Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, aussi connu sous l’acronyme anglais DSM-IV, reconnaît deux syndromes officiels pour les troubles de l’alimentation : l’anorexie nerveuse (AN) et la boulimie nerveuse (BN). Un troisième syndrome, l’hyperphagie boulimique (HB), sera fort probablement inclus dans la prochaine édition du manuel, le DSM-V, dont la sortie est prévue pour 2013.

Que sont les troubles de l'alimentation ?

L’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie boulimique sont des syndromes qui présentent de multiples symptômes caractérisés par des attitudes et des comportements mésadaptés face à la nourriture, le poids et l’image corporelle. Ils impliquent aussi des perturbations au niveau de l’image de soi, de l’humeur, du contrôle des impulsions et des relations interpersonnels.

Les troubles de l'alimentation coexistent souvent avec d'autres problèmes potentiellement graves comme la dépression, l’anxiété, l’abus d'alcool ou de drogue. Ils vont bien au-delà de la simple «diète hors de contrôle» et doivent être traités pour éviter des conséquences sérieuses aux niveaux physique, psychologique et social.

Certaines personnes peuvent montrer des signes de plus d'un trouble de l'alimentation à la fois.

L'anorexie nerveuse

L’anorexie nerveuse est caractérisée par la poursuite acharnée de la minceur et une peur maladive des conséquences de s’alimenter, comme prendre du poids ou devenir obèse. Le résultat est une restriction alimentaire obstinée et parfois dangereuse.

La personne qui souffre d’anorexie nerveuse s’impose une perte de poids graduelle pouvant parfois mener à l’émaciation (maigreur extrême). Au cœur des comportements anorexiques, il y a une véritable phobie de prendre du poids, tellement intense qu’elle pousse la personne à éviter les situations ou les comportements qui pourraient amener une prise de poids: manger des aliments inconnus, manger sans faire d’exercice physique, etc. Par conséquent, la personne perd progressivement du poids.

La boulimie nerveuse

La boulimie nerveuse est caractérisée par la consommation excessive et parfois gargantuesque de nourriture, accompagné d’un sentiment terrifiant de perte de contrôle. La personne qui souffre de boulimie compense ses excès en se faisant vomir, en utilisant des laxatifs, en faisant de l’exercice physique intense, en jeûnant ou par d’autres moyens.

Le fait de s’empiffrer peut provoquer un profond sentiment de honte, de l’anxiété ou de la dépression. Il peut aussi affecter l’estime de soi, le bien-être et la maîtrise de soi autour de la nourriture.

Contrairement aux anorexiques, les boulimiques ont un poids normal ou font de l’embonpoint. Mais comme les anorexiques, elles sont préoccupées par le poids et la forme de leur corps et ne peuvent s’empêcher de faire des régimes.

L'hyperphagie boulimique

L’hyperphagie boulimique est caractérisée par des épisodes d’orgie alimentaire. Mais contrairement à la boulimie, elle n’est pas accompagnée de geste compensatoire comme se faire vomir, faire de l’exercice ou jeûner. Pour cette raison, les gens qui en souffrent sont souvent obèses.

Les comportements associés à l’hyperphagie boulimique sont :

  • manger plus vite que normal
  • manger même quand l’estomac est plein
  • manger même quand on n’a plus faim
  • manger seul pour cacher aux autres la quantité de nourriture absorbée
  • sentir de la détresse (remords, dégoût ou dépression) après avoir mangé

Critères diagnostiques des troubles de l'alimentation

Ces critères sont tirés du DSM-IV :

Anorexie nerveuse

  • Refus de maintenir un poids santé pour sa taille et son âge. Les personnes vont soit descendre à un poids inférieur à 85% de leur poids santé ou refuseront de prendre du poids pendant leur croissance ce qui équivant à un poids corporel inférieur à 85% du poids idéal
  • Peur intense de prendre du poids ou de faire de l’embonpoint, même si la personne a un poids insuffisant
  • Perception perturbée du poids et de la forme de son corps; importance disproportionnée donnée au corps dans sa perception de soi; déni du danger associé à la maigreur du corps
  • Chez les femmes fertiles, absence des règles pendant au moins trois cycles consécutifs

Boulimie nerveuse

  • Épisodes d’orgie alimentaires récurrentes, caractérisés par :
    • Manger une quantité de nourriture beaucoup plus grande que ce que la plupart des gens mangeraient dans les mêmes circonstances pendant une même période de temps
    • Un sentiment de perte de contrôle pendant cet épisode, une impression que la personne ne peut s’arrêter de manger ou ne peut contrôler ce qu’elle mange ni la quantité
  • Comportements compensatoires récurrents pour éviter de prendre du poids : se faire vomir, consommer des laxatifs, des diurétiques, des lavements ou d’autres médicaments, jeûner ou faire de l’exercice
  • Les orgies alimentaires et les gestes compensatoires ont lieu en moyenne deux fois par semaine minimum pendant trois mois
  • L’image de soi dépend de façon disproportionnée du poids et de la forme du corps

Hyperphagie boulimique

  • N’exerce aucun contrôle sur sa consommation de nourriture
  • Se sent en perte de contrôle pendant l’orgie alimentaire
  • Mange une quantité disproportionnée de nourriture en une seule fois, beaucoup plus grande que celle que mangerait normalement quelqu’un
  • Mange beaucoup plus vite pendant un épisode d’orgie alimentaire que pendant un repas normal
  • Mange jusqu’à ressentir de l’inconfort physique et des nausées à cause de la quantité de nourriture consommée
  • Mange lorsque déprimé ou las
  • Mange une grande quantité de nourriture même sans avoir faim
  • Mange souvent seul pendant les repas normaux à cause de l’embarras associé à la nourriture
  • Vit des sentiments de dégoût, de culpabilité et de déprime après une orgie alimentaire

 

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Estime de soi et image corporelle (2013) Gène, environnement et sexe (2011)
Estime de soi et image corporelle. Un cours de Mimi Israël en 2013 (en anglais)
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Gènes, environnements et genre pour comprendre les troubles de l'alimentation. Un cours de Howard Steiger en 2011
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