenons ensuite différentes façons de les gérer. Identifier les déclencheurs constitue un avantage majeur.

Nous utilisons également la psychoéducation, qui consiste à informer le patient et sa famille des tenants et aboutissants de la maladie. Cela fait des merveilles pour toute la famille. Par exemple, si vous dites à des parents que la raison pour laquelle leur enfant est enfermé dans sa chambre et refuse d’en sortir est qu’il traverse une sorte de délire, ils seront moins enclins à le critiquer et plus susceptibles d’essayer d’aller lui parler pour le soutenir.
-Joseph Rochford, Ph.D., École Mini Psy 2009
 

Les personnes souffrant de schizophrénie peuvent-elles cesser de prendre des médicaments si elles se sentent mieux?

Lorsque les gens se sentent mieux, la première chose à laquelle ils pensent c'est : «Je vais arrêter de prendre mes médicaments. Ne me dites pas que ce sont ces petites pilules qui m’aident à me sentir bien parce que, dans le fond, je sais qui je suis, je suis pleinement conscient de ma réalité et ce qui m’est arrivé est bizarre mais c’est du passé.» Malheureusement, lorsqu’ils cessent de prendre leurs médicaments, les délires resurgissent pour les mêmes raisons qu’elles étaient apparues au départ.

Toutefois, dans 10% environ des cas, nous traitons le patient pendant six mois ou un an, et les symptômes ne réapparaissent pas. Nous supprimons les médicaments progressivement et observons ce que nous appelons «les signes avant-coureurs» : diminution du sommeil, anxiété accrue, etc.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Quel effet peuvent avoir les vidéoclips et les films violents sur quelqu'un qui est psychotique?

Nous ne pouvons empêcher nos jeunes d'être bombardés par toutes sortes d'images. C'est quelque chose que nous devons accepter. Je crois que nous pouvons sensibiliser le système scolaire et pédagogique. Je sais que certaines administrations ont fait de l'excellent travail en intégrant à leurs programmes scolaires des cours d'éducation à la santé mentale. Cela ne répond pas directement à votre question, mais je ne crois pas que nous pouvons ou que nous pourrons jamais contrôler les messages télédiffusés.
-Ashok Malla, M.D., École Mini Psy 2006

Y a-t-il de l'espoir pour les gens atteints de schizophénie qui ont passé la trentaine?

Il y a de l'espoir pour tout le monde. Si une personne est malade depuis longtemps et qu'elle n'est pas satisfaite de sa situation présente, elle ne devrait pas hésiter à demander une nouvelle évaluation. De nouveaux traitements apparaissent régulièrement. Les derniers dix ans ont vu apparaître de nouveaux médicaments beaucoup plus efficaces, notamment la clozapine. On note également des variations dans les réactions des gens à la médication. Quelqu'un réagira bien à un médicament mais pas à un autre; nous ne savons vraiment pas pourquoi. Il peut arriver que quelqu'un ne progresse pas bien, non parce que le patient n'est pas traité mais parce qu'il est sur-traité. N'hésitez pas à consulter un autre spécialiste du domaine si les choses ne vont pas bien pour vous.

Est-ce qu'une personne qui souffre de psychose pourra un jour retrouver la santé?

Oui. En fait, la plupart des médicaments antipsychotiques dont nous disposons permettent au patient soit de ne pas avoir de délires ou d’hallucinations, ou au moins de les ignorer. En termes de traitement, ils ne se débarrassent pas nécessairement de la maladie, mais permettent aux gens d’y faire face de façon plus rassurante pour eux.

Pourquoi ne peut-on pas soigner contre son gré une personne qui souffre de schizophrénie, si c'est pour son bien?

Comme la plupart d'entre vous le savez, nos diverses lois sur la santé mentale (elles diffèrent d'une province à l'autre mais se ressemblent beaucoup) ne sont pas basées sur des arguments médicaux. D'abord, elles privilégient la liberté personnelle. Ensuite, elles évaluent pour chaque patient la possibilité de causer du tort à autrui ou à lui-même. À moins de démontrer l'existence de telles conditions, nous ne pouvons forcer quelqu'un à prendre des médicaments. Nous croyons parfois avoir suffisamment d'indications pour prouver que l'état d'une personne va se détériorer, mais cette preuve peut échouer à convaincre le juge. Il ne s'agit pas d'une décision d'ordre purement médical.

Qu'est-ce que la thorazine?

La thorazine est la molécule à la base de tous les médicaments antipsychotiques qui aident des millions de personnes à mieux vivre malgré de graves troubles mentaux comme la schizophrénie.
La thorazine est la marque commerciale du médicament connu sous le nom Chlorpromazine, une découverte faite par P. Deniker, H. Laborit et J. Delay pour laquelle ils on reçu le prix Laskar de médicine, le prix le plus prestigieux en sciences médicales.

Faut-il combiner la médication à d'autres traitements pour bien soigner la schizophrénie?

Des études récentes semblent indiquer que, sans constituer des traitements en tant que tels, certaines approches – comme le fait de combiner des oméga 3 et de la vitamine E – peuvent constituer une « protection supplémentaire ».

On mène présentement une étude en Israël où des patients prennent diverses combinaisons d'oméga 3 et de vitamine E, en plus de leurs médicaments réguliers. Cette recherche permettra peut-être de réduire la médication nécessaire, tout en protégeant mieux le cerveau. On jugera selon les résultats. Pour ce qui est de la nutrition, notre programme enseigne aux jeunes la façon de préparer leurs aliments et de faire de bons choix alimentaires. Quant à l'exercice, c'est un facteur crucial, vu l'importance du problème de l'obésité. Et tout le monde sait qu'une bonne façon de se sentir mieux est de faire de l'exercice! C'est ce que nous enseignons à nos patients.

Si l'on détecte un gène responsable de la schizophrénie, comment ferons-nous pour empêcher ce gène de s'exprimer?

À mon avis, il n'existe pas de gène spécifique qui soit responsable de la schizophrénie. Une foule de gènes jouent un rôle dans cette dynamique. Nous ne connaissons pas encore le nombre de gènes en cause. Même si l'on ne peut jurer de rien, je ne crois pas que l'on puisse prévenir la schizophrénie par une démarche d'ordre génétique. Par contre, en comprenant les bases génétiques de la schizophrénie, nous apprenons des choses sur le développement de cette maladie et sur de meilleurs modes d'intervention dans son processus.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2006

Mon fils a reçu un diagnostic de schizophrénie, et ma fille, qui est enceinte, s’inquiète pour la santé mentale de son bébé. Y a-t-il des signes ou des symptômes que nous devons surveiller?

Je ne crois pas qu’il y ait de signes ou symptômes qui pourraient être considérés comme précurseurs de la schizophrénie. Premièrement, un parent du deuxième degré présente un risque de 3 % de développer la schizophrénie. Comparativement au risque observé dans la population générale, soit 1 %, ce risque n'est pas particulièrement plus significatif. Deuxièmement, il n’y a pas vraiment de signes qui peuvent nous dire avec précision si le sujet développera un trouble mental, ce qui signifie qu’il est impossible de prédire si la maladie apparaîtra. Il est plus nuisible de se faire du souci outre mesure.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2010

Une personne vivant en dehors de Montréal peut-elle utiliser les services de PEPP-Montréal?

Nous limitons l'utilisation des services à Montréal parce que la philosophie du programme est de pouvoir voir les patients de la collectivité et les faire participer dès que possible. Par exemple, si des personnes ne souhaitent pas venir à l'hôpital parce qu'elles se sentent stigmatisées, le gestionnaire de cas peut les rencontrer dans un café de la ville pour travailler. Nous travaillons aussi étroitement avec les familles. Et les gestionnaires de cas se rendent au domicile des familles si les patients ne souhaitent pas venir à l'hôpital. Dans ce cas, il devient extrêmement compliqué de sortir de Montréal. Ces types de programmes d'intervention précoce doivent être mis sur pied dans toutes les régions du Québec afin que tout le monde puisse en profiter. Il convient d'encourager toute personne n'habitant pas sur l'île à demander de l'aide le plus tôt possible à son médecin de famille ou à un CLSC. D'autres services existent même si le programme PEPP n'est pas offert dans certaines régions.
-Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Quels signes indiquent qu'une personne qui a traversé une dépression majeure pendant plusieurs années développe une psychose?

En cas de dépression grave, on peut également voir apparaître des symptômes psychotiques. Dans des cas de dépression extrêmement grave, certaines personnes peuvent présenter des symptômes psychotiques qui sont généralement cohérents avec leur humeur et peuvent inclure des délires de nihilisme, de pauvreté, d'avoir tout perdu, d'avoir parfois perdu son corps, etc. Ces symptômes peuvent être vraiment aigus dans les cas de dépression grave.
- Ridha Joober, M.D., PhD, Mini-Psych School 2012

Quelles sont les affections qui peuvent empêcher une personne souffrant d'un trouble psychotique de se rétablir ou de fonctionner quotidiennement?

Certaines formes de schizophrénie ou de psychose sont très aiguës et nécessitent beaucoup plus d'intervention et d'aide. Près de 20 % des patients présenteront une forme aiguë de la maladie. Le Clozapine peut aider une bonne partie des patients, mais le trouble demeurera grave pour une faible fraction d'entre eux. Cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas heureux; un suivi dans la communauté et de la compassion peuvent les aider. Au moins, s'ils ne souffrent pas, c'est positif. Mais au début de la maladie, les personnes touchées et leur famille souffrent énormément. Pourquoi? Parce que les délires sont comme une douleur intense qui fait souffrir ceux qui en sont victimes. Les personnes atteintes de formes chroniques de schizophrénie ne subissent pas le même niveau de souffrance. Ainsi, même si elles souffrent tout de même de délires ou d'hallucinations, elles sont heureuses. Cela nous ramène donc aux valeurs de la société et à la manière dont cette dernière peut aider ces personnes à mener une vie heureuse, libre de préjugés.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Est-il juste de dire que la schizophrénie se caractérise toujours par une psychose?

Pas nécessairement. Certains patients schizophrènes ne présentent pas de symptômes psychotiques, mais plutôt des symptômes négatifs. On parle de symptômes négatifs lorsque, par exemple, les personnes cessent de voir leurs amis, ne sortent plus ou ne socialisent plus, et expriment très peu d'émotions. Elles n'ont pas d'hallucinations ou de délires dans le sens classique du terme, mais elles peuvent ne pas réussir à avancer dans leur vie et perdre leur capacité à envisager d'autres possibilités. Par conséquent, même en l'absence de symptômes psychotiques, une personne peut tout de même souffrir d'un trouble très grave.

Il convient de souligner que l'étiquette « schizophrénie » doit être effacée, étant donné qu'elle est lourde de stigmates. Même l'idée de schizophrénie, c'est-à-dire d'un « esprit dissocié », n'est pas une façon positive d'évoquer cette maladie, qui est en réalité, une immense constellation regroupant plusieurs troubles. Il vaut mieux que les gens définissent le trouble dont ils souffrent en s'appuyant sur leur propre expérience.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Quels sont les dangers de niveaux élevés de prolactine dans le sérum sanguin?

La prolactine est une hormone qui favorise la lactation chez les humains. Elle est étroitement contrôlée par la dopamine. Lorsque la dopamine est active, elle inhibe la sécrétion de prolactine. Des antipsychotiques peuvent bloquer la dopamine, ce qui fait qu'il n'y a plus suffisamment de dopamine pour bloquer la prolactine. Certains patients auront des niveaux accrus de prolactine, mais cela n'entraînera pas nécessairement de symptômes, tels que la production de lait (même si cela peut arriver). Le niveau de prolactine lui-même n'est pas une affection ou un trouble. Toutefois, si vous présentez des symptômes tels que la lactation, vous devez faire quelque chose. Il existe des médicaments qui favorisent moins la sécrétion de prolactine, et d'autres qui ne l'augmentent pas du tout. Il existe même un neuroleptique, appelé Aripiprazole, capable, au moins partiellement, de réduire les niveaux de prolactine. Il existe donc différentes stratégies pour résoudre ce problème. Cependant, si vous avez un taux de prolactine élevé sans autres symptômes, il faut vous en soucier.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012
 

Pourquoi certains toxicomanes deviennent-ils psychotiques ?

C’est une question intéressante parce que nous savons que certaines drogues ont la particularité d’accroître le niveau de dopamine dans certaines régions du cerveau. Par exemple, la cocaïne, les amphétamines, la méthylphénidate, le cannabis et l’alcool accroissent tous le niveau de dopamine dans le système mésolimbique et rendent, par conséquent, les gens plus enclins aux épisodes psychotiques. Si vous ne présentez aucune vulnérabilité, vous pouvez abusez du cannabis ou de la cocaïne sans connaître d’épisodes psychotiques. Toutefois, certaines personnes sont extrêmement fragiles et traverseront des épisodes psychotiques avec de petites doses de cocaïne ou de cannabis. C’est parce que ces drogues accroissent le niveau de dopamine. Une augmentation, même faible, de la quantité de dopamine peut présenter un danger pour eux.  C'est la même chose si vous souffrez de diabète: votre niveau d’insuline est déjà si élevé que si vous consommez un peu plus de pâtes, il devient incontrôlable. C’est exactement la même chose. Ces drogues sont de très puissants agonistes (activateurs) qui accroîtront le risque de connaître des épisodes psychotiques.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

Existe-t-il des schémas communs dans les cas de délire, tels que des idées de conspiration? Si oui, pourquoi?

Dans les cas de paranoïa, il peut exister une certaine prédisposition à réagir de manière défensive ou paranoïaque à des situations stressantes. En règle générale, lorsque des personnes se trouvent dans un milieu familier, elles ne réagissent pas de cette façon. Cependant, elles peuvent devenir méfiantes dans un environnement complètement étranger (p. ex ., voyage en Afrique). La nouvelle situation peut les pousser à se méfier soudainement des différences, ce qui constitue une sorte de réaction de défense programmée. L'une de ces réactions est la paranoïa; d'autres sont les manies, le retrait et la dépression. Face au stress, il existe différents schémas de réactions comportementales programmées importantes. Le fait que la paranoïa soit l'une d'elles explique probablement pourquoi on la retrouve fréquemment en cas de troubles psychotiques.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Pourquoi les délires sont-ils toujours dépeints comme négatifs et jamais amusants?

Il est vrai que certaines personnes peuvent apprécier leur délire. Par exemple, au lieu de ressentir une paranoïa, certaines personnes dont le délire est d'être observé en permanence, peuvent se sentir importantes, ce qui peut les rendre heureuses. Ces expériences donnent à un certain nombre de gens le sentiment de servir à quelque chose.

Il est très important de demander aux personnes qui souffrent de délires comment elles ressentent leur expérience, si c’est positif ou négatif pour elles. Il est important de souligner que ce ne sont pas les délires eux-mêmes qui sont nuisibles, mais plutôt leur incidence sur la vie personnelle. Par exemple, si une personne souffre de délires, mais qu'elle est en mesure de travailler et qu'elle est heureuse, son état n'est pas si problématique. Cependant, dans la plupart des cas, les délires empêchent les malades de vivre normalement et engendrent souffrances pour eux et leur entourage, ce qui, bien entendu, devient problématique.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Si un événement traumatique n'est pas traité, entraînera-t-il finalement une psychose et une maladie mentale?

Cette question fait couler beaucoup d'encre. Certaines recherches montrent que les personnes qui développent une psychose ont plus souvent été victimes d'événements traumatiques que les autres. En règle générale, un traumatisme psychologique, surtout s'il est chronique, peut conduire à une psychose. Par exemple, si des personnes ne sont pas valorisées, aimées ou chéries, mais plutôt critiquées et rabaissées en permanence, surtout pendant l'enfance, cela pourrait rejaillir sur leur développement et accroître le risque de psychose. Les recherches sur le sujet ne sont pas très nombreuses, mais cela est possible. Certaines études indiquent désormais que des événements traumatiques pourraient en fait accroître le risque de troubles psychotiques, surtout en cas de traumatismes sexuels et physiques.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

L'autisme psychotique est-il génétique?

L'autisme est considéré comme une maladie hautement génétique, peut-être même davantage que certains troubles psychotiques. On estime que le risque d'autisme est déterminé génétiquement dans 90 à 95 % des cas. Ce domaine est relativement complexe, mais grâce à de nouvelles études, nous devrions, d’ici les 10 à 20 prochaines années, mieux comprendre la génétique de l'autisme.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Même si la schizophrénie est souvent considérée comme un groupe de maladies, les recherches suggèrent que nous devrions en distinguer les symptômes positifs et négatifs. Est-ce une bonne idée?

Le modèle médical consiste à regrouper des patients parce qu'ils partagent des traits communs d'une maladie ou un risque élevé face à celle-ci. Cela fonctionne dans les cas de diabète : taux de glycémie élevé, risque de problèmes rénaux, problèmes rétiniens, etc. Mais en psychiatrie, et plus particulièrement pour les troubles psychotiques, nous rencontrons très peu de cas qui partagent des facteurs identiques provoquant une même maladie. Bien que d'autres experts ne partagent pas cet avis, il n'y a pas, selon moi, de strates dans cette maladie. Je suis d'avis que chacun subit une maladie ou un trouble qui lui est propre.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012
 

L'expression créative peut-elle être utile au rétablissement?

Absolument. Au Douglas, nous offrons de nombreuses activités créatives. PEPP-Montréal comprend un groupe créatif auquel nous invitons les gens à se joindre et à participer. L'un de nos participants est une femme qui a des antécédents de psychose. Elle prépare actuellement une maîtrise en art-thérapie. Elle a récemment présenté toute son expérience dans un théâtre de Montréal, et s'est également beaucoup impliquée dans cette activité avec des patients. Il s'agit d'une excellente méthode de thérapie qui peut aider les malades qui apprécient les arts.
- Ridha Joober, M.D., PhD, École Mini Psy 2012

Quels sont les meilleurs moyens d’aider une personne atteinte de schizophrénie à contrôler ses symptômes?

Selon moi, les médicaments sont très efficaces pour aider les gens à contrôler leurs symptômes. Dans 80 % des cas, s’ils prennent leurs médicaments, les symptômes disparaîtront complètement ou disparaîtront à près de 90 %. Parfois, quelques symptômes persistent comme des hallucinations ou des délires. La thérapie cognitivo-comportementale est alors utilisée parce qu’elle est efficace pour aider les gens à contrôler ces symptômes particuliers. Ce qui importe également, c'est d'aider les patients à se défaire de leurs idées délirantes et de comprendre qu'elles font partie d'une expérience psychotique et non de la réalité.
-Ridha Joober, M.D., Ph.D., École Mini Psy 2009

La schizophrénie se développe-t-elle ou est-elle présente à la naissance?

Nous ne pouvons pas répondre à cette question avec certitude. Une proportion de 0,5 % à 1 % de la population souffre de schizophrénie. Cependant, si l’un des parents est atteint de cette maladie, les possibilités d’avoir un enfant qui en souffrira sont d’environ 10 %. Cela signifie que 9 enfants sur 10 n’hériteront pas de la maladie, mais ils présenteront une certaine vulnérabilité.

Ce qu’il y a d’intéressant, dans le cas des jumeaux identiques, c’est que si l’un d’eux souffre de la maladie, les probabilités que l’autre jumeau en souffre aussi sont de l’ordre de 40 % à 70 %. Cela nous dit qu’il ne s’agit pas uniquement des gènes; cela dépend aussi de la façon dont les gènes s’expriment. C’est ce qu’on appelle le modèle de « diathèse » : les gens présentent un certain degré de vulnérabilité génétique, mais cette prédisposition peut être déclenchée par quelque chose d’autre. Chez certaines personnes, cela peut être déclenché par quelque chose comme l’abus de drogues, alors que chez d’autres, la maladie peut se développer en l’absence de tout déclencheur. Mais il faut souvent la combinaison des deux éléments pour que la maladie fasse vraiment son apparition : l’environnement et les gènes.
-Janina Komaroff, assistante de recherche, Institut Douglas, École Mini Psy 2012

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